L'affaire des étudiants entraîne un nouveau durcissement du régime du maréchal Costa e Silva et met un terme à une ébauche de rapprochement entre le président de la République et certains amis de l'ancien président Juscelino Kubitschek. Ce raidissement du régime renforce indirectement l'opposition brésilienne, sans pour autant mettre un terme au malaise qui affecte le parti gouvernemental, l'Alliance de rénovation nationale (Arena) De nombreux jeunes députés de la majorité reprochent au maréchal Costa e Silva son mépris du Parlement.

Une alliance contre nature

Si les revers subis par le régime renforcent l'opposition, ils n'ajoutent rien à la cohésion de celle-ci. C'est un transfuge des comploteurs d'avril 1964 qui s'impose comme le leader de l'opposition, l'ancien gouverneur d'extrême droite, Carlos Lacerda. Pour accroître son audience, Carlos Lacerda n'hésite pas à se réconcilier avec ceux qu'il considérait quelques mois plus tôt comme ses pires ennemis : les anciens présidents Kubitschek et Jao Goulart.

Les trois hommes politiques fondent pour appuyer leur entreprise une organisation politique très souple, le Front élargi, qui est interdit en mars 1968, mais renaît sous un nouveau nom. Craignant sans doute quelque mesure du gouvernement à son endroit, l'ex-gouverneur Lacerda quitte alors le Brésil pour une longue tournée en Europe.

Alliance contre nature (le gouverneur Lacerda a beaucoup contribué à la chute de Jao Goulart), le Front élargi laisse à peu près indifférentes les masses brésiliennes, qui y voient une nouvelle manœuvre des politiciens professionnels. L'ancien parti travailliste de Jao Goulart (qui vit en exil en Uruguay) ne suit d'ailleurs pas totalement son ancien leader. Une fraction importante refuse l'alliance.

La révolte étudiante se durcit

Le mois de juin voit reprendre les manifestations d'étudiants. Le 21 juin, des heurts avec la police, à Rio de Janeiro, font 6 morts parmi les manifestants. Ces graves incidents renforcent les mouvements protestataires parmi la jeunesse brésilienne.

Chili

8 750 000. 11. 2,3 %. Consomm. énergie (*65) : 1 089 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 2 410 M pass./km, 2 621 M t/km. Parc autos (*65) : 97 700 + 105 400. Mar. march. : 290 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 510 888 000 pass./km.
Information. Journaux (64) : 46 quotidiens ; tirage : 1 006 000 sur 43 quotidiens. Récepteurs radio (62) : *1,5 M. Téléviseurs (64) : 50 000. Cinéma (64) : 370 salles ; fréquentation : 55 832 000. Postes téléphone : 263 183.
Santé (60). 4 250 médecins.
Éducation (64). Prim. 1 350 142. Sec. et techn. : 342 517. Sup. : 36 503.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1925. Président et chef de l'exécutif : Eduardo Frei Montalva, élu en 1964 ; succède à Jorge Alessandri Rodriguez.

Eduardo Frei en position critique

En butte à son opposition de droite, qui lui reproche sa politique réformiste — en particulier dans le domaine agraire et dans celui de la chilianisation du cuivre —, le président Eduardo Frei, au début de l'été 1967, entre en conflit ouvert avec l'aile gauche de son parti.

D'accord sur ce point avec les socialistes et les communistes, les jeunes démocrates-chrétiens « rebelles » s'opposent à un projet de loi gouvernemental créant un fonds d'épargne nationale et obligatoire, et limitant le droit de grève. C'est pour protester contre ce projet que la confédération unique des travailleurs appelle à la grève générale le 23 novembre.

Le président Frei refuse de céder aux revendications des démocrates-chrétiens de gauche. Il fait même triompher son point de vue lors du congrès annuel du parti, en janvier 1968. Quelques semaines plus tard, devant l'opposition du Sénat, il n'en est pas moins obligé de retirer le projet de loi contesté et de procéder à un important remaniement ministériel.

La crise interne du parti démocrate chrétien met en lumière les difficultés que rencontre le président Frei pour mener à bien son programme de « révolution dans la liberté », souvent présenté en Amérique latine comme l'une des issues de l'alternative, l'autre étant la révolution cubaine.

Opposition divisée

Élu triomphalement en 1964, grand vainqueur des élections législatives de 1965, Frei ne cesse de voir son capital de prestige s'épuiser depuis deux ans. C'est ce que confirment à la mi-décembre 1967 l'élection partielle des provinces de Cautin, Bio-Bio et Malleco, et la défaite du candidat gouvernemental. Parallèlement, l'opposition « révolutionnaire », le parti socialiste, se renforce.