La relance dans le secteur des services et des commerces (+ 7 p. 100) et dans une moindre mesure dans le bâtiment et les travaux publics est effective. En revanche, dans l'industrie – représentant 40 p. 100 de l'investissement productif –, la décélération est sensible, la hausse de l'investissement de 12 p. 100 en 1985 étant ramenée à 2,5 p. 100 en 1986 et probablement à 3 p. 100 en 1987.

Les petites et moyennes entreprises, championnes en 1986, se sont montrées plus réservées. Les sociétés privilégient toujours les investissements de productivité au détriment des investissements de capacité. Elles font également un effort pour accroître la part des investissements immatériels (formation, recherche, services aux entreprises), nécessaires à l'efficacité des équipements matériels, et qui sont considérés encore insuffisants en France.

La limitation des débouchés (moindre croissance, concurrence étrangère), les taux d'intérêt encore trop élevés et la préférence des entreprises pour le désendettement et les placements financiers beaucoup plus rémunérateurs sont autant d'obstacles à l'investissement.

Le gouvernement de Jacques Chirac reste confiant dans l'accroissement spontané des dépenses d'équipement, alors que le patronat réclame une aide à l'investissement. Pour l'heure, le retard de la France s'accentue.

Dominique Colson

Consommation

La consommation des ménages devient moins dynamique en 1987 : elle a augmenté seulement de 1,6 p. 100 contre 3,1 p. 100 l'année précédente. Le ralentissement est particulièrement sensible au premier semestre (+ 0,4 p. 100). Si les services continuent de progresser (notamment la santé et les loisirs), les produits manufacturés, en revanche, stagnent plus ou moins (les biens de consommation davantage que les biens d'équipement). Seul le secteur de l'automobile, en particulier grâce à l'allégement de TVA accordé en septembre, enregistre une bonne année.

Les Français dépensent moins, car la rigueur salariale se poursuit : leur pouvoir d'achat baisse (seulement + 1,1 p. 100 en 1987, contre + 3,5 p. 100 en 1986). Jusqu'à présent, ils avaient maintenu leur niveau de vie, d'abord en puisant dans leur épargne, puis en profitant, pour certains, de revenus financiers substantiels, compte tenu de la bonne santé de la Bourse, et enfin en s'endettant : les crédits à la consommation de toutes catégories ont progressé depuis 1983 successivement de 10,15,9 et 17,7 p. 100 pour atteindre + 43,4 p. 100 en 1986 et probablement autant en 1987. Mais, tôt ou tard, l'ajustement est inévitable : la consommation est avant tout fonction du revenu.

L'année 1987 voit également se développer le pouvoir consumériste, grâce à l'action du secrétaire d'État à la consommation et à la concurrence, J. Arthuis. Face à la libération des prix, il s'agit à la fois d'accroître l'information des consommateurs, de mieux les protéger contre les abus et de développer la conciliation. L'abandon de la tarification des chèques par les banques, en début d'année, l'opération vacances en été, puis l'opération rentrée en septembre sont autant d'indices d'une meilleure prise en compte de l'intérêt des consommateurs. De même, une loi élargira leur protection, prévoyant un dédommagement collectif de tous les acheteurs qui subiront un préjudice à la suite d'une faute d'un fournisseur, qu'elle soit civile ou pénale.

Dominique Colson

Finances internationales

Jamais l'évolution des marchés financiers mondiaux n'est apparue aussi fortement contrastée et dramatique qu'en 1987 entre ce que l'on a appelé le « gonflement spéculatif de la bulle financière » et l'effondrement boursier du « lundi noir », le 19 octobre 1987.

Le marché de l'argent a été unifié à l'échelle mondiale par l'informatique et les télécommunications. Les marchés financiers sont interconnectés de telle façon qu'aucune barrière ne s'oppose aux déplacements de capitaux d'un pays à l'autre. Les décisions d'achat ou de ventes de titres peuvent être prises en temps réel ; le marché financier mondial fonctionne en continu vingt-quatre heures sur vingt-quatre : la rotation des fuseaux horaires met tour à tour les grandes places financières au centre des flux. Le marché enregistre des transactions quotidiennes en toutes devises, à tous les taux d'intérêt, pour tous les termes et pour des montants avoisinant 10 000 milliards de francs. La hausse des taux d'intérêt réels, suscitée par les énormes besoins de financement des déficits budgétaires, ont incité les particuliers et les entreprises à rechercher pour leur épargne des placements financiers rémunérateurs. Il en est résulté une abondance de liquidités telle que, sur toutes les places, les transactions se sont accrues de façon vertigineuse. On a alors assisté dans le monde entier à une envolée des cours de la Bourse. Ils ont atteint des sommets inégalés : l'indice CAC (base 100 fin 1981) de la Bourse de Paris passait de 400 environ en décembre 1986 à 460 en avril 1987 ; l'indice Dow Jones de New York rejoignait le point culminant de 2 722 points le 25 août 1987 contre 1 900 points en décembre 1986.