Gilbert Rullière

Industrie

Les restructurations et les concentrations dans les secteurs de la production ont dessiné à travers le monde de nouveaux paysages industriels.

En Europe, l'accélération des processus de concentration a fait naître des structures originales caractérisées par une grande entreprise dominante entourée de quelques entreprises satellites, de plus petite taille (cas dans le secteur des télécommunications de la Compagnie générale d'électricité en France, de Siemens en République fédérale allemande, d'Ericsson en Suède, d'Italtel-Telettra en Italie). Par la suite, afin de résister à la concurrence et d'améliorer leur potentiel technologique, ces mêmes entreprises de nationalités différentes ont été amenées à fusionner sur une base de stricte égalité : chacune conserve 50 p. 100 des actions de la nouvelle entité née de la fusion. C'est de la sorte que se sont alliés, dans le domaine de l'électronique médicale, le Néerlandais Philips et Pickers, filiale de la Britannique General Electric Company, dans celui des composants électroniques civils, le Français Thomson et l'Italien SGS. La formule pourrait être appliquée à d'autres secteurs où la restructuration s'impose à l'échelle européenne, comme la sidérurgie ou la chimie.

Aux États-Unis, c'est une autre évolution qui peut être observée. Ayant à lutter contre la concurrence des pays européens, du Japon et de leurs proches voisins du Pacifique, les industries américaines ont réagi en investissant massivement grâce à des marges de financement plus élevées. Cet effort d'investissement a été précédé ou accompagné de fusions ou d'acquisitions qui ont suscité en même temps une véritable restructuration de l'industrie (corporate restructuring) avec dégraissage des bureaucraties, regroupement d'activités, fermetures d'usines. Ces opérations ont été à l'origine d'une accélération du rythme de croissance de l'industrie manufacturière (1,4 p. 100 l'an entre 1973 et 1980 et 3,3 p. 100 depuis 1980).

Gilbert Rullière

Énergie

En décembre 1986, l'OPEP avait décidé de mettre fin à la « guerre des prix du pétrole » et de rétablir le prix de 18 dollars le baril. Cette stabilisation du prix a été maintenue pendant toute l'année, malgré l'accumulation des stocks et la chute des ventes, aggravée par la baisse du cours du dollar. De même, lorsque l'Iran a bloqué ou freiné le passage des pétroliers (juillet-août 1987), les incidents survenus dans le golfe Persique n'ont pas réussi à entamer cette stabilité. On a même pu constater sur le marché libre des ventes au-dessous du prix officiel. Cette régularisation des prix du pétrole et l'abondance sur les marchés internationaux ne sont pas parvenus à faire oublier le problème de la sécurité des approvisionnements à moyen terme et des risques de tension résultant de l'inadéquation éventuelle de la demande et de l'offre, ce qui, d'ici quelques années, pourrait susciter un nouveau renversement de tendance. Ces risques existent d'autant plus qu'ils sont masqués par le tassement de la demande énergétique dans le monde.

Dans un autre domaine, l'effort entrepris pour développer des sources d'énergie alternative dans le monde a été ralenti, notamment par la révision en baisse des programmes nucléaires dans plusieurs pays, en fonction de la baisse des prévisions de besoins, mais aussi à la suite des réactions provoquées par l'accident de Tchernobyl. La baisse des prix du pétrole a également entraîné un freinage des efforts d'exploration pétrolière. En outre, la conviction d'une hausse continue des prix de l'énergie a éloigné la crainte d'un nouveau choc pétrolier. Sans inciter à un retour aux attitudes antérieures, cette idée a rendu moins vigoureuse l'action en faveur des économies d'énergie. Aussi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), regroupant les pays consommateurs, insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts d'économie d'énergie et d'investir dans les sources de production interne, comme le charbon et les hydrocarbures.

Gilbert Rullière

Industrie automobile

Sous la pression d'une concurrence internationale de plus en plus exacerbée, l'industrie automobile mondiale, en pleine crise, a réagi en 1987 par une réorganisation des firmes. Devant la stagnation de la demande de véhicules, qui s'exprime par une croissance annuelle de 2 p. 100 seulement, et la politique commerciale agressive de nouveaux pays producteurs (Mexique, Brésil, Inde, Corée du Sud), les grandes entreprises européennes, américaines et japonaises ont été contraintes à l'innovation.