Les polémiques sur les réseaux terroristes en Afrique ont été relancées après l'explosion en plein vol d'un DC 10 d'UTA au-dessus du Niger (19 septembre). Des chiffres catastrophiques de progression du SIDA ont été évoqués (Marseille, 20 octobre), mais les écologistes retrouvent l'espoir après l'embargo sur l'ivoire des éléphants, décrété le 2 août par la CEE.

Alain Dubresson

Amérique du Nord

Canada

La courte victoire qu'avait remportée le Parti conservateur de Brian Mulroney aux élections de novembre 1988 a mis celui-ci au pied du mur. Pour son second mandat, le Premier ministre était attendu sur deux fronts : l'accord de libre-échange économique avec les États-Unis et la réduction de la dette publique. L'accord a bien été ratifié, mais l'opinion canadienne, traditionnellement très protectionniste, est restée méfiante. Le second chantier porte sur l'énorme dette publique (51 % du PIB). Dès le mois d'avril, l'équipe de M. Mulroney a présenté un projet de budget plutôt sévère : abandon d'une politique de défense ambitieuse, « profil bas » quant à l'aide au tiers-monde et augmentation sensible de la pression fiscale.

M. Mulroney doit aussi compter avec l'éternelle question québécoise. La « Belle Province », forte de ses succès économiques, s'arc-boute sur son identité linguistique et interdit à sa minorité anglophone tout usage de l'anglais dans ses relations commerciales. L'accord du Lac Meech, qui reconnaissait au Québec le droit d'être une « société distincte », est remis en cause par certaines provinces. C'est dans ce contexte qu'ont eu lieu, le 25 septembre, les élections législatives au Québec. Les libéraux de M. Bourassa ont de nouveau gagné mais on a assisté à la renaissance du Parti québécois, qui, avec ses 40 % de suffrages, n'hésite plus à reparler de la « nécessaire indépendance ».

États-Unis

Au cours de sa première année de pouvoir, George Bush a enterré avec discrétion le fameux projet de « guerre des étoiles » et adopté, face à Mikhaïl Gorbatchev, une attitude dont le principe est celui du « donnant-donnant ». Au mois de décembre, l'entrevue de Malte a permis aux dirigeants des deux superpuissances de pouvoir enfin s'entretenir des bouleversements survenus en Europe centrale et ailleurs. Mais les problèmes les plus cruciaux semblent être nationaux : ce sont la violence, la drogue et la perte de compétitivité.

La violence, c'est la drogue, dont les États-Unis sont les premiers consommateurs au monde, et dont le problème est international. Les autorités américaines ont donc donné leur plein appui au gouvernement colombien dans sa lutte contre les « narcos » du cartel de Medellin. En septembre, M. Bush a présenté un plan de lutte doté de plus de 8 milliards de dollars et, le 20 décembre, il a décidé de lancer l'opération « Juste Cause » au Panama pour s'emparer du général Noriega, homme fort du pays, soupçonné d'être le principal trafiquant de cette région du continent américain.

La montée en puissance de l'économie japonaise inquiète chaque jour davantage les Américains. Le rachat de la Columbia par Sony, puis de l'immeuble Rockefeller à Manhattan par une société nippone a permis à Newsweek d'écrire que les Japonais avaient « acheté une partie de l'âme de l'Amérique ».

Face à ce supposé « déclin de l'empire américain », le président Bush semble s'orienter vers un certain retour aux vieilles valeurs, comme l'amour du drapeau, la loi et l'ordre. Il a d'abord tenté de faire adopter un amendement constitutionnel interdisant la profanation du drapeau national. Le Congrès ne l'a pas suivi. Par ailleurs, en présentant son plan de lutte contre le crime, le président avait préconisé le renforcement des condamnations et, notamment, de la peine de mort. Sur ce plan, il a été entendu, puisque la Cour suprême a estimé que rien ne s'opposait à l'exécution des mineurs de plus de 16 ans ou des retardés mentaux. Mais la grande affaire est la remise en cause de l'avortement. Pendant l'été, la Cour suprême a confirmé la constitutionnalité d'une loi du Missouri refusant l'accès des hôpitaux publics aux femmes désirant avorter. L'opinion libérale s'est mobilisé, mais le président Bush a maintenu une position ferme.