Le stockage très important qui avait marqué les derniers mois de la haute conjoncture a été résorbé. La demande est restée à un niveau assez élevé pour justifier encore, au début de 1971, des augmentations de prix.

Par rapport aux besoins exprimés, l'excédent des capacités disponibles n'a cessé de s'accroître, et les sidérurgistes ont ralenti leur production. Celle-ci est passée de 22,5 millions de tonnes en 1969 à 23,8 en 1970 ; elle devrait s'établir en 1971 aux alentours de 23,5 à 24 millions. La consommation apparente, pour sa part (c'est-à-dire compte non tenu du mouvement des stocks), resterait, pour chacune de ces trois années, un peu en dessous de 23 millions de tonnes.

Mais 1971 est aussi l'année de démarrage du VIe Plan, l'année de définition des programmes et prévisions pour 1975. Cet exercice s'inscrit, pour la sidérurgie, dans le cadre des objectifs généraux de la CECA pour 1975, et dans celui du bilan du Plan professionnel venu à son terme.

Prévisions pour 1975

Sur le plan communautaire, il est prévu par les Six, pour 1975, une consommation intérieure de 117,1 à 127,9 millions de tonnes, un solde net des échanges extérieurs de 20 millions de tonnes, et donc une production de l'ordre de 140 à 150 millions de tonnes, correspondant à une capacité installée de 163 millions de tonnes d'acier brut.

La progression de capacité, qui est de 27 % en moyenne par rapport à 1970, serait presque nulle au Luxembourg (8 %), faible en Allemagne (14 %) — du fait de l'excédent actuel de capacité qui est élevé —, moyenne en Belgique (31 %) et en France (33 %), très élevée en Italie (45 %) et aux Pays-Bas (65 %).

Pour les consommateurs, par contre, sur la base des prévisions les plus optimistes, les écarts par rapport à la moyenne communautaire (34 %) sont moindres en Allemagne (127), presque nuls en France (133) et en Belgique (135), et peu importants en Italie (147), voire aux Pays-Bas (150).

Sur ces bases, le VIe Plan français apparaît raisonnable.

Un plan raisonnable

Il table sur une consommation intérieure de 29,5 millions de tonnes d'acier brut (soit + 5 % par an) et sur un solde positif des échanges de 1,6 million de tonnes. La production correspondante ressort à 32,3 millions de tonnes, en 1975, alors que les prévisions d'investissements des entreprises font apparaître une capacité de 35,6 millions de tonnes pour ce terme, c'est-à-dire un équilibre strict.

L'effort d'investissement correspondant se situe à 16,5 milliards de francs (dont 5 pour Fos et 4 pour Dunkerque). Or, il ne semble pas possible de recueillir, au cours du VIe Plan, un montant de ressources supérieur à 13,5 milliards, compte tenu des autres sollicitations dont l'épargne est l'objet.

Pour la sidérurgie, le VIe Plan, s'il est modéré par rapport aux estimations européennes et nationales sur les besoins, est, au contraire, ambitieux par rapport aux possibilités financières de l'économie française.

Le pari de la croissance

Il faut donc parier sur la croissance. Et le bilan du Plan professionnel acier 1967-1971 montre qu'un tel pari n'est ni absurde ni irréaliste. Pour la période 1966-1970, il comportait 7 milliards d'investissements ; à la fin 1971 (donc avec un décalage d'un an), il aura été réalisé à son compte un total de 7,5 milliards. La haute conjoncture sidérurgique des années 1969 et 1970 aura fourni un supplément de ressources de 2 milliards qui aura permis d'alléger la contribution du FDES, les appels aux fonds propres et les charges financières à long et moyen terme, tout en améliorant les trésoreries et les fonds de roulement, c'est-à-dire en assainissant la situation des entreprises en vue de l'effort des années 1970 à 1975.

Est-il possible qu'il en soit ainsi dans les prochaines années ? La réponse ne dépend pas seulement de l'économie française ; l'expansion doit être mondiale pour être efficace. Mais les conditions sont aujourd'hui telles que les entreprises sidérurgiques françaises sauront profiter, si elle se produit, d'une haute conjoncture générale.

Mécanique

Un plan d'expansion à long terme

Pour les industries mécaniques et transformatrices des métaux, 1971 restera l'année du lancement d'un « plan d'expansion à long terme » aux objectifs ambitieux. S'ils sont atteints — en 1980 —, cette branche aura alors une taille comparable à celle de ses concurrentes allemande et britannique.