Ainsi, le général chérif Nasser ben Jamil, oncle du roi, est nommé commandant en chef des armées. Le portefeuille de l'Intérieur est attribué au général Mohamed Rassoul el Keilani, adversaire déterminé des fedayin.

C'est d'abord du Parlement que vient l'opposition. En novembre, les deux Chambres expriment une orientation radicalement différente de celle du roi. Alors que les sympathies occidentales du souverain sont notoires, les Chambres préconisent « la lutte contre les intérêts américains et impérialistes dans la région ». Elles saluent le combat mené par la résistance palestinienne et demandent l'attribution à l'armée d'armes modernes « de n'importe quelle provenance ».

La nomination, pour la première fois, d'un attaché militaire à l'ambassade d'URSS à Amman, quinze jours plus tard, confirme cette nouvelle orientation. La Jordanie souhaite ne plus dépendre exclusivement de ses fournisseurs occidentaux habituels. La création d'une ligne aérienne directe Amman-Moscou montre que les Soviétiques sont prêts à jouer le jeu.

La grande affaire de l'année reste évidemment les relations du royaume avec les organisations palestiniennes. Dès la première crise aiguë, à la fin du mois de février, le roi doit renoncer à une partie de ses prérogatives pour parvenir à un accord avec les commandos. Les mesures restrictives édictées le 15 du même mois pour contrôler l'activité des fedayin sur le territoire jordanien ne seront jamais appliquées. Hussein doit se séparer du général Keylani.

Dès lors, le roi apparaît comme doublement prisonnier : de ses adversaires palestiniens, comme de ses protecteurs, les Bédouins de Transjordanie, ses derniers fidèles, qui supporteraient mal des signes de faiblesse.

Le voyage à Amman de Joseph Sisco, sous-secrétaire d'État américain, finalement reporté (17 avril), est l'occasion pour Hussein de constater que les Palestiniens ne sont pas les seuls à s'opposer à son idée de règlement du conflit israélo-arabe ; les émeutes, qui durent trois jours, sont le fait des Jordaniens aussi bien que des Palestiniens. Le roi est obligé d'en tirer la leçon. Il n'a plus l'initiative en politique étrangère. Aussi, quand la seconde crise éclate, le 8 juin, il se sépare de son principal soutien, son oncle, le chérif Nasser. Le 28 juin, un nouveau gouvernement est formé, présidé par Abdel Moneim Rifaï.

Koweit

540 000. 35. 7,6 %.
Économie. PNB (66) 3 463. Énerg. (67) : 6 648.
Transports. (*67) : 73 000 + 33 600.  : 149 000 tjb. (67) : 248 488 000 pass./km.
Information. (66) : 4 quotidiens ; tirage global : 15 000. (64) : *175 000. (66) : *80 000. (67) : 10 400 fauteuils. (67) : 43 012.
Santé (66). 587.
Éducation (66). Prim. : 51 987. Sec. et techn. : 37 774. Sup. : 548.
Institutions. Emirat indépendant. Pleine souveraineté reconnue par la Grande-Bretagne le 19 juin 1961. Souverain : émir Sabah as-Salim as-Sabah. Premier ministre : cheikh Jabir al-Ahmad as-Sabah.

Les désordres : cause d'inquiétude

Le Koweit a vu à la fois son prestige grandir parmi les pays arabes et s'accroître ses difficultés intérieures. Attentats à l'explosif et grèves des travailleurs du pétrole ont alterné au cours de l'année obligeant les responsables à se pencher sur un malaise social que la politique de gratifications directes ne semble plus résoudre. Les syndicats, enfin unifiés, ont joué un rôle important. Les Palestiniens ont appuyé des manifestations d'étudiants.

Le Koweit — qui vient en 1969 après l'Iran et bat encore ses propres records de production pétrolière — reste une sorte d'Eldorado. L'émir et ses conseillers accordent cependant aux problèmes sociaux une attention particulière, comme en témoigne le programme de travaux mis en chantier pendant l'été 1969.

Cette relative prospérité exige un ordre social et une stabilité sans lesquels le Koweit ressemblerait à tous les pays déshérités. Les responsables croyant sans doute que les désordres sont plus que de simples retombées du problème palestinien, l'encouragement qu'ils prodiguaient au Fath et aux autres organisations de résistance s'est progressivement nuancé. Comme le roi d'Arabie Saoudite, l'émir du Koweit a laissé entendre en mai 1970 que son appui financier n'est plus inconditionnel : les crédits épargnés seront affectés en 1971 aux dépenses d'intérêt national.

Laos

2 825 000. 12. 2,4 %.
Économie. PNB (63) 67. Énerg. (67) : 41.
Transports. (*66) : 6 800 + 2 200. (*67) : 19 627 000 pass./km.
Information. (67) : 7 quotidiens ; tirage global : 8 000. (67) : 3 500 fauteuils ; fréquentation : 1,1 M. (67) : 2 509.
Santé (66). 110.
Éducation (66). Prim. : 177 288. Sec. et techn. : 10 417. Sup. : 235.
Institutions. État indépendant le 19 juillet 1949. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1956. Souverain : Savang Vatthana ; succède en 1959 à son père Sisavang Vong, décédé. Premier ministre : prince Souvanna Phouma. Vice-Premiers : prince Souphanouvong (Pathet Lao) et Leuam Insisiengmay (neutraliste).

Liban

2 580 000. 248. 2,5 %.
Économie. PNB (65) 427. Production (64) : A 13 % + I 21 % + S 66 %. Énerg. (67) : 648. C.E. (63) : 7 %.
Transports. (*67) : 6 M pass./km, 38 M t/km. (*67) : 114 200 + 14 900.  : 444 000 tjb. (*67) : 695 567 000 pass./km.
Information. (65) *37 quotidiens. (67) : *451 000. (67) : *150 000. (65) : 97 700 fauteuils ; fréquentation : 32,1 M. (67) : *130 000.
Santé (65). 1 735.
Éducation (66). Prim. : 365 403. Sec. et techn. : 99 900. Sup : 23 475.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1944. Constitution de 1926. Président de la République (traditionnellement chrétien maronite) : Charles Helou, élu le 18 août 1964. Premier ministre (traditionnellement musulman sunnite) : Rachid Karamé.

Une opinion très partagée

Au début du mois de juillet 1969, la crise ministérielle qui dure depuis la démission du cabinet de Rachid Karamé (25 avril 1969) trouve sa véritable dimension. Les chefs des groupes parlementaires, qui, par égard pour leur clientèle électorale, avaient jusqu'alors soutenu les fedayin, s'alignent sur la position du chef de l'État : ils dénoncent et refusent à la fois le « fait accompli » et la présence des commandos palestiniens sur le territoire libanais. Mais, en même temps, les dirigeants politiques favorables aux Palestiniens réclament l'engagement du Liban dans la guerre contre Israël.

L'armée contre les fedayin

Dans ce contexte, la déclaration de Joseph Sisco, sous-secrétaire du département d'État américain, sur l'« intégrité territoriale du Liban » ne peut qu'être diversement accueillie. Approuvée dans les milieux conservateurs, elle suscite une grande hostilité du côté des leaders musulmans, qui y décèlent une manœuvre impérialiste destinée à consacrer la scission au sein du monde arabe et à présenter le Liban dans une optique non conforme à sa vocation arabe.