La production des 25 millions de vaches de la Communauté atteint 91 millions de t de lait, soit 10 % de plus que la consommation. Le coût des excédents est de 11 milliards de F, soit 40 % des dépenses du fonds européen alors que la production laitière représente 17 % de la production agricole totale.

La Commission propose donc un ensemble de mesures destinées à adapter la production à la consommation. Il s'agit de primes de « non-commercialisation » et de reconversion du cheptel laitier. Innovation dans la politique agricole commune (et importante dérogation dans laquelle certains voient une atlantisation de la CEE), la Grande-Bretagne reçoit une subvention à la consommation de beurre. Estimant insuffisante la proposition de la Commission et trop forte l'augmentation des prix, ce pays retarde d'un mois la fixation des prix agricoles. Les Neuf adoptent le paquet de mesures préparé par l'exécutif européen, dans la nuit du 25 au 26 avril 1977.

Les prix agricoles

L'augmentation moyenne des prix agricoles pour la campagne 1977-1978 est de 3,5 % en unités de compte. Elle s'accompagne d'un petit démantèlement des montants compensatoires monétaires, qui va de 1,8 point pour l'Allemagne à 8 points pour l'Italie. De ce fait, la hausse des prix théoriques dans les différents pays varie autour du taux moyen de 3,5 %. Elle est, par exemple, de 1,7 % en RFA, pays à monnaie appréciée, et de 11,5 % en Italie, dont la monnaie est dépréciée.

En France, compte tenu d'une dévaluation de 3 % du franc vert, qui démobilise d'autant les montants compensatoires, la hausse moyenne est de 6,44 %. Elle s'échelonne de 11,38 % pour les graines de lin à 0,36 % pour l'huile d'olive (blé tendre : 6,61 % ; maïs : 7,95 % ; lait : 6,23 % ; viande bovine : 6,21 % ; viande de porc : 7,74 %).

Les Neuf décident d'autres mesures. L'intervention automatique sur le blé panifiable est assouplie. La production d'isoglucose (sucre de maïs) est taxée. Une cotisation de coresponsabilité de 1,5 % du prix du lait, payable par le producteur à partir du 16 septembre 1977, est instituée malgré l'opposition des organisations professionnelles. D'autant que la taxe prévue sur les importations de matières grasses, végétales et marines, n'a pas été retenue par les ministres.

Élargissement

F.-X. Ortoli ouvre, le 27 juillet 1976, les négociations d'adhésion de la Grèce, qui est associée au Marché commun depuis 1961. Le Portugal et l'Espagne désirant également rejoindre la Communauté, les producteurs de fruits et de légumes ainsi que les viticulteurs s'inquiètent, craignant la concurrence de pays dont les coûts de production sont inférieurs aux leurs. D'autant que les marchés de ces productions sont moins bien garantis par les règlements communautaires que ceux des productions septentrionales.

Face aux partisans, professionnels et politiques, du refus pur et simple de l'élargissement se dégage progressivement la doctrine de ceux qui acceptent l'adhésion des trois pays. À une condition : que les règlements existants soient revus et corrigés.

Avant de céder la place, fin 1976, à Finn Gundelach, Pierre Lardinois avertit le nouveau président de la Commission : pour que la politique agricole commune survive, n'allez surtout pas à Washington. Et il souligne l'ampleur du déficit agricole (5 milliards de dollars) de la CEE avec les États-Unis.

Les industries agricoles et alimentaires

Deuxième secteur de l'économie française, l'industrie alimentaire traverse une année difficile. Sécheresse, suppression de son secrétariat d'État, renaissance du conflit entreprises privées-coopératives, pression de la grande distribution et surtout montée du pouvoir consommateur.

La sécheresse, en diminuant la production agricole, ralentit l'activité de certaines industries alimentaires qui connaissent des difficultés.

Guerre de religion

Le secrétariat d'État, confié en janvier 1976, à Jean Tibéri disparaît, en août de la même année, lors du remaniement ministériel. Il en reste un programme visant au développement des industries agricoles et alimentaires. À l'occasion du Salon international de l'alimentation, le ministre de l'Agriculture annonce la nomination prochaine d'un délégué à ces industries. Celle-ci intervient seulement le 4 mai 1977. La mission de Jean Wahl, ex-chef des services d'expansion économique en Grande-Bretagne, est vaste : élaborer et proposer les mesures destinées à améliorer les structures et la compétitivité de ces industries ; assurer une meilleure adaptation de la production aux besoins de la transformation et du marché, pour développer la commercialisation et les exportations.