Deux films de très haute sensibilité sont déjà apparus sur le marché : un négatif couleurs pour tirages d'épreuves sur papier, le Kodacolor VR 1000, et un inversible pour diapositives de projection, le 3M Color Slide 1000. Tous deux ont une sensibilité de 1000/31°ISO, c'est-à-dire plus du double des films antérieurement les plus sensibles (400/27°ISO).

Colorants

Ces progrès ont été complétés par la mise au point de nouvelles substances formant les colorants dans les couches sensibles, afin d'obtenir des couleurs plus fines et une meilleure tenue au vieillissement.

La plupart des photos en couleurs qui seront prises avec ces films, lorsqu'elles seront conservées dans de bonnes conditions, notamment à l'abri de la lumière et de l'humidité, tiendront facilement une cinquantaine d'années sans altération visible. Certains films de cinéma sont même annoncés avec une tenue de plusieurs siècles. Le progrès est considérable si l'on songe que beaucoup de photos ou de films pris il y a une dizaine d'années ont subi des modifications de couleurs.

Roger Bellone

Le microsillon condamné

Né voilà moins de 40 ans, en 1947, le disque microsillon va disparaître comme avait disparu le 78 tours. Il est condamné par le disque numérique et la platine à laser, lancés sous le nom de « Compact Disc », au début de l'année au Japon, en mars en Europe, en septembre aux États-Unis. L'arrivée du Compact Disc consacre une double révolution technologique ; d'une part, l'enregistrement sonore ne se fait plus selon des procédés analogiques, mais selon des techniques numériques ; d'autre part, le système mécanique fragile constitué par la pointe et le bras de lecture du tourne-disque est remplacé par le rayon laser.

En simplifiant, on peut dire que le son capté par un microphone génère un signal électrique modulé, de nature analogique, c'est-à-dire présentant une structure sinusoïdale continue dont les fluctuations sont identiques à celles des ondes sonores. Ce signal analogique est converti en signal numérique : on ne prend qu'une partie du signal électrique modulé, par tranches, à la fréquence de 44 000 fois par seconde. Le niveau de chacune de ces tranches est mesuré et codé selon une numérotation binaire (0 et 1).

La gravure du premier disque, le « master » (revêtu d'une couche photographique sensible à la lumière), est réalisée par un laser modulé par le signal numérique : au 0 du signal correspond une absence de lumière, au 1 une émission lumineuse qui impressionne la face du disque. Le disque est développé, comme une photo, et les images « en pointillé » de la piste numérique sont dissoutes, se transformant en une ligne de microcuvettes. Le « master » est ensuite utilisé pour créer une matrice destinée au pressage du Compact Disc.

La platine tourne-disque comporte elle aussi un laser, chargé de lire des microcuvettes. Celles-ci font dévier le rayon lumineux, alors que l'absence de cuvette assure sa réflexion vers une cellule photoélectrique qui génère à son tour le signal numérique. Un étage électronique reconstitue enfin un signal analogique, le seul qui puisse actionner la bobine d'un haut-parleur. La chaîne haute-fidélité que possèdent déjà les mélomanes n'est donc pas périmée : il suffit de lui ajouter une platine à laser pour pouvoir lire les disques numériques.

Avantages

Le Compact Disc est moins fragile que le microsillon, car il élimine tout contact mécanique entre sa piste et la tête de lecture. Le disque est donc inusable. L'absence de frottement d'une aiguille dans un sillon conduit aussi à une amélioration de la qualité de l'enregistrement : pas de bruit de fond, ni de distorsion provoquée par une tête qui suit mal les ondulations de la gravure. Le signal numérique élimine d'autres défauts, comme la diaphonie (mélange résiduel des deux voies de la stéréophonie qui existe toujours avec l'aiguille unique lisant les deux flancs du sillon). Bref, la fidélité du Compact Disc est nettement supérieure à la « haute fidélité » du microsillon, à la condition, toutefois, que les enceintes acoustiques utilisées soient suffisamment bonnes pour conserver ce gain de qualité.