Laurent Leblond

Maghreb
Machrek

L'année 1989 s'est ouverte sous le signe de l'unité. Poussée par les contraintes économiques, la communauté arabe semble avoir retrouvé sa cohésion en créant deux nouvelles ententes régionales.

Le 16 février, à Bagdad, le Conseil de coopération arabe (CCA) a réuni, dans la perspective d'une coopération économique, l'Égypte, la Jordanie, le Yémen du Nord et l'Irak. Le 17 février, à Marrakech, les chefs d'État de l'Algérie, de la Libye, du Maroc, de la Mauritanie et de la Tunisie ont proclamé la naissance de l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui prévoit l'intégration des économies des cinq pays maghrébins. Par ailleurs, au sommet arabe de Casablanca (23-26 mai), l'unanimité s'est faite autour de la réintégration de l'Égypte au sein de la Ligue arabe.

La concrétisation des aspirations unitaires arabes est le fruit de la multitude d'événements positifs qui se sont déroulés depuis un an, tant en Afrique du Nord qu'au Moyen-Orient. L'Algérie, quelques mois après les émeutes d'octobre 1988, est entrée dans une ère nouvelle placée sous le signe de la démocratisation. La Constitution adoptée par référendum a mis fin au pouvoir hégémonique du FLN et de l'armée (23 février) et garanti les libertés fondamentales ; les lois sur le multipartisme et le nouveau code électoral ont été votés (2 et 19 juillet). Un nouveau pas vers le règlement du conflit au Sahara occidental a été franchi avec les premiers contacts directs entre le roi Hassan II du Maroc et les dirigeants du Front Polisario (3 janvier). Enfin, le colonel Kadhafi, qui a célébré ses vingt ans de pouvoir (1er septembre), a adopté une attitude plus modérée : amorce de règlement du contentieux avec les États-Unis malgré les deux Mig abattus par l'aviation américaine en Méditerranée (4 janvier), signature à Alger d'un accord pour régler le différend territorial avec le Tchad sur Aouzou (30 août) et réconciliation avec l'Égypte (16 octobre).

Au Machrek, des foyers de tensions demeurent. La Jordanie a connu de graves émeutes provoquées par les mesures d'austérité imposées par le FMI pour redresser l'économie (18-22 avril). L'explosion de deux bombes près de la Grande Mosquée de La Mecque a une nouvelle fois ensanglanté le pèlerinage (10 juillet). Le conflit libanais s'éternise ; l'accord de Taëf (22 octobre) et l'élection d'un président de la République éphémère (5 novembre) ont constitué une tentative pour rétablir la souveraineté nationale du Liban.

En Iran, le 10e anniversaire de la Révolution islamique a été célébré dans un contexte de luttes intestines, de répression et de ruine économique (1er février). Ce climat morose a justifié la nouvelle guerre sainte lancée contre Salman Rushdie et l'Occident (février). La mort de l'imam Khomeyni (3 juin) a ouvert une nouvelle phase dans la vie politique. Ali Khamenei a accédé à la charge de guide suprême (4 juin), tandis que Hachemi Rafsandjani, élu président de la République le 28 juillet, est devenu le nouvel homme fort du régime en vertu de la réforme de la Constitution (28 juillet). Afin de briser un isolement diplomatique incompatible avec sa reconstruction économique, l'Iran a esquissé des ouvertures en direction des pays occidentaux et du Golfe.

Yasser Arafat, nommé président de l'« État palestinien » (29 mars), a lancé une vaste offensive diplomatique pour établir des pourparlers avec Israël, dont il a réaffirmé le droit à l'existence lors de sa visite à Paris (2 mai). Les appels à la négociation ont été repoussés par le Likoud, parti majoritaire israélien, qui a proposé un plan d'élections dans les territoires occupés (6 avril), où les Palestiniens poursuivent leur mouvement d'intifada.

Cependant, un dialogue indirect s'est instauré. Ces initiatives ont reçu l'appui de la diplomatie internationale, qui a multiplié les contacts officiels avec l'OLP, et de tous les États arabes qui, pour la première fois, ont reconnu l'existence d'Israël au sommet de Casablanca.

Marie-Odile Schaller

Asie méridionale

Aux Philippines, après l'annonce de la mort de l'ancien président Marcos le 28 septembre, l'état d'alerte a été décrété : opposée au rapatriement du corps de l'ancien dictateur, Mme Corazon Aquino craignait les manifestations de ses partisans.