Avec les conservateurs, l'autre grand vainqueur des élections de décembre 1969 est le Komeito, émanation d'une secte bouddhiste. Il compte 47 élus, doublant presque le nombre de ses représentants. Les communistes enregistrent aussi des gains importants, 14 élus au lieu de 5. Le parti socialiste, le plus important parti de l'opposition, perd 50 sièges sur les 140 qu'il détenait, surtout dans les grandes villes, où sa position paraissait pourtant solide (la défaite socialiste aux élections municipales de Tokyo en juillet 1969 était le premier symptôme de ce déclin).

Le succès des conservateurs doit peut-être sa netteté à des raisons conjoncturelles. Eisaku Sato a décidé d'organiser des élections anticipées au retour de son voyage à Washington, où il a obtenu du président Nixon la promesse de la restitution d'Okinawa en 1972 (Okinawa avait vivement opposé Tokyo et Washington en juillet 1969, quand les Japonais apprirent que des gaz de combat étaient stockés dans l'île).

Les élections ont surtout marqué l'approbation d'une politique. Cette politique est caractérisée sur le plan extérieur, d'une part par le maintien de l'alliance avec les États-Unis (le succès conservateur permet la reconduction tacite du traité de sécurité avec les USA), d'autre part par une ouverture plus grande, surtout vers les pays voisins (nouvel accord commercial signé, en avril, avec la Chine de Pékin, et participation au développement de la Sibérie orientale).

La reconduction du traité de sécurité nippo-américain, le 23 juin, provoque la colère de la gauche. Dans toutes les villes du Japon, un million et demi de manifestants descendent dans la rue. À Tokyo, près de 300 000 protestataires répondent à l'appel des partis socialiste et communiste.

L'Exposition universelle est encore un signe de cette vocation internationale croissante. Sur le plan intérieur, l'orientation libérale de l'économie est aussi largement approuvée (l'essor rapide et ininterrompu de l'économie justifie ce soutien), en même temps qu'une grande partie de l'opinion publique a voté contre les désordres gauchistes de la rue, qui ont encore, à de très nombreuses reprises, émaillé l'année.

Le Japon est désormais la troisième puissance économique du monde. Son produit national, en volume, s'est encore accru en 1969 de plus de 10 %. Les réserves de change avoisinent maintenant 4 milliards de dollars. La Bourse de Tokyo est le deuxième marché financier du monde. Toutefois, la consommation augmente encore plus vite que la production, accentuant les tensions sur les prix. L'inflation et la constitution d'une capacité excessive de production sont les deux dangers qui guettent cette économie au dynamisme inégalé.

Osaka : expo 70

Osaka, port et centre industriel, deuxième ville du Japon, avec près de 4 millions d'habitants, accueille la 21e Exposition universelle (trois ans seulement après celle de Montréal). C'est la première fois que cette manifestation, vieille de plus d'un siècle (la première eut lieu en 1851, à Londres), est organisée hors d'Europe ou d'Amérique. L'Expo 70 a été inaugurée le 15 mars par l'empereur. Elle doit fermer ses portes le 13 septembre. Rien n'a été négligé pour éclipser les précédentes expositions. Occupant 330 ha, sur la colline de Senri, elle compte plus de 100 pavillons, représentant 73 pays, une douzaine de villes ou provinces, une vingtaine de firmes (surtout japonaises), divers organismes politiques ou religieux, etc. Près de 10 000 ouvriers ont travaillé à la construction des pavillons, 25 000 employés et 2 000 hôtesses accueillent ou guident les visiteurs. Ceux-ci doivent être plus de 50 millions, mais on n'attend guère plus de 300 000 étrangers (dont 200 000 Américains), ce qui revient à écrire qu'un Japonais sur deux viendra à Osaka. Thème central de l'Expo 70 : Progrès humain dans l'harmonie.

Jordanie

2 103 000. 21. 3,3 %.
Économie. PNB (67) 268. Production (67) : A 22 % + I 16 % + S 62 %. Énerg. (67) : 265. C.E. (67) : 6 %.
Transports. (*67) : 16 400 + 6 700. (*67) : 97 912 000 pass./km.
Information. (65) : 7 quotidiens ; tirage global : *17 000. (65) : *269 000. (65) : 20 000 fauteuils ; fréquentation : 6,1 M. (67) : *33 000.
Santé (66). 505.
Éducation (65). Prim. : 295 177. Sec. et techn. : 102 441. Sup. : 2 023.
Institutions. État indépendant le 22 mars 1946. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1951. Souverain : Hussein ibn Talal ; succède à son père en 1952. Premier ministre : Abdel Moneim Rifaï.

Profondes secousses intérieures

Année difficile pour le roi Hussein. Au début du mois de juillet 1969, il tente de consolider son trône en effectuant des changements dans la composition du gouvernement et du haut commandement militaire. Tous les postes clefs sont confiés à des hommes dévoués à sa personne et connus pour leur opposition aux organisations de résistance palestiniennes, qui, fortes de l'appui d'une grande partie de la population, agissent de plus en plus en maîtres à l'est du Jourdain.