Le 5 avril 1968, quelques jours après sa défaite électorale, il opérait des changements portant sur 16 postes à l'intérieur du gouvernement. La promotion la plus importante est celle de Mme Barbara Castle, nommée secrétaire d'État à l'Emploi et à la Productivité, chargée, en fait, de l'application rigoureuse de la politique des prix et des salaires.

En confiant cette lourde responsabilité à une représentante de son aile gauche, dont la popularité est d'autant plus grande qu'elle a réussi, comme ministre des Transports, à « désalcooliser » les automobilistes, H. Wilson tente de donner satisfaction à ses critiques tout en jouant la carte de l'autorité. Mais cet ultime remaniement ne peut faire oublier la fracassante démission de George Brown, qui, au lendemain de la crise de l'or, abandonne le Foreign Office pour protester contre les méthodes de gouvernement de son Premier ministre.

Évolution des mœurs

Depuis quelque temps, H. Wilson avait eu tendance à prendre les décisions les plus importantes non point dans les réunions du Cabinet, dépositaire traditionnel du pouvoir exécutif, mais au sein d'une sorte de conseil suprême.

Le remaniement du 5 avril semble avoir institutionnalisé cette pratique en créant une sorte de direction collégiale de 4 ou 5 membres au-dessus du Cabinet lui-même. C'est là une innovation très importante qui participe sans doute d'une évolution d'ensemble du système parlementaire britannique. Le projet de réforme de la Chambre des lords, annoncé dans le Discours du trône, en est un autre exemple.

Les institutions se transforment peu à peu. La société britannique évolue en profondeur. Il est symptomatique qu'au moment même où le pays se débat dans des difficultés économiques et financières considérables, le Parlement britannique ait pu voter toute une série de lois consacrant un changement profond des moeurs et de la morale (lois sur le divorce, sur l'avortement, sur le dimanche anglais).

Il n'a pas craint non plus de s'attaquer aux problèmes d'avenir, qu'il s'agisse de l'enseignement ou des relations interraciales. Les protestations qui, sous la houlette de l'ultraconservateur Enoch Powell, ont ponctué le vote d'une loi garantissant l'égalité des traitements entre les immigrants de couleur du Commonwealth et les citoyens britanniques ne peuvent limiter la portée de cette législation. Fidèle à une certaine tradition libérale, l'Angleterre s'efforce, contre vents et marées, d'assurer l'avenir.

Grèce

8 612 000. 65. 0,6 %. Comsomm. énergie (*65) : 784 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 1 131 M pass./km, (*65) 570 M t/km. Parc autos (*65) : 104 300 + 73 400. Mar. march. : 7 163 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 542 273 000 pass./km.
Information. Journaux : 112 quotidiens. Récepteurs radio : *904 000. Cinéma (62) : 830 salles ; fréquentation : 61,2 M. Postes téléphone : 508 262.
Santé (64). 11 980 médecins.
Éducation. Prim. : 963 846. Sec. et techn. : 426 486. Sup. : 55 334.
Institutions. Monarchie sanctionnée par référendum populaire le 1er septembre 1946. Constitution de 1911, amendée en 1952 et partiellement suspendue après le coup d'État militaire du 21 avril 1967. Souverain : Constantin XIII en exil ; vice-roi général Zoïtakis. Premier ministre : Andreas Papadopoulos.

Les « colonels » consolident leur pouvoir

La guerre civile n'a pas éclaté en Grèce. Il n'y a pas eu non plus d'affrontement dans l'armée. Pourtant, la tension politique, dès juillet 1967, est à son maximum. De nombreux observateurs pensent que des violences pourraient se produire. Les occasions (en particulier le départ en exil du roi Constantin, le 14 décembre 1967) ne manquent pas. Mais rien ne laisse espérer durant toute l'année le retour à une démocratie véritable.

Mesures de répression

Le régime militaire d'Athènes multiplie pendant l'été 1967 ses mesures répressives ; aucune tendance, qu'elle soit de droite ou de gauche, n'y échappe. La position du roi est assez discutée. On s'explique mal, en Grèce comme dans le monde, ses rapports avec la junte.

Les mesures sont de plus en plus impopulaires. Les ambassadeurs des cinq principales légations grecques sont mis à la retraite d'office. Leur poste restera vacant. Une trentaine de journalistes sont radiés de l'Union des rédacteurs des quotidiens d'Athènes pour « activités communistes et antinationales ».