Johann Sebastian Bach ou Jean-Sébastien Bach

Jean-Sébastien Bach
Jean-Sébastien Bach

Compositeur allemand (Eisenach 1685-Leipzig 1750).

Johann Sebastian Bach sut découvrir toutes les merveilles du monde musical pour les assimiler et en faire surgir un message neuf. Avec lui, la polyphonie occidentale a trouvé son parachèvement et la musique sacrée a atteint sa plus haute expression.

Une famille de musiciens

Bach descend d'une lignée de nombreux musiciens, qui sont tous organistes, clavecinistes ou violonistes. Fixés en Thuringe et en Saxe, ils se divisent en quatre branches : celles de Meiningen, d'Erfurt, de Franconie et d'Arnstadt. Dernier des huit enfants de Johann Ambrosius Bach (1645-1695), violoniste de la cour et de la ville d'Eisenach, et d'Elisabeth Lämmerhirt (1644-1694), Johann Sebastian est issu de la troisième de ces branches. Recueilli, à la mort de son père, par son frère aîné Johann Christoph (1671-1721), organiste et élève de Pachelbel, il fait des études musicales à Lüneburg.

À 15 ans, il y est admis dans la manécanterie de la Michaeliskirche, dont les choristes doivent être « nés de pauvres gens, sans aucune ressource, mais possédant une bonne voix ». Il lit et copie beaucoup de musique. Il se familiarise avec la musique d'orgue et apprend à construire, à expertiser et à réparer lui-même les orgues, domaine où sa réputation dépassera bientôt celle de ses contemporains.

Le maître de l'orgue

Après quelques mois à Weimar, Bach est organiste à Arnstadt (1703-1706), puis à Mühlhausen (1707-1708). Revenu à la cour luthérienne de Weimar, il devient musicien de chambre et organiste. C'est là que sont nées beaucoup de ses grandes œuvres pour orgue, des cantates et des pages pour clavier, dont certaines directement inspirées de modèles italiens (Vivaldi). Maître de chapelle à la cour du prince Leopold d'Anhalt à Köthen (1717-1723), il y compose la plus grande partie de son œuvre instrumentale (partitions orchestrales et musique de chambre). Il est influencé par Froberger, Frescobaldi, Pachelbel, Buxtehude, et par des compositeurs français et italiens, presque tous auteurs d'ouvrages pour clavier. Très vite, il s'affirme comme exécutant, à l'orgue surtout, et comme compositeur. Son style en témoigne, qui combine virtuosité et science.

C'est au cours de ces années que Bach épouse en premières noces sa cousine Maria Barbara Lämmerhirt (1707), dont il aura sept enfants, et en secondes noces Anna Magdalena Wilcke (1721), qui lui en donnera treize.

Le cantor de Leipzig

En 1723, Bach devient cantor (maître de chapelle) de l'école Saint-Thomas de Leipzig, poste prestigieux qu'il occupera jusqu'à sa mort. Il y assure aussi bien les cours de latin que l'enseignement musical. Il est également responsable de la musique des trois églises principales de la ville et de celle des cérémonies officielles organisées par l'université ou le conseil municipal, dont il dépend. Dans un temps relativement court, il compose pour l'année liturgique cinq cycles d'environ 60 cantates chacun, dont seuls les trois premiers (1723-1727) ont pour l'essentiel survécu. En 1724 est entendue la première version de la Passion selon saint Jean et, en 1727, celle de la Passion selon saint Matthieu. L'Oratorio de Noël leur fera suite en 1734-1735. En 1733, il a dédié à Frédéric-Auguste II le kyrie et le gloria de la future Messe en si mineur.

La quintessence de l'art contrapuntique

De 1729 à 1737, puis de 1739 à 1741 (ou 1744), Bach dirige les concerts du Collegium Musicum et leur fournit des concertos. Au cours de ses dernières années, il transcende le passé, donnant la quintessence de l'art contrapuntique avec l'Offrande musicale (résultat d'un séjour à la cour de Frédéric II à Potsdam en 1747) et l'Art de la fugue (21 contrepoints et canons écrits en 1749-1750), complétant la Messe en si mineur et révisant des chorals pour orgue.

Devenu aveugle, il recouvre soudain la vue dix jours avant sa mort.

Le dernier héritier de la polyphonie occidentale

Esprit européen, s'inspirant de la musique italienne et française, Bach compose une œuvre qui parachève la longue tradition polyphonique remontant au Moyen Âge et à la Renaissance. Il mène également à terme le baroque musical, fondé sur la basse continue et le style concertant. Son originalité essentielle est de s'être trouvé à la croisée de ces deux chemins, d'en avoir réalisé au plus haut niveau une synthèse unique.

À la tradition allemande, il reprend notamment le choral luthérien, qui vivifie toute sa production, au centre de laquelle se trouve le genre de la cantate. De toutes les formes musicales de son temps, l'opéra est la seule qu'il n'ait pas abordée (mais de nombreux épisodes des cantates s'en rapprochent par l'esprit). Les autres, il les élargit considérablement, tant sur le plan structurel qu'expressif : ses œuvres de musique religieuse, vocale ou instrumentale, valent par la science de l'architecture, l'audace du langage harmonique, la richesse de l'inspiration et la spiritualité qui s'en dégagent.

Un génie sans successeur, et encore à découvrir

Bach n'aura pas d'héritier direct, car, de son vivant déjà, la musique s'oriente dans une autre direction, vers un style nouveau dont les premiers grands représentants sont Haydn et Mozart. Il ne sombrera jamais dans l'oubli, mais sa et les débuts de son immense gloire datent du début du xixe siècle.

Malgré tous les ouvrages d'érudition consacrés à Bach, il reste des inconnues sur l'homme comme sur l'œuvre. On découvre des partitions ignorées ; on discute de l'authenticité de certains concertos de clavecin ; on cherche à reconstituer la Passion selon saint Marc ; on croit savoir que certaines cantates pouvaient être jumelées, comme celles de l'Oratorio de Noël ; on se penche sur l'Art de la fugue pour savoir si un tel corpus était destiné ou non à des instruments.

Principales œuvres de Bach

Les œuvres de Bach sont répertoriées dans le Thematisch-Systematisches Verzeichnis der musikalischen Werke von J. S. Bach, ou Bach-Werke-Verzeichnis (BWV), publié en 1950 par Wolfgang Schmieder.

Musique vocale

cantates : 224 cantates, la vaste majorité étant des cantates d'église, 25 sont des cantates profanes ; quelques cantates sont d'une authenticité douteuse.
7 motets.
messes : Messe en si mineur ; 4 messes « luthériennes » ; 5 sanctus.
magnificat : Magnificat en ré majeur.
passions : Passion selon saint Matthieu ; Passion selon saint Jean ; Passion selon saint Luc.
oratorios : Oratorio de Noël ; Oratorio de Pâques.
chorals : à 4 voix et instruments ; à 4 voix, environ 185.
arias et lieder du Notenbuch (« Petit livre ») d'Anna Magdalena.
lieder spirituels.

Musique instrumentale

Œuvres pour orgue

6 sonates, 24 préludes, toccatas ou fantaisies et fugues. 8 petits préludes et fugues ; environ 145 chorals, dont 46 de l'Orgelbüchlein, les 6 transcriptions « Schübler », chorals du livre III de la Clavier-Übung ; 6 concertos d'après Vivaldi et d'autres compositeurs ; 5 fantaisies ; 3 toccatas ; 3 préludes ; 8 fugues ; 4 trios ; aria.

Œuvres pour clavier

Inventions à 2 et 3 voix ; duos de la 3e partie de la Clavier-Übung ; suites anglaises ; suites françaises ; d'autres suites ; partitas ; Das Wohltemperierte Clavier (le Clavier bien tempéré I, II), 48 préludes et fugues ; 9 préludes et fugues ; 19 fugues ; fantaisie chromatique et fugue ; 5 fantaisies et fugues ; 5 fantaisies ; concerto et fugue ; 7 toccatas ; 4 préludes ; 9 petits préludes du Clavierbüchlein pour W. Friedemann ; 11 petits préludes ; 5 sonates ; Concerto italien ; 16 concertos d'après Vivaldi et d'autres compositeurs ; Variations Goldberg ; Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo.

Œuvres pour luth

2 suites ; 1 partita ; prélude, fugue et allegro ; prélude ; fugue.

Œuvres pour instruments divers

sonates, suites et partitas pour le violon, la viole de gambe, flûte traversière, etc., avec ou sans la basse continue. Concertos : 2 concertos pour violon et 1 concerto pour deux violons ; concerto pour flûte traversière, violon et clavier ; 6 concertos brandebourgeois ; 7 concertos pour clavier ; 3 concertos pour 2 claviers ; 2 concertos pour 3 claviers ; 1 concerto pour 4 claviers.

Œuvres diverses

4 suites pour ensemble instrumental (ouvertures) ; sinfonia ; 7 canons ; Offrande musicale ; l'Art de la fugue.

Citations

« Je joue pour le plus grand musicien au monde : Dieu. Et s'Il n'était pas là ? Je joue comme s'Il y était. »

Johann Sebastian Bach.

« Bach révèle l'intelligence au cœur et pénètre d'amour toute l'intelligence. »

André Suarès, Pages, Éditions du Pavois.

Jean-Sébastien Bach
Jean-Sébastien Bach
Jean-Sébastien Bach, cantate « du Café », BWV 211 (aria)
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Jean-Sébastien Bach, le Clavier bien tempéré, livre 1 (Fugue XVI en sol mineur, BWV 861)
Jean-Sébastien Bach, le Clavier bien tempéré, livre 1 (Fugue XVI en sol mineur, BWV 861)
Jean-Sébastien Bach, Partita pour orgue « Sei gegrüsset », BWV 768
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Jean-Sébastien Bach, Passacaille et Fugue, BWV 582
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Jean-Sébastien Bach, Suite n° 2 en si mineur, BWV 1067 (Badinerie)
Jean-Sébastien Bach, Suite n° 2 en si mineur, BWV 1067 (Badinerie)
Partition de Jean-Sébastien Bach
Partition de Jean-Sébastien Bach
Voir plus
  • vers 1705 Toccata et fugue en mineur, de J.-S. Bach.
  • vers 1720 Les 6 Concertos brandebourgeois, de J.-S. Bach.
  • 1722 Premier des deux cahiers du Clavier bien tempéré, de J.-S. Bach.
  • 1729 Passion selon saint Matthieu, œuvre de J.-S. Bach.
  • vers 1748-1750 L'Art de la fugue, dernier recueil de J.-S. Bach, œuvre didactique réunissant fugues et canons.