Vorster passe, en effet, pour l'inspirateur des lois sur la sécurité de l'État. Ancien admirateur de Hitler, il est l'auteur de la fameuse loi des 180 jours, qui permet aux autorités policières de garder à vue un suspect sans décision judiciaire.

La prospérité

Le 26 mai 1967, une nouvelle loi assimile le terrorisme à la trahison et le punit des mêmes peines. Le territoire du Sud-Ouest africain est inclus dans le cadre de cette nouvelle juridiction. L'opposition noire, regroupée clandestinement depuis 1960 dans le Congrès national africain, tient bien au début de mai, à Paris, une Conférence contre l'apartheid, mais, dotée de faibles moyens, ses conclusions ne dépassent pas le cadre de vœux pieux.

En mai également, les autorités de Pretoria, en dépit de l'opposition des milieux d'affaires sud-africains, annoncent leur intention de renvoyer au Transkei ou dans les Bantoustans, les travailleurs noirs des mines d'or, ce qui parait aller à l'encontre du développement économique du pays.

Le nouveau plan de développement économique pour la période 1966-1971 (publié en avril 1967) témoigne d'une économie prospère, puisqu'il prévoit un taux d'expansion annuel du produit national brut de 5,5 %. La seule faiblesse grave de cette économie demeure l'absence d'hydrocarbures, mais une prospection intense est en cours.

Le Sud-Ouest africain

Sur le plan international, l'année écoulée a été dominée par les démêlés de l'Afrique du Sud avec les instances internationales à propos du Sud-Ouest africain, ce territoire sous mandat de 700 000 km2 qui compte 85 000 habitants de souche européenne et près de 500 000 africains.

Le 18 juillet 1966, la République sud-africaine remporte un succès non négligeable devant la Cour internationale de justice de La Haye. Celle-ci déboute le Libéria et l'Éthiopie de leur plainte accusant l'Afrique du Sud d'avoir incorporé illégalement le Sud-Ouest africain à son territoire national.

L'offensive des États africains contre Pretoria est relancée à l'ONU sur le plan politique. Le 27 octobre, l'Assemblée générale, par 114 voix contre 2 (Afrique du Sud et Portugal) et 3 abstentions (France, Grande-Bretagne et Malawi), retire à l'Afrique du Sud son mandat sur le Sud-Ouest africain.

Mais le comité spécial constitué à cet effet n'arrive pas à recommander des mesures pratiques pour appliquer la décision. Au cours d'une session extraordinaire de l'Assemblée, en avril, il est décidé de créer un conseil des Nations unies qui sera chargé d'administrer le Sud-Ouest africain jusqu'à l'indépendance, prévue pour juin 1968. Comme les quatre grandes puissances se sont abstenues à ces votes, on ne voit pas comment le conseil envisagé pourrait exercer ses fonctions.

L'impasse demeure totale

L'impasse demeure totale, l'ONU adoptant des résolutions qu'elle n'a pas les pouvoirs de mettre en vigueur ; l'Afrique du Sud, dont les liens commerciaux avec les grandes puissances blanches et même asiatiques sont très étroits, continuant d'ignorer ces mêmes résolutions, qu'elle qualifie d'ingérence dans ses affaires intérieures.

Cependant plusieurs pays africains à gouvernement noir, le Malawi, le Botswana, le Lesotho, loin de boycotter la République sud-africaine, ont établi par accords commerciaux ou par visites privées des contacts qui devraient se développer. Sans doute, ces États ne pourraient-ils vivre sans les voies de communication et les débouchés maritimes que leur procurent l'Afrique du Sud et les territoires portugais du Mozambique et de l'Angola, dotés de bons ports.

Rhodésie du Sud

(62) : 3 857 460. 11. 3,3 %. Consomm. énergie : 577 kg e.c.
Transport. Parc autos : 94 700 + 23 300.
Information. Journaux (63) : 4 quotidiens. Récepteurs radio (50) : 30 000. Cinéma (61) : 23 salles. Postes téléphone : 94 887.
Santé (63). 521 médecins.
Éducation (63). Prim. : 590 795. Sec. et techn. : 10 722. Sup. : 436.
Institutions. Colonie britannique, en état de sécession. Indépendance proclamée unilatéralement le 11 novembre 1965. A quitté le Commonwealth le 22 décembre 1966. Constitution de 1961 suspendue par le gouvernement britannique. Chef du gouvernement : Ian Douglas Smith.

Rwanda

(52) : 2 143 978. 115. 3,1 %. Consomm. énergie : 14 kg e.c.
Information. Cinéma (62) : 8 salles. Santé. 21 médecins.
Éducation (63). Prim. : 359 342. Sec. et techn. : 3 458.
Institutions. État indépendant le 1er juillet 1962. République (28 janvier 1961). Constitution présidentielle de 1962. Président de la République et chef de l'exécutif : Grégoire Kayibanda, réélu le 3 octobre 1965.

Sénégal

(61) : 3 109 840. 17. 2,3 %. Consomm. énergie : 136 kg e.c.
Transports. Rail : 284 M pass./km, 245 M t/km. Parc autos : 27 100 + 18 700.
Information. Journaux (63) : 1 quotidien ; tirage global : 20 000. Récepteurs radio : *200 000. Cinéma (59) : 51 salles. Postes téléphone : *25 000.
Santé (63). 165 médecins.
Éducation. Prim. : 206 431. Sec. et techn. : 26 982. Sup. : 2 545.
Institutions. État indépendant le 20 août 1960. République (25 novembre 1958). Constitution de 1963 ; régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Léopold Sédar Senghor, réélu le 1er décembre 1963. Une éphémère fédération du Mali, indépendante le 20 juin 1960, comprenait le Soudan et le Sénégal, qui en est sorti le 20 août 1960.

Un climat lourd en raison de difficultés internes

Considéré comme l'un des États d'Afrique qui reste le plus étroitement fidèle au respect des formes démocratiques de type occidental, le Sénégal doit faire face à de nombreuses difficultés internes.