Ce programme à long terme, présenté en mars 1971 par la Fédération patronale, prévoit un taux de croissance de 9 % d'ici à 1980. Ce taux correspond à un doublement de la production en six ou sept ans. Pour réaliser une pareille performance, les entreprises de la mécanique devraient augmenter leurs ventes à l'étranger d'environ 11 % par an ; les importations ne devraient progresser que d'environ 8 %. À ce prix, la balance commerciale de la branche serait (enfin !) équilibrée au début des années 1980. Près de 20 000 emplois nouveaux seraient créés chaque année.

Un tel effort suppose un doublement des investissements d'ici à 1975 : ils passeraient de 2 400 millions de francs en 1970 à 4 300 millions de francs dans cinq ans. Un comité de politique industrielle a arrêté, le 8 janvier 1971, un certain nombre de mesures gouvernementales pour favoriser ces investissements : la mécanique bénéficiera, de façon privilégiée, de crédits accrus du Fonds de développement économique et social (FDES), du Crédit national, de la Caisse nationale des marchés de l'État, etc.

690 000 travailleurs
50 milliards de francs de chiffre d'affaires

Les industries mécaniques et transformatrices des métaux regroupent un nombre important d'industries qui, usinant par des techniques diverses différents matériaux — principalement l'acier, mais aussi les métaux non ferreux, le verre (optique) et les matières plastiques —, réalisent des fabrications allant des produits d'usage courant les plus simples (casseroles) aux machines et aux mécanismes les plus délicats, les plus complexes ou les plus lourds (turbo-alternateurs).

Elles constituent le secteur le plus important des industries de transformation, puisqu'elles fournissent 28 % de la production réelle de ce groupe, contre 75 % pour le textile, 12 % pour la construction électrique et électronique, 11 % pour l'automobile et le cycle.

Elles emploient environ 11 % de la population active industrielle (sans le bâtiment).

En 1970, les industries mécaniques et transformatrices des métaux ont employé 690 000 personnes dans environ 8 000 sociétés ; elles leur ont versé près de 13 milliards d'appointements et salaires ; elles ont réalisé 49,95 milliards de francs de chiffre d'affaires hors taxe (dont 31 % proviennent des ventes à l'exportation).

Un secteur favorisé

Des mesures particulières sont prévues en faveur de l'industrie de la machine-outil (25 000 personnes). Celle-ci fournit aux firmes industrielles l'essentiel de leurs moyens de production ; elle a donc une influence directe sur l'accroissement de leur productivité. Elle devrait alors bénéficier au premier chef des dépenses d'investissements des entreprises de la mécanique, à la condition, toutefois, qu'elle puisse répondre à la demande nationale dans sa quasi-totalité, ce qui n'est pas le cas actuellement. En 1970, en effet, 40 % des besoins nationaux de machines-outils ont été couverts par des importations.

D'autre part, deux importants rapprochements d'entreprises de la mécanique ont eu lieu au cours des derniers mois. Le 14 janvier 1971, la Compagnie électro-mécanique (CEM), du groupe suisse Brown-Boveri, a cédé une licence de fabrication de turbines à Creusot-Loire, des groupes Schneider et Marine-Firminy (Journal de l'année 1969-70). Jusque-là, Schneider produisait ces turbines sous licence Rateau, société dont le contrôle a été pris par Alsthom, du groupe Compagnie générale d'électricité. Le second regroupement a été esquissé en octobre 1970. La société Renault international équipements et technique (RIET), filiale de la Régie nationale, s'est, en effet, rapprochée, d'une part, de la Société Spiertz (fabrication de grosses pièces mécaniques), et elle a négocié, d'autre part, le rachat du département machines-outils d'Alcatel (filiale de la CGE). Si cette double opération est menée à son terme, le département machines-outils de la Régie Renault aurait un chiffre d'affaires de 200 millions de francs ; il serait le deuxième producteur français du secteur, derrière Ernault-Somua (groupe Schneider).

Progression

D'une façon générale, les industries mécaniques ont connu en 1970 une forte activité et cette tendance se poursuivait à la veille de l'été. Le chiffre d'affaires total hors taxes de cette branche — 49,95 milliards de francs en 1970 — a progressé de 16,50 % en francs courants (et d'environ 10 % si l'on tient compte de l'augmentation des prix.