La formule des grands magasins a vieilli, incontestablement ; les structures se sont alourdies, et le Printemps n'est pas le seul à connaître des difficultés.

Pour les grands magasins de province, la situation n'est guère meilleure. Les Nouvelles Galeries ont connu une perte de 12,8 millions de F (contre 32,6 millions en 1975). Là aussi, on a réorganisé l'équipe de tête.

Les grands magasins restent un secteur névralgique du grand commerce, dont il faudra suivre l'évolution.

Dernier événement commercial de l'année : la FNAC, fondée par André Essel et Max Theret (768 millions de F de chiffre d'affaires, 6 grands magasins de photo-radio-disques et livres) va passer sous le contrôle des Coopérateurs (14 milliards de F de chiffre d'affaires, 6 800 magasins à dominante alimentaire). Ce n'est pas tout à fait un mariage comme les autres, puisque les COOP, qui appartiennent à 3 millions de coopérateurs, n'ont pas le profit pour but.

Pour les fondateurs de la FNAC, c'est un moyen d'assurer leur succession sans changer la politique consumeriste qui a été la leur, et c'est aussi, dans l'immédiat, acquérir les moyens financiers du développement de l'ensemble.

Transports

La chasse aux déficits

Après la crise de 1975, une certaine reprise s'est manifestée, dans l'ensemble des transports, en 1976 et s'est stabilisée dans les premiers mois de 1977. Au 31 décembre 1976, tous les tableaux de bord s'ornaient donc de courbes d'activité orientées vers le haut : trafic marchandises SNCF en augmentation de 7 %, transport routier en hausse de 5 %, transport fluvial (même lui !) en reprise de 4 %, fret aérien en progression de 30 %. À l'exception de ce dernier, il s'agissait surtout de rattrapage, tant avait été accusée, la chute de 1975, qui ne se trouvait d'ailleurs pas toujours annulée : aussi, le trafic marchandises SNCF est-il resté, en 1976, inférieur de 10 % à son niveau de 1974. Les cheminots pouvaient se consoler en considérant les résultats du trafic voyageurs, en hausse de 4,4 % pour la banlieue, et de 1,8 % sur les autres lignes. Mouvement d'ailleurs général pour les transports de personnes, sur les lignes de la RATP (+ 6,5 %) ou dans les aéroports français (+ 10 %).

Gestion

Bref, après les abîmes de 1975, une année de redressement sans emballement, une année de transition où l'on a ouvert les premiers et modestes chantiers de la nouvelle ligne du TGV (Train à grande vitesse) Paris-Lyon, et attendu, de mois en mois, que Concorde décrochât enfin l'autorisation d'atterrir à New York.

Mais, dans cette grisaille, il y eut un débat intéressant. C'est le ministre de l'Équipement, Jean-Pierre Fourcade, qui fut à son origine, fin novembre, en profitant de la présentation de son budget des transports devant l'Assemblée pour brosser un tableau féroce de la situation financière des entreprises publiques dans le secteur. Dans un climat déjà électoral et dans l'éventualité plausible, de l'arrivée de la gauche au pouvoir avec son plan de nationalisations, le thème rebondit et fut vite à la mode : nationalisation et saine gestion pouvaient-elles aller de pair ?

Aides de l'État

Le fait que le secteur des transports se trouve au cœur du débat n'a rien d'étonnant. Il compte en effet cinq grandes entreprises publiques : SNCF, RATP, Air France, CGM (Compagnie générale maritime), Aéroport de Paris. Qu'elles émargent au budget de l'État n'est pas un fait nouveau, ni scandaleux en soi, puisqu'elles sont toutes chargées d'une mission de service public. Mais les contributions qu'elles réclament de l'État se trouvent en forte augmentation, d'abord en raison de la politique d'investissements suivie ces dernières années dans les transports (et qui compensait parfois des décennies de léthargie, notamment dans les transports urbains), et surtout depuis la crise économique.

En raison de leur statut public, ces entreprises, frappées par la récession autant que n'importe quelles firmes, ont eu apparemment moins que d'autres la possibilité de freiner la hausse de leurs coûts (par exemple, en licenciant) ou d'améliorer leurs recettes (en augmentant leurs tarifs).