En Thaïlande, où l'économie est florissante, les fruits de la croissance (11 % en 1988) sont très inégalement répartis. Le royaume thaï vient de renforcer ses liens avec les États voisins. Il a poussé la junte militaire au pouvoir en Birmanie à libéraliser son régime, mais, un an après la sanglante répression de Rangoon, le pays subit toujours la loi martiale. Au sein du groupe des « quatre dragons », Taïwan a maintenant dépassé la Corée du Sud : en 1988, le revenu par habitant y était déjà supérieur de 2 000 dollars à celui de son voisin.

En 1989, en raison des grèves, le taux de croissance de la Corée du Sud a diminué : pour la première fois depuis 1986, il devrait être inférieur à 10 %. À Hongkong, le produit intérieur brut a augmenté de 33 % en termes réels sur trois ans, mais la répression politique qui sévit en Chine a provoqué les premières fuites de cadres supérieurs, hors de la colonie britannique.

Commencé le 29 juillet, le retrait des soldats indiens du Sri Lanka devrait s'achever avant le 31 décembre ; mais ce départ n'empêche pas la guérilla opposant le gouvernement du président Premadasa aux « Tigres » tamouls du nord de l'île de se poursuivre.

Le 26 septembre, les dernières unités régulières vietnamiennes ont quitté le territoire khmer, mais cela n'a pas permis de régler pour autant le problème cambodgien. Depuis, la guerre continue, et les 300 000 réfugiés khmers, qui croupissent dans des camps proches de la frontière thaïlandaise, sont menacés d'un rapatriement forcé.

Laurent Leblond

Japon

La maladie de la démocratie japonaise a été étalée au grand jour. Après la mort de l'empereur Hirohito (7 janvier) et l'accession au trône de son fils Akihito, le pays a changé trois fois de Premier ministre en moins de trois mois. Comme toujours, la personnalité choisie appartenait au parti libéral-démocrate, formation au pouvoir depuis 1945 et émanation des zaibatsu, conglomérats industriels qui contrôlent en fait l'archipel.

Le 25 avril, M. Noboru Takeshita, au pouvoir depuis novembre 1987, a présenté sa démission. Comme de nombreux hauts fonctionnaires, grands patrons, représentants de partis politiques, il était impliqué dans le scandale financier Recruit-Cosmos et sa popularité était au plus bas. Le 2 juin, M. Sosuke Uno, ancien ministre des Affaires étrangères de M. Takeshita, l'a remplacé à la tête du gouvernement ; mais pas pour longtemps. Dès le 4 juin, le nouveau Premier ministre était mis en cause pour son infidélité conjugale.

Le 23 juillet, le parti libéral-démocrate a subi une cuisante défaite aux élections sénatoriales : pour la première fois depuis 1955, il ne dispose plus de la majorité absolue à la Chambre haute, où les socialistes ont gagné 15 sièges. Devenu Premier ministre le 9 août, M. Toshiki Kaifu devrait au moins le rester jusqu'aux élections du printemps 1990.

L'activité économique a encore été remarquable. Si l'inflation (2,9 %) a progressé, la croissance a atteint 5,1 % et le chômage (2,2 % des actifs en juillet) a diminué. En juillet, les excédents de la balance des paiements et du commerce extérieur ont atteint respectivement 5,3 et 7 milliards de dollars, ce qui représente une baisse de 18 et 19,8 % en un an. Mais la fermeture du pays aux produits étrangers et l'offensive économique japonaise aux États-Unis, dans la CEE et dans le Pacifique suscitent de plus en plus l'hostilité des gouvernements et des populations concernés.

Laurent Leblond

Pacifique

En 1989, sur le pourtour du bassin du Pacifique, seule la Chine a été le théâtre d'événements spectaculaires, dont la conséquence devrait être un effacement diplomatique au moins relatif et momentané de cette grande puissance. Ailleurs, on a surtout assisté à des évolutions qui confirment les tendances déjà amorcées les années précédentes.

Le Japon semble s'accommoder d'une vie politique cahotante qui ne remet nullement en cause son étonnant dynamisme. La diplomatie soviétique, pour sa part, entretient la percée consécutive au discours de Vladivostok de 1986, principalement, mais pas exclusivement, à l'égard du Japon. Le Viêt-nam fera peut-être les frais de cette volonté gorbatchévienne qui consiste à alléger, dans la zone du Pacifique comme ailleurs, le dispositif militaire de l'URSS. Ainsi, l'évacuation du Cambodge par les troupes vietnamiennes a certainement été approuvée, sinon imposée par Moscou. Le Cambodge lui-même devrait, par voie de conséquence, s'enfoncer un peu plus dans la guerre civile ; mais cet enjeu, mineur aux yeux des grandes puissances, ne constituerait-t-il pas l'abcès de fixation idéal ?