Seule, en fait, l'Angleterre d'Harold Wilson reste fidèle à Washington.

L'ouverture des négociations de Paris se traduit, au contraire, par une tension des relations des États-Unis avec certains de leurs alliés asiatiques, en particulier Formose, la Thaïlande et surtout la Corée du Sud, qui a l'impression d'avoir été lâchée au moment de l'incident du Pueblo.

Le conflit vietnamien entraîne, bien sûr, une tension nouvelle dans les rapports américano-soviétiques, mais ne remet pas en cause, au contraire, les bases de la coexistence pacifique, comme en témoigne le dépôt à la conférence du désarmement de Genève d'un projet commun sur la non-dissémination des armes nucléaires. De la même façon, l'installation autour du territoire américain de missiles anti-missiles destinés à intercepter d'éventuelles fusées ennemies ne relance pas dans l'immédiat la course aux armements.

Dissuader la Chine communiste

Le secrétaire à la Défense, qui allait être remplacé quelques mois plus tard au Pentagone par Clark Clifford, a été obligé de céder devant les pressions de nombreux chefs militaires et du parti républicain, qui lui reprochaient d'avoir négligé la défense du continent américain. Le réseau anti-missiles, dont l'efficacité serait nulle face à une attaque en règle de l'Union soviétique, est surtout destiné, selon le Pentagone, à dissuader la Chine communiste de s'en prendre aux États-Unis. Son coût est chiffré à 5 milliards de dollars.

Durant l'été 1967, pour faire pièce à la conférence de l'Organisation de solidarité latino-américaine (OLAS), réunie à Cuba, les États-Unis provoquent une réunion de l'Organisation des États américains (OEA), qui renforce encore le blocus de l'île et la lutte anticastriste sur le continent. Cette décision ne relance pas pour autant l'Alliance pour le progrès, qui, comme beaucoup de pays en voie de développement dans le monde, souffre des coupes sombres effectuées par le Congrès dans l'aide à l'étranger.

Argentine

22 691 000. 8. 1,6 %. Consomm. énergie (*65) : 1 341 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 12 829 M pass./km, 14 027 M t/km. Parc autos (*65) : 927 500 + 625 800. Mar. march. : 1 279 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 1 127 985 000 pass./km.
Information. Journaux : 171 quotidiens ; tirage global : *3 312 000. Récepteurs radio (64) : *6,2 M. Téléviseurs : 1,6 M. Cinéma : 1 803 salles ; fréquentation (60) : 145 M. Postes téléphone : 1 497 841.
Santé (62). 31 831 médecins.
Éducation (64). Prim. : 3 073 752. Sec. et techn. : 748 891. Sup. : 225 653.
Institutions. République fédérale. Président provisoire : général Juan Carlos Ongania, depuis le coup d'État du 28 juin 1966 qui a renversé le président Arturo Umberto Illia. Partis politiques interdits. Constitution de 1853, amendée par le Statut de la Révolution (29 juin 1966). Le président provisoire assume tous les pouvoirs.

Hostilité croissante au régime militaire

Le général Ongania n'est toujours pas parvenu, en 1968, à asseoir durablement son régime militaire. Critiqué par un certain nombre d'officiers supérieurs, qui lui reprochent le manque de vigueur de sa politique intérieure et étrangère, il est toujours en butte à l'hostilité des forces progressistes et péronistes. La dégradation de la situation économique (poursuite de l'inflation, malgré une dévaluation de 40 % et la proclamation d'une politique économique de stabilisation) ajoute encore au malaise.

Résolument anticommuniste, le chef de l'État, qui échappe à une tentative d'attentat en août 1967, inaugure une chasse aux sorcières. Après une tentative pour mater l'université, il s'en prend aux autres secteurs de la vie intellectuelle : mise à l'index et destruction par le feu de nombreux ouvrages ; promulgation d'une législation anticommuniste punissant de un à huit ans de prison toute activité subversive. Ces mesures n'empêchent pas les étudiants de manifester violemment leur opposition au régime durant le mois de juin 1968.

L'opposition des milieux syndicaux

Le général Ongania entre également en conflit avec l'aile progressiste de l'Église. Ce conflit se cristallise autour du cas de Mgr Podesta, archevêque d'Avellaneda, un faubourg de Buenos Aires. Mgr Podesta, connu pour ses prises de position en faveur d'une plus grande justice sociale, est démissionné de son poste par le Vatican à la suite de pressions émanant des milieux argentins conservateurs. Cette démission, obtenue en partie grâce à une campagne de calomnie lancée contre le prélat, entraîne de vives protestations syndicales. La crise rebondit et s'étend avec l'expulsion, au début de 1968, de quatre prêtres espagnols accusés de subversion, et avec l'organisation d'une nouvelle campagne de presse contre un prêtre de Tucuman, coupable d'avoir pris part à une manifestation syndicale.