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Énergie

Électricité nucléaire : la production à grande échelle reste liée à un choix difficile

Les structures de la consommation d'énergie ont poursuivi leur évolution en 1967-68 : recul du charbon, développement du pétrole et du gaz naturel (plus de la moitié des besoins totaux) et apparition de l'énergie nucléaire. Dans ces trois secteurs, des événements significatifs se sont produits au cours des douze derniers mois.

Le charbon

D'un maximum de 60 millions de tonnes atteint en 1959, la production française de charbon est tombée à 53 millions de tonnes en 1966 et à 50,5 millions en 1967 ; en 1968, elle ne dépassera guère 47 millions de tonnes. Le recul de 2 % par an prévu au Ve plan atteint dès à présent 5 % par an. En 1975, la France ne produira plus que 35 millions de tonnes de charbon, peut-être moins. De nombreux puits de mine devront être fermés, voire des bassins entiers, comme celui de Saint-Étienne.

Malgré l'aide de l'État (30 F de subvention par tonne vendue en 1968) et la réduction de la production, l'écoulement est difficile et les stocks augmentent.

La mine étant une industrie de main-d'œuvre, c'est dans le domaine social que la situation est le plus préoccupante. Comme les techniques minières, donc la productivité par homme, continuent de s'améliorer, la baisse de production ne peut être obtenue que par une déflation massive des effectifs. Celle-ci se poursuit à un rythme de 8 à 10 % par an.

Les houillères ont tout d'abord cessé à peu près complètement d'embaucher, laissant la fusion s'effectuer par les moyens naturels : départs en retraite, départs volontaires. Mais cela ne suffit pas, il a fallu recourir au chômage partiel (cinq jours en 1967). À partir de 1968, il est prévu des mises à la retraite anticipées. Mais aucun licenciement n'est encore envisagé.

Pour n'avoir pas à y recourir, il reste le moyen de la conversion, c'est-à-dire l'implantation d'activités nouvelles dans les bassins houillers (notamment dans le Nord, le Pas-de-Calais, en Moselle, à Saint-Étienne, à Alès) et la formation de nombreux mineurs à de nouveaux métiers.

Le pétrole

La consommation de produits pétroliers continue d'augmenter à un rythme soutenu : + 13,5 % en 1967, malgré une conjoncture assez maussade.

Les raffineries françaises ont traité 75 millions de tonnes de pétrole brut. La fermeture du canal de Suez à la suite du conflit israélo-arabe de juin 1967 n'a eu pratiquement aucune conséquence sur les approvisionnements (mieux encore que lors de la crise de 1956, les pétroliers ont fait la preuve qu'ils avaient les moyens de garantir le ravitaillement du monde).

La parade repose sur la diversification des sources et l'accroissement de la capacité de transport.

La production de brut de la zone franc a atteint 45 millions de tonnes en 1967 ; elle s'élèvera à 50 millions en 1968. L'augmentation provient principalement de l'Algérie (en raison de la mise en service d'un nouveau pipe-line) et du Gabon.

Hors de cette zone, en plus de leurs ressources traditionnelles d'Irak et du golfe Persique, les compagnies françaises produisent maintenant du pétrole au Nigeria, au Canada. Des forages d'exploration prometteurs ont été entrepris sur de nouvelles concessions en Iran, en Libye. Un protocole d'accord portant sur 10 années de recherches et d'exploitation a été signé, avec les représentants de ce dernier État, le 4 avril 1968. De nouveaux permis de recherche ont été obtenus en Irak ; en revanche, les discussions sur l'exploitation de Roumailah-Nord n'ont pas abouti. En mer, des recherches se poursuivent dans le golfe de Gascogne, en mer du Nord, en Adriatique, en mer Rouge, le long des côtes d'Afrique.

La prudence dont a témoigné le gouvernement dans le conflit du Moyen-Orient a incontestablement facilité le renforcement des positions pétrolières françaises dans cette région.

L'augmentation de la capacité de transport est recherchée par la mise en chantier de nombreux navires de grande taille. Le premier pétrolier français jaugeant plus de 200 000 t, le Magdala, a été lancé en mars 1968.