Solon

Solon
Solon

Homme d'État athénien (vers 640-vers 558 avant J.-C.).

1. La conquête de Salamine

Législateur et poète grec, Solon est issu d'une famille aristocratique peu fortunée mais il réussit à s'enrichir dans le commerce des huiles et séjourne en Ionie. De retour à Athènes, en Attique, Solon, devenu riche, acquiert une réputation d'honnêteté. .

Les Athéniens, ayant échoué plusieurs fois dans leur tentative pour enlever Salamine aux Mégariens, avaient édicté la peine de mort pour tout citoyen qui proposerait une nouvelle expédition. Solon, se faisant passer pour fou, vint lire sur la place publique un poème appelant les Athéniens au combat : « Allons à Salamine combattre pour l'île aimable et repousser l'intolérable honte ». Il obtint le commandement et reprit Salamine aux habitants de Mégare vers 595 avant J.-C.

2. L’homme public

Solon est surtout célèbre pour les réformes politiques et sociales qu'il entreprit pour résoudre la grave crise qui secouait Athènes. Les eupatrides, gros propriétaires nobles, avaient réussi à accaparer presque toutes les terres et faisaient peser sur le peuple endetté la menace de l'esclavage. De plus, une nouvelle classe de marchands et d'industriels, prenant conscience de sa force, réclamait un rôle politique dans la cité, rôle que les eupatrides leur refusaient.

Solon fut choisi comme arbitre et élu archonte en 594-593 avant J.-C., investi de pouvoirs exceptionnels : désormais, c'est à lui qu'incombait la tâche de réformer les institutions politiques et sociales inadaptées à la situation réelle d'Athènes.

2.1. « J'ai rédigé des lois égales pour le pauvre et pour le riche, fixant à l'égard de chacun une justice droite. »

Par la réforme de la seisachtheia (« remise du fardeau »), Solon supprima la contrainte par corps pour dettes dont avaient été victimes beaucoup de petites gens. C'était la première fois dans le monde grec qu'était prise une mesure aussi hardie, faisant passer l'intérêt de l'État avant celui des grands propriétaires.

Solon favorisa les paysans par des mesures de moindre importance : il institua des primes pour la capture des loups, aida au développement des cultures arbustives. Ainsi, sa politique en faveur des paysans institua un nouvel équilibre social fondé sur l'importance d'une classe de petits et moyens propriétaires. Il facilita, parallèlement, le commerce et l'industrie, en fixant les mesures de capacité et en frappant des pièces d'argent.

2.2. Les classes censitaires à l’origine de la démocratie

Solon transforma surtout les institutions politiques.

Il utilisa une division antérieure en quatre classes selon les revenus de la terre : les pentacosiomedimnes (les plus riches, dont le revenu est de plus de 500 mesures), les chevaliers, les zeugites (ceux qui possèdent une paire de bœufs), thètes (valets, ouvriers, soit la classe la plus basse de la société athénienne) qui lui servit à répartir honneurs et charges selon la fortune foncière. Mais si les archontes ne sont pris que dans la première classe, les magistrats dans les trois premières, tous les citoyens (même les thètes) participent aux assemblées politiques.

Enfin, Solon créa un nouveau conseil de 400 membres, la boulê, chargé de préparer les séances de l'ecclésia. D'autre part, il institua un tribunal vraiment populaire dont les membres étaient choisis dans les quatre classes, l'héliée, qui deviendra peu à peu la seule instance judiciaire à côté des tribunaux de sang.

Lorsqu'il eut donné cette Constitution nouvelle à ses compatriotes, Solon fit jurer aux neuf archontes et à tous les citoyens de se conformer aux lois nouvelles.

À travers ces réformes, qui feront l'originalité d'Athènes au ve s., se dessinent pour la première fois les linéaments d'une véritable démocratie, « inventée » par Solon : « Au peuple j'ai donné autant de puissance qu'il suffit sans rien retrancher ni ajouter à ses droits. Pour ceux qui avaient la force et en imposaient par leurs richesses, pour ceux-là aussi je me suis appliqué à ce qu'ils ne subissent rien d'indigne » (Solon, Élégies). Solon fait partie des Sept Sages de la Grèce antique.