En octobre 1966, le Conseil national de libération annonce son intention d'engager des poursuites judiciaires contre le Dr Kwame Nkrumah. En décembre, le Conseil offre une prime pour la capture de l'ancien président de la République.

La délégation ministérielle guinéenne à la Conférence panafricaine d'Addis-Abeba a, lors d'une escale aérienne dans la capitale du Ghana, été arrêtée et séquestrée par les dirigeants du Conseil national de libération. Ce geste provoque un regain de tension dans les relations ghanéo-guinéenne et entraîne une menace de rupture des relations entre Conakry et Washington, Sékou Touré tenant les Américains pour responsables de cet incident. En novembre, les ministres guinéens sont relâchés.

Une mutinerie de l'armée

Les dirigeants militaires affirment, en janvier 1967, puis en février, avoir déjoué des conspirations visant au rétablissement du Dr Kwame Nkrumah à la tête de l'État.

Une mutinerie éclate au sein de l'armée ghanéenne, en avril, et le chef de l'état-major, le lieutenant-général Kotoka, principal instigateur du coup d'État de février 1966, trouve la mort à Accra. Il semble que des querelles tribales soient à l'origine de cette affaire, à laquelle les partisans de l'ancien président Nkrumah sont restés entièrement étrangers.

Soucieux de se rapprocher des puissances occidentales — contrairement au Dr Nkrumah, très lié aux États socialistes, dont la République populaire de Chine — le général Ankrah et ses amis signent, en novembre 1966, des accords de coopération avec la France.

D'autre part, à l'issue de plusieurs conférences tenues à Londres et à Paris avec leurs créanciers, ils obtiennent un important moratoire pour le règlement des dettes contractées à l'étranger par l'ancien chef de l'État ghanéen.

Guinée

(*55) : 2 570 219. 14. 2,8 %. Consomm. énergie : 101 kg e.c.
Transports. Rail (*59) : 47 M pass./km, 41 M t/km. Parc autos : 8 100 + 12 600.
Information. Journaux (62) : 1 quotidien. Récepteurs radio : 50 000. Cinéma (59) : 16 salles. Postes téléphone : 6 000.
Santé (61). 154 médecins.
Éducation (63). Prim. : 188 717. Sec. et techn. : 10 526. Sup. : 642.
Institutions. Indépendance et république proclamées le 2 octobre 1958. Constitution de 1958. Président de la république et président du gouvernement : Sékou Touré, élu le 27 janvier 1961. Parti unique PDG (Parti démocratique de Guinée).

Sékou Touré en position délicate

La république de Guinée traverse une crise difficile dans ses rapports avec ses voisins et sur le plan intérieur.

En juillet 1966, le Sénégal (dont le chef de l'État est accusé à plusieurs reprises par Sékou Touré de s'ingérer dans les affaires guinéennes) rompt avec le gouvernement de Conakry. Ce dernier décide, en janvier 1967, de retirer son pays de l'Union des États riverains du fleuve Sénégal.

Au début de novembre 1966, les dirigeants militaires du Ghana ayant arrêté, à l'escale d'Accra, les membres de la délégation guinéenne qui se rendaient à la conférence de l'OUA à Addis-Abéba, les rapports entre Ghanéens et Guinéens atteignent un point de tension extrême.

Simultanément, le gouvernement guinéen, rendant les États-Unis responsables de cette affaire, expulse les membres du Corps de la paix en service en Guinée, tandis que l'aide américaine (déjà diminuée en septembre 1966) est momentanément affectée par ce geste inamical.

Aussitôt, Sékou Touré, président de la République, renforce ses liens de coopération avec la Chine communiste : son frère, Ismaël Touré, signe à Pékin un nouvel accord de coopération.

En son absence

Le président de la République vit dans la crainte permanente des complots ourdis à partir de l'étranger ; ses opposants, très nombreux au Sénégal et en Côte-d'Ivoire, ne donnent pourtant pas l'impression de chercher à s'organiser entre eux. Ce climat provoque des incidents ; en juillet 1966, un juriste danois venu à titre privé en Guinée est arrêté pour espionnage et libéré en octobre.

En avril 1967, un chalutier ivoirien ayant deux Français à bord est arraisonné dans les eaux territoriales, et les membres de l'équipage sont arrêtés sous l'accusation d'avoir voulu enlever l'ancien président du Ghana réfugié à Conakry depuis février 1966.