Les États-Unis relèvent le défi. Les recherches sur les machines intelligentes se poursuivent à l'université de Stanford et au Massachusetts Institute of Technology. En France, il n'existe pas de programme national dans ce domaine, mais toutes les recherches concernant la discipline que l'on appelle désormais « intelligence artificielle » se sont regroupées autour du Club SICO (systèmes informatiques de la connaissance) créé par l'Institut national de recherche en informatique et automatique (INRIA).

Rançon de leur toute-puissance, les ordinateurs doivent se défendre contre la multiplication des fraudes. Aux États-Unis, plusieurs millions de dollars sont détournés chaque année par des Arsène Lupin informaticiens qui parviennent à percer les codes des ordinateurs. Le problème devient si aigu que le premier congrès mondial de protection et de sécurité des systèmes informatiques (Sécuricom 83) s'est tenu à Cannes au début de l'année 1983.

Des restructurations s'opèrent dans l'industrie française de l'informatique. La CII-HB (Compagnie internationale pour l'informatique Honeywell Bull) a subi, pendant deux ans, de lourdes pertes. Dans le cadre d'une politique de développement des industries électroniques, le gouvernement a rattaché à la firme nationalisée deux autres compagnies, la SEMS (qui appartenait à Thomson et qui est spécialisée dans les miniordinateurs) et la Transac (ex-filiale de la CGE, qui fabriquait des terminaux d'ordinateurs). Du coup, la compagnie nationale a repris son ancien nom, symbole d'une informatique française, de Compagnie des machines Bull (CMB). En juillet 1983, la CMB est passée sous la coupe du ministère des PTT et plus particulièrement de la Direction générale des télécommunications, qui doit aider la société nationalisée à surmonter ses faiblesses. En revanche, l'industrie française du logiciel (c'est-à-dire des programmes) est florissante et occupe une excellente place dans le monde.

Françoise Harrois-Monin

Télématique

L'an I de l'annuaire électronique

En juin 1978, le rapport de Simon Nora et Alain Mine sur « L'informatisation de la société » annonçait l'avènement de la télématique : un néologisme qui consacrait le mariage des télécommunications et de l'informatique. Désormais, la voix n'est plus la seule à pouvoir transiter sur les câbles du téléphone. Des informations en provenance des ordinateurs peuvent y cheminer et parvenir dans chaque foyer, dans chaque entreprise, à condition que ceux-ci soient équipés d'un terminal capable de les recevoir et de dialoguer avec l'ordinateur central.

La Direction générale des télécommunications du ministère des PTT, cherchant des applications à la télématique, mit au point l'annuaire électronique. Il s'agissait de remplacer l'annuaire papier par un petit terminal informatique (le Minitel), qui permet d'interroger le centre de renseignements téléphoniques le plus proche et d'obtenir des informations sur les abonnés au téléphone. Une première expérience, en Ille-et-Vilaine, ayant connu un certain succès, il fut décidé d'étendre l'annuaire électronique à l'ensemble du territoire. Le 4 février 1983, Louis Mexandeau, ministre des PTT, rendit public le programme d'équipement de notre pays : après l'Ille-et-Vilaine, la Picardie, l'Île-de-France, la Basse-Normandie, la région Provence-Côte d'Azur, la région Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine, l'Alsace et la région Midi-Pyrénées seront tour à tour équipées. À l'horizon 86, environ 3 millions d'annuaires électroniques devraient être installés en France. Les terminaux seront placés gratuitement chez tous les abonnés volontaires, les autres continueront à recevoir le bon vieil annuaire de papier.

Télétel-3V. Dès lors que des particuliers ou des entreprises disposent, à portée de la main, d'un terminal pouvant dialoguer avec des ordinateurs, pourquoi ne pas leur fournir des services supplémentaires, qui, du même coup, permettraient d'accroître le trafic sur le réseau téléphonique ? C'est en suivant ce raisonnement que le ministère des PTT avait lancé, dès juillet 1981, l'expérience Télétel-3V, dont les résultats ont été connus durant l'année 1983. Dans la région parisienne (à Vélizy, Versailles, Val-de-Bièvre), l'Administration installait gratuitement dans 1 500 foyers des petits terminaux à partir desquels on pouvait obtenir toute une gamme de renseignements (informations administratives, publicitaires, presse, etc.), qui venaient, à la demande, s'afficher sur l'écran. On pouvait également réserver une place de train ou d'avion, acheter par correspondance, communiquer avec sa banque, dialoguer avec un autre abonné, jouer, suivre un cours, etc. Chaque abonné avait ainsi accès à 190 services différents.