Chez le sujet immunodéprimé, le cytomegalovirus provoque des atteintes d'une extrême gravité : pneumonies sévères (association fréquente avec Pneumocystis carinii), entérocolites nécrosantes, encéphalites, rétinites, infections disséminées. Le virus herpès simplex, qui provoque des ulcérations buccales (type I) ou génitales et péri-anales (type II), peut chez les sujets immunodéprimés prendre une allure extensive avec des atteintes digestives et pulmonaires.

Le virus d'Epstein-Barr (agent de la mononucléose infectieuse), celui du zona, les papovavirus sont retrouvés fréquemment chez les sujets atteints de Sida et peuvent provoquer des infections disséminées.

Les infections bactériennes

Les infections opportunistes bactériennes rencontrées dans le Sida sont surtout le fait des salmonella qui sont à l'origine de syndromes diarrhéiques graves et souvent de septicémies.

Les mycobactéries provoquent des formes sévères de tuberculose pulmonaire, ganglionnaire ou disséminée. Il s'agit non seulement du classique bacille tuberculeux (Mycobacterium tuberculosis), mais fréquemment de bactéries atypiques (Mycobacterium avium intracellarea).

Ces différentes infections ont une gravité variable, certaines sont accessibles au traitement, d'autres échappent à toute thérapeutique. Ce qui aggrave considérablement leur pronostic, c'est qu'elles sont rarement isolées. Plusieurs d'entre elles, dues à des micro-organismes différents, sont le plus souvent associées ou se succèdent à un rythme rapide, un malade atteint du Sida faisant en moyenne cinq complications infectieuses différentes. De plus, ces infections sont non seulement associées entre elles, mais elles se surajoutent généralement aux complications tumorales observées dans le Sida, en particulier au sarcome de Kaposi.

Le sarcome de Kaposi

Cette maladie a été décrite au siècle dernier par le dermatologiste autrichien Moritz Kohn Kaposi. Elle est observée en Europe centrale et sur le pourtour du Bassin méditerranéen ; elle atteint presque exclusivement les hommes âgés de plus de 50 ans.

Le sarcome de Kaposi débute par un œdème des membres inférieurs sur lesquels apparaissent des plaques de couleur variée, rouges, violacées, bleuâtres ou brunes (polychromisme), témoignant d'une prolifération vasculaire, puis des nodules et des tumeurs qui sont parfois ulcérées. Les placards et les tumeurs peuvent envahir tout le corps et donner des complications viscérales (surtout intestinales).

L'affection évolue généralement avec des alternances de poussées et de rémissions pendant une longue période ; la survie dépasse habituellement 10 ans et peut atteindre 20 ans. La nature de cette affection est inconnue (angiosarcome, angioréticulome) et elle porte parfois des noms différents (acrosarcomatose). On la considère généralement comme un sarcome à évolution lente.

À côté de cette maladie de Kaposi viennoise, on a décrit il y a une vingtaine d'année une maladie de Kaposi africaine, en Afrique équatoriale. Elle a une évolution beaucoup plus rapide, mais il semble que ce ne soit pas la même maladie.

Parmi les malades atteints du Sida, un tiers font une maladie de Kaposi. Par rapport au sarcome de Kaposi classique d'Europe centrale, le Kaposi du Sida présente des différences : les hommes atteints sont jeunes (20 à 30 ans au lieu de 50), ils sont immunodéprimés, l'évolution mortelle est beaucoup plus rapide (29 mois en moyenne, 14 mois en cas d'infection opportuniste associée). Histologiquement, il s'agit de la même maladie. Mais pourquoi une affection rare, qui, pendant plus d'un siècle, a eu une étroite localisation géographique (Autriche, Pologne, Italie) a-t-elle gagné les États-Unis, puis est revenue en Europe occidentale ? C'est l'une des nombreuses questions que pose le Sida et qui n'est pas résolue.

Les lymphomes malins

Les lymphomes malins sont des tumeurs cancéreuses développées à partir des ganglions lymphatiques.

Une forme particulière, le lymphome de Burkitt, est observée en Afrique centrale et atteint les enfants ; elle se localise surtout au maxillaire inférieur. Les biopsies de ces tumeurs montrent la présence d'un virus bien connu, le virus d'Epstein-Barr, qui, dans les pays occidentaux, est l'agent d'une maladie bénigne du sang, la mononucléose infectieuse. En Chine, et plus particulièrement à Canton, ce même virus est retrouvé dans les biopsies d'un cancer propre à cette région, le carcinome naso-pharyngien. Il n'y a pas d'explication à ces localisations géographiques préférentielles.