Sans déchaîner un enthousiasme général, Télétel-3V connut un succès honorable. L'utilisateur moyen interrogeait son terminal deux fois quinze minutes par semaine ; les familles ayant des enfants de 12 à 14 ans, les ménages de moins de 30 ans utilisaient les services de Télétel plus souvent que les autres ; 6 % des usagers, les fanatiques de la télématique, questionnaient le terminal plus de 30 fois par mois. Le centre informatique qui dirigeait l'expérience de Vélizy s'est transformé en un « Centre d'essai Télétel » : toutes les entreprises qui le souhaitent peuvent y tester les nouveaux services qu'elles se proposent d'offrir au public. Et 3 000 nouveaux terminaux ont été installés dans la région pour élargir l'échantillon de population test.

De nombreux services de télématique se mettent en place à travers la France. Certains s'adressent, comme à Vélizy, à des particuliers : tels sont notamment Gretel, mis au point par les Dernières Nouvelles d'Alsace, le service du Courrier Picard, ceux de la mairie de Rennes et de Ouest-France. En général, les particuliers ont accès à des renseignements administratifs, à des renseignements concernant l'activité culturelle ou sportive de leur ville, à des nouvelles d'actualité, à des informations bancaires, des jeux, des cours, etc. D'autres services s'adressent à des professionnels : agriculteurs, commerçants, médecins, etc. C'est cette télématique professionnelle qui se développe le plus rapidement.

Dans tous les cas, les abonnés à ces différents services peuvent louer aux PTT leur terminal télématique au prix de 70 F par mois s'il s'agit d'un simple Minitel.

Pendant la période 1982-1983, le parc des terminaux Minitel loués par les PTT est passé de 0 à plus de 10 000 unités.

Sur le marché international, la France est l'un des pionniers en matière de télématique. Elle est bien implantée aux États-Unis avec des firmes comme VSA, Matra, Télésystèmes, Intelmatic, qui proposent des terminaux ou des services. Elle a vendu des systèmes du même type que ceux de Vélizy au Brésil, au Koweït, à l'Australie. Mais les Japonais et les Américains entrent dans la course. À l'exposition Videotex 83 (terme qui définit l'adaptation d'un écran de télévision quel qu'il soit à un poste téléphonique), ils ont présenté des terminaux beaucoup plus maniables, plus performants que le Minitel. Pour rester l'un des leaders sur ce marché naissant, les industriels français travaillent à mettre au point des terminaux « intelligents », capables de concurrencer les Américains et les Japonais, et étudient des imprimantes, des lecteurs de cartes, de vidéodisques, etc., pouvant être connectés sur les Minitel.

À long terme, les terminaux de télématique ressembleront de plus en plus à des micro-ordinateurs ; ils seront dotés de mémoires et d'unités centrales ; alors la télématique aura rejoint la télé-informatique.

Françoise Harrois-Monin

Monnaie

Les moyens de paiement modernes
L'avènement de l'électronique

Pour la première fois, un magasin français a été équipé d'un dispositif expérimental permettant aux clients payant par carte bleue de se faire reconnaître simplement en signant sur une tablette sensible : si le client est bien le titulaire de la carte, l'achat est autorisé. En cas de fraude, le voleur est aussitôt démasqué. Cet événement est révélateur du tournant qui se dessine dans les systèmes de paiement, particulièrement en France.

Cartes

Dans ses échanges avec ses semblables, l'homme a toujours pratiqué le paiement, d'abord sous la forme la moins élaborée, le troc, et, plus tard, par des moyens plus perfectionnés tels que la monnaie métallique puis la monnaie fiduciaire (billets de banque) ou scripturale (chèques, effets).

Les moyens de paiement modernes se présentent sous forme de cartes : rectangle de plastique rigide aux dimensions strictement normalisées, ce support se prête très bien aux différentes technologies. La plus ancienne est l'estompage, qui consiste à graver en relief sur la carte le numéro d'identification de son titulaire. Le commerçant étant muni d'une petite imprimante comportant ses propres caractéristiques d'identification en relief, il suffit d'un simple coup de rouleau sur la machine imprimante pour marier sur un document (la facturette) les numéros du commerçant et du client : celui-ci n'a plus qu'à signer le document pour valider l'opération. Avec la date de l'achat et son montant, on a tous les éléments constitutifs d'une transaction, permettant de débiter le client et de créditer le commerçant, déduction faite de commissions destinées à rémunérer les banques de leur charge administrative et du risque qu'elles courent.