La capacité du nouveau disque dépasse de beaucoup celle du microsillon. Les enregistrements des deux faces d'un 33 tours/minute sont contenus sur une seule face de 12 cm de diamètre du Compact Disc. De plus, le signal numérique, qui permet un flux de près de 1,5 million de bits par seconde (unités d'information), peut aussi véhiculer des données accessoires : par exemple des données permettant la recherche automatique d'un morceau de musique ou procurant la traduction d'une chanson étrangère (le texte pouvant alors être lu sur un téléviseur).

Prix

Pour l'instant, la platine à laser reste un matériel cher, de 7 000 à 15 000 F selon les modèles. Mais des appareils beaucoup moins coûteux seront proposés dans les prochaines années. Progressivement, le Compact Disc prendra la place du microsillon. Ce qui implique une véritable révolution industrielle, les firmes productrices de disques les commercialisant chaque année par dizaines de millions.

Roger Bellone

Industries

Les machines-outils de la troisième équipe

Qu'elles restent isolées dans l'atelier, qu'elles soient intégrées dans des cellules flexibles de production (plusieurs machines d'un même type gérées par un ordinateur central) ou dans le fin du fin, les ateliers flexibles (machines de type différent gérées par un ordinateur central), les nouvelles machines-outils sont désormais dotées d'un environnement qui les rend complètement automatiques. L'objectif, en 1983, est d'utiliser des machines-outils pouvant tourner sans aucune surveillance en remplacement de la troisième équipe (de nuit). Ce qui améliore bien sûr la productivité, mais résout aussi des problèmes de conditions de travail.

Ces machines (essentiellement des tours et centres d'usinage) disposent d'une multitude d'équipements. Pour le chargement des pièces, tout d'abord : on retrouve alors les robots industriels intégrés ou non aux bâtis des machines et les carrousels de palettes. Le soir, avant de quitter l'atelier, l'ouvrier positionne les pièces à fabriquer sur un stock devant le robot ou les bloque sur les palettes. Les pièces seront présentées automatiquement devant l'outil en attendant la relève par l'équipe du matin. Pour des pièces de grandes dimensions, on recourt aux chariots automatiques guidés au sol. Des systèmes de changement automatique d'outils très rapides (10 à 15 s) vont puiser les outils dans des magasins rotatifs pouvant contenir jusqu'à 100 outils. Mais qui dit fonctionnement en automatique dit détection des aléas. Il a donc fallu signaler les outils cassés sur les machines. La solution la plus simple consiste à remplacer les outils avant qu'ils ne faiblissent. Les armoires de commande disposent de logiciels qui prennent en compte les durées de vie calculées des outils et ordonnent les changements. Mais, en cas de bris accidentels, on utilise des dispositifs de détection de coupe (on contrôle le couple et l'avance), des détecteurs de proximité, des palpeurs, des dispositifs optiques, des capteurs d'ondes sonores... Certains constructeurs vont jusqu'à utiliser des jauges de contraintes sur les bagues de roulements à billes des broches ; elles détectent les efforts de coupe. Après détection, ce sont encore les logiciels qui assureront le dégagement automatique des outils brisés, pour éviter d'endommager les pièces, et qui garderont en mémoire les références des pièces qu'il n'a pas été possible de terminer. Et ce n'est qu'un premier pas ; on parle déjà de rayon laser pour détecter les bris d'outils, de liaisons machines-ordinateurs par fibres optiques pour supprimer les parasites électromagnétiques, de capteurs pour contrôler les phénomènes thermiques... Les machines-outils sont en train de devenir plus fiables, plus précises, et elles disposent de capacités d'autocorrection. En un mot, presque des machines « intelligentes ».

L'atelier flexible de Citroën Meudon

Inaugurée en juin 1983, l'atelier flexible d'usinage de pièces prototypes du groupe PSA est remarquable à plusieurs titres. D'abord, il intègre des fonctions jusqu'alors non automatisées dans un atelier de ce type : gestion et manutention des outils coupants (ceux-ci sont mesurés automatiquement et les informations envoyées à l'ordinateur central, qui modifie les programmes d'usinage en conséquence) ; levage des pièces par robot et mesure tridimensionnelle par un robot de mesure. Deuxième originalité : les deux centres d'usinage à commande numérique, le robot de levage et la machine à mesurer sont programmés directement par CFAO. C'est-à-dire qu'on utilise les points caractéristiques des pièces mises en mémoire au moment de la conception assistée par ordinateur (CAO) pour diriger directement les machines. Au total, 75 000 heures d'études, dont 25 000 pour le logiciel, ont été nécessaires pour mettre au point ce 2e grand atelier flexible français après celui de RVI à Bouthéon. L'investissement global représente 45 millions de F.

Michel Defaux

La vision artificielle entre dans l'usine

Les systèmes de vision artificielle travaillant en deux dimensions quittent les laboratoires pour faire leurs premiers pas dans l'industrie. Une caméra vidéo, placée au-dessus des objets à analyser, recueille une image, aussitôt transmise à un ordinateur. Ce dernier numérise l'image, c'est-à-dire qu'il affecte à chaque point une valeur proportionnelle à son intensité lumineuse. En choisissant un seuil de gris, l'opérateur ramène les objets soit à une image noir et blanc, soit à une image avec plusieurs niveaux de gris (64 en règle générale). Cette image est traitée suivant des formules de calcul (algorithmes) plus ou moins complexes pour déterminer les paramètres essentiels de l'objet : centre de gravité, périmètre, surface. Ces informations sont comparées avec celles qui sont en mémoire ; l'ordinateur en déduit la position, l'orientation, la forme de l'objet... Une explication toutefois bien longue pour des opérations qui s'effectuent en quelques secondes.