Le test est positif dans 90 % des cas de pré-Sida. Dans la population normale la positivité est de l'ordre de 1 pour 1 000 (1 femme pour 9 hommes). Un test de dépistage positif chez un sujet en bonne santé n'est que la traduction biologique d'une rencontre entre le virus LAV/HTVL3 et ce sujet. Il ne signifie nullement qu'il a ou aura un Sida. Il n'y a aucun moyen clinique ou biologique de savoir si un sujet séropositif asymptomatique est porteur du virus (« porteur sain ») et de prévoir s'il évoluera dans les mois ou années à venir vers un Sida. On estime – ou plus exactement on suppose – que cette évolution pourrait se produire dans environ 5 % des cas. Les sujets ayant un test positif sont exclus du don du sang ; il leur est recommandé de se soumettre à une surveillance médicale régulière et de s'astreindre à de strictes règles d'hygiène. Dans la population à risque, le nombre des sujets ayant un test positif sans signes cliniques est beaucoup plus élevé (25 à 40 % selon les cas) et la surveillance médicale doit être beaucoup plus rigoureuse.

Après les homosexuels, les toxicomanes par injection intraveineuse (héroïnomanes principalement) constituent une population à risque (18 % des cas de Sida). Les injections faites sans asepsie et souvent dans des conditions d'hygiène déplorables sont un des modes de transmission de la maladie par voie sanguine. Étant donné la difficulté de se procurer des seringues (qui sont vendues en pharmacie seulement sur ordonnance), il arrive qu'une dizaine de drogués utilisent la même seringue et la même aiguille « jetables » à usage unique. Comme l'hépatite virale B, le Sida est une « maladie de la seringue ». Aussi le ministère de la Santé envisage-t-il d'autoriser à nouveau la vente libre des seringues.

Le Sida de l'enfant

Le Sida de l'enfant n'est pas exceptionnel. 57 cas ont été recensés aux Centers for Diseases control. Ils représentent 2 % des malades, tant aux États-Unis qu'en France, et se répartissent en deux catégories différentes : 1. enfants de tous âges transfusés ou hémophiles ; 2. nourrissons nés de mère ayant un Sida ou présentant des anomalies biologiques (il est conseillé aux femmes ayant un test sérologique positif de s'abstenir de toute grossesse) ou appartenant à une population a risque (mères toxicomanes, Haïtiennes ou Zaïroises).

Les signes cliniques et biologiques sont semblables chez l'enfant et l'adulte. Chez le nourrisson, la tuméfaction des glandes parotides est un signe fréquent. Le taux de mortalité est élevé.

La progression du Sida

Le Center for Diseases Control d'Atlanta (Géorgie) enregistrai en juin 1981 les 2 premiers cas de Sida. À la date du 15 novembre 1983, les CDC des États-Unis recensaient au total 2 783 cas ; le 13 août 1984, 5 563 cas ; fin 1985, environ 12 000 cas (chiffre non officiel).

En Europe, à la date du 20 octobre 1983, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait enregistré : 17 cas en 1981 (dont 5 en France) ; 67 cas en 1982 (dont 30 en France) ; 164 en 1983 (dont 47 en France). Le total des cas était de 421 en 1984 (dont 180 en France) ; il est de 1 190 en 1985 (dont 390 en France).

La France est le pays européen qui a enregistré le plus grand nombre de cas (avant la République fédérale allemande, la Belgique et la Grande-Bretagne). Il n'y a pas d'informations officielles venant des pays de l'Est.

Il convient de mettre à part la situation dans deux pays : Haïti et surtout le Zaïre. Le virus du Sida (ou un virus proche) y sévirait à l'état endémique (une grande partie de la population aurait des test sérologiques positifs) ; les malades atteints du Sida (ou d'une maladie proche) y seraient nombreux. Néanmoins, aucun recensement sur le terrain n'a été entrepris. Par rapport aux malades occidentaux, on remarque : la faible proportion des malades appartenant aux groupes à risques ; la proportion élevée des femmes malades (25 à 40 %) ; le mode de transmission le plus fréquent par rapports hétérosexuels. Il est très hasardeux, en partant de la pathologie tropicale, d'aboutir à des conclusions pour la pathologie occidentale. Les tréponématoses exotiques (le pian, le carate) sont sérologique-ment et immunologiquement indiscernables de la syphilis, les agents pathogènes (Treponema pertenue et Treponema carateum pour les deux premiers, Treponema pallidun pour la troisième) sont biologiquement et morphologiquement semblables, et pourtant il s'agit de maladies tout à fait différentes, sans aucune mesure quant à leur gravité. En octobre 1985, une nouvelle maladie, associée au virus HTVL3, a été identifiée en Ouganda par Serwadda, sous le nom de slim disease. Elle a tous les signes cliniques et biologiques du Sida (présence d'anticorps anti-HTVL3), mais ne donne pas de complications (ni sarcome de Kaposi, ni infections opportunistes). Cette affection africaine pourrait être au Sida ce que le pian est à la syphilis. Il paraît donc préférable de s'en tenir pour l'instant aux seules constatations faites dans les pays occidentaux.

Le traitement du Sida

Le taux de mortalité du Sida à deux ans dépasse 70 % (250 décès pour 390 cas de Sida en France). Les décès sont dus aux complications cancéreuses, en premier lieu au sarcome de Kaposi (qui n'est pas accessible au traitement) et/ou aux complications infectieuses (qui le sont quelquefois). La prise en charge des malades consiste surtout pour l'instant à combattre, souvent avec succès, les complications opportunistes.