Les résultats de l'année sont, il est vrai, très différents selon les constructeurs. Tandis que Peugeot (+ 8,5 %) et Renault (+ 5 %) enregistrent des résultats brillants en France comme sur les marchés étrangers, Citroën (– 6,5 %) et surtout Simca (– 15,8 %) sont en net recul.

Ces différences s'expliquent d'abord par la nouveauté des modèles proposés et l'étendue du choix donné aux acheteurs. Les succès de Renault reposent sur une large gamme : la Renault 4 est devenue la voiture française la plus vendue en France. La Renault 16 a progressé de 18 % sur le marché français, la Renault 10 enregistrait d'excellents résultats.

Chez Peugeot, la production du nouveau modèle, la 204, augmente de 39,7 %, tandis que la classique 404 continue sa longue carrière (+ 9 %).

Gamme étendue

La baisse de Citroën provient en partie du trou persistant au centre de sa gamme ; aucun modèle ne peut être proposé entre l'Ami 6 et l'ID. De plus, la Dyane est venue trop tard sur le marché pour compenser le recul de la 2 CV, qui accuse son âge. Chez Simca, la Simca 1100 arrivait, elle aussi, en fin d'année, ne permettant pas la relance en 1967 d'une activité qui reposait uniquement sur deux types de voitures, Simca 1000 et Simca 1301 et 1501.

Tous les constructeurs se voient forcés de concevoir et de sortir à grands frais de nouveaux modèles et de proposer une gamme de plus en plus large à leurs acheteurs. Pour y parvenir, et pour faire face aux investissements considérables nécessités par cette nouvelle politique, ils cherchent à conclure des alliances avec d'autres constructeurs.

Après la mainmise de Chrysler sur Simca et la conclusion de l'accord Renault-Peugeot, Citroën créait, avec la firme allemande NSU, une société commune : Comotor. En juillet 1967, elle absorbe le constructeur lyonnais de véhicules utilitaires, Berliet, et, en janvier 1968, conclut un accord de collaboration étroite, pouvant déboucher sur une fusion, avec le petit mais célèbre constructeur italien de voitures de sport, Maserati.

L'offensive étrangère

Cette recherche de nouvelles armes est rendue nécessaire par l'impétuosité de l'offensive étrangère. Fiat, qui a obligé tous les autres constructeurs à s'aligner sur sa politique de prolifération des modèles, a rejoint le no 1, Volkswagen. Elle a pris la tête des importateurs étrangers en France, avec plus de 50 000 voitures vendues en 1967. En Grande-Bretagne, la fusion, le 17 janvier 1968, de BMC (automobiles Austin, Morris, MG, Wolseley et Jaguar) et de Leyland (camions, automobiles Triumph et Rover) constitue un front unique devant les filiales américaines qui réalisent la moitié de la production britannique.

La nouvelle BLMC (British Leyland Motor Corporation) sera d'autant plus dangereuse sur les marchés étrangers que la dévaluation de la livre a permis de sensibles diminutions des prix des voitures anglaises.

Survenant à la veille de l'ouverture des frontières à l'intérieur du Marché commun, le 1er juillet 1968, ce sont là de nouvelles préoccupations pour les constructeurs français. En 1967, les importations de véhicules étrangers ont progressé en France, atteignant 203 701 unités, dont 188 038 voitures particulières et 15 663 véhicules utilitaires. Sur 1 000 voitures vendues en France, 152 ont été produites à l'extérieur des frontières.

La balance du commerce extérieur de l'automobile reste cependant très largement bénéficiaire : pour chaque voiture étrangère qui entre en France, quatre voitures françaises sont livrées à l'étranger.

Relance du crédit

Un nouveau fléchissement des immatriculations se produit sur le marché intérieur au cours des premiers mois de 1968, difficilement compensé par l'accroissement continu des exportations. Simca améliore sa position avec la 1100, Peugeot et Renault se maintiennent avec peine, tandis que les ventes de Citroën continuent à baisser.

Pour relancer les ventes, Michel Debré décide plusieurs mesures en faveur du crédit automobile : à partir du 4 avril, et jusqu'au 30 juin 1968, le montant maximal des crédits est porté de 75 à 85 % pour les voitures de tourisme et les caravanes neuves ; il est porté de 75 à 80 % pour les voitures de tourisme et les caravanes d'occasion. La durée du crédit est allongée, pour les véhicules d'occasion, de 21 à 24 mois.

Modèles français les plus vendus à l'étranger

RENAULT. Avec 385 000 voitures exportées en 1967 (+ 14 % par rapport à 1966), Renault a réalisé 46 % du total des exportations françaises d'automobiles. La Renault 4 — 142 000 unités vendues hors des frontières — et les Renault 8 et 10 (150 000) sont les principaux atouts de la Régie. La R10 permettait, par exemple, une augmentation de 60 % des ventes de la Régie aux États-Unis. La Renault 16 a, cependant, réalisé une progression de 14 % à l'intérieur des pays du Marché commun. Le marché le plus brillant reste celui de l'Allemagne de l'Ouest, où 72 000 véhicules ont été vendus en 1967, soit 31 % de plus qu'en 1966, résultat d'autant plus brillant que l'ensemble des immatriculations y a reculé de 12 %.