Dès le mois de juillet, le gouvernement de Seni Pramot (le Parti démocrate y détient la majorité des sièges) apparaît incapable de faire face à une situation trouble, née de la coalition des forces militaires et de l'aile droite, sinon ultra, de son ministère. Le retour successif à Bangkok, dans le courant de l'été, de deux anciens dictateurs, Prapat et Thanon, déclenche de violentes manifestations étudiantes, dont les militaires vont tirer prétexte pour s'emparer du pouvoir.

Fin septembre, Seni Pramot démissionne ; le 5 octobre, il constitue une nouvelle équipe, mais, le lendemain, c'est le massacre de Thammasat dans l'enceinte de l'université : plusieurs dizaines d'étudiants sont tués par la police. L'armée prend le pouvoir.

La junte, dont l'homme fort est le général Chamamand, procède aussitôt à un certain nombre de mesures d'épuration : progressistes, libéraux et contestataires sont emprisonnés ; les livres subversifs brûlés ; la presse ligotée. Le 22 octobre, la junte confie le pouvoir à un cabinet civil dirigé par Thanin Kraivichien. C'est, en réalité, un gouvernement en liberté surveillée.

Réfugiés

L'anticommunisme de la junte marque un coup d'arrêt à la politique d'ouverture pratiquée par Bangkok depuis la fin de la guerre du Viêt-nam. Les Thaïlandais s'étaient, en effet, efforcés de normaliser leurs relations avec leurs voisins communistes. Dès les derniers mois de 1976, une certaine tension se manifeste aux frontières avec le Laos et le Cambodge, et les escarmouches se multiplient. Au début de décembre, Bangkok renvoie 26 réfugiés cambodgiens (ils seront exécutés, quelques jours plus tard, comme traîtres par les autorités de Phnom Penh). En vérité, la Thaïlande se trouve là confrontée à une situation difficile. Devenue terre d'asile des Cambodgiens, Laotiens et Vietnamiens fuyant leur pays (on évaluait leur nombre à 76 000 au début de 1977), elle ne peut faire face aux innombrables problèmes politiques et économiques que soulève leur présence. D'autant que peu de pays sont prêts à accorder des visas aux réfugiés.

En mars 1977, la Thaïlande et la Malaysia signent un accord de coopération militaire contre le communisme.

Timor

Dili. 670 000. 45.
Institutions. Indépendance proclamée unilatéralement par le Fretilin, le 28 novembre 1975. L'Indonésie annexe officiellement le territoire, le 24 juin 1976.

Turquie

Ankara. 39 180 000. 51. 2,5 %.
Économie. PIB (74) : 769. Production : G(73) 122 + A(74) 143. Énerg. (*74) : 628. C.E. (74) : 5 %.
Transports. (*74) : 5 753 M pass./km, 6 418 M t/km. (*74) : 303 800 + 230 800.  : 995 000 tjb. (74) : 862 M pass./km.
Information. (73) : 450 quotidiens. (73) : 4 033 000. (73) : 257 000. (70) : 1 164 800 fauteuils ; fréquentation : 246,7 M. (74) : 900 000.
Santé. (73) : 18 511.
Éducation. (73). Prim. : 5 324 707. Sec. et techn. : 1 516 880. Sup. : 185 285.
Institutions. République proclamée le 20 avril 1924. Constitution de 1961, amendée en 1971 et 1973. Président de la République : Fahri Koruturk, élu le 6 avril 1973, succède à Cevdet Sunay. Président du Conseil (au 30 juin 1977) : Bülent Ecevit.

Un scrutin ambigu

« Il n'y a pas de vainqueur » dira Suleyman Demirel au lendemain des élections du 5 juin 1977. Des élections que le leader du Parti de la justice, alors chef du gouvernement de coalition, avait lui-même décidées comme un ultime recours devant la crise politique et économique.

La déception est générale : aucun parti ne conquiert la majorité absolue et n'est donc susceptible de former le gouvernement fort qu'attend la Turquie. Certes, Bülent Ecevit et le Parti républicain du peuple (PRP) enregistrent un beau succès : ils gagnent 25 sièges et recueillent 41,4 % des suffrages. Mais avec 213 députés sur 450, le PRP manque de 13 voix la majorité absolue. Son adversaire no 1, le Parti de la justice, qui dominait la coalition gouvernementale jusqu'aux élections, n'est pas désavoué par les électeurs : au contraire, de 171 sièges, il passe à 189. C'est son allié, le Parti du salut national de Necmettin Erbakan qui fait figure de vaincu : il perd près de la moitié de ses élus. Au profit d'un autre parti d'extrême droite resté dans l'opposition, le parti du Mouvement nationaliste du colonel Turkes, qui passe de 4 à 16 députés.

« Minoritaire »

Appelé à former le gouvernement, Bülent Ecevit se refuse aux « alliances contre nature » avec les partis (PSN et PMS) qui sont aux antipodes de ses positions de centre gauche. Il préfère opter, le 21 juin, pour la formule d'un gouvernement homogène minoritaire qui recherchera le soutien de quelques indépendants ou de quelques francs-tireurs. Formule néanmoins fragile pour affronter une tâche immense et appliquer un programme audacieux : Bülent Ecevit démissionne douze jours plus tard.

Violence

Premier impératif : la lutte contre la violence et le terrorisme. Attentats, coups de main, affrontements sont devenus des faits quotidiens. Soixante morts : tel est le bilan de la campagne électorale. Avec le drame du 1er mai à Istanbul. Ce jour-là, 150 000 manifestants se sont rassemblés à l'appel du jeune syndicat Disk, proche du PRP. À la fin de la réunion, un commando « maoïste » intervient, tire sur la foule. C'est la panique : elle fera plus de victimes que les coups de feu. Bilan : 34 morts et 200 blessés.