En revanche, les États-Unis qui, depuis l'arrivée au pouvoir de J. Carter, sont particulièrement sourcilleux à propos des violations des droits de l'homme, font savoir en mai, par la bouche du secrétaire d'État, Cyrus Vance, que la fourniture d'armes américaines ne saurait être liée, en ce qui concerne l'Iran, à ce problème. La répression demeure pourtant sévère. Au cours des douze derniers mois, une demi-douzaine d'opposants ont été passés par les armes et une trentaine de guérilleros tués au cours d'accrochages avec la police. Les représentants de l'opposition à l'étranger estiment qu'en réalité 80 % de ces militants ont été exécutés sommairement ou sont morts sous la torture.

Iraq

Bagdad. 10 770 000. 24. 3,4 %.
Économie. PIB (71) : 429. Production : G (71) 106 + A(74) 148. Énerg. (*74) : 906. C.E. (71) : 36 %.
Transports. (73) : 633 M pass./km, 1 707 M t/km. (*74) : 83 400 + 59 000.  : 311 000 tjb. (74) : 344 M pass./km.
Information. (73) : 4 quotidiens ; tirage global : 226 000. (73) : *1 250 000. (73) : *520 000. (73) : *40 500 fauteuils. (74) : 185 000.
Santé. (74) : 4 545. Mté inf. (72) : 28,2.
Éducation. (73). Prim. : 1 408 929. Sec. et techn. : 404 634. Sup. : 65 481.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1932. République proclamée le 14 juillet 1958. Constitution provisoire du 16 juillet 1970, amendée le 13 juillet 1973 ; un Conseil national (Parlement) ainsi qu'un Conseil des ministres sont créés aux côtés du Conseil de commandement de la révolution (CCR). Régime présidentiel. Président de la République et Premier ministre : Ahmed Hassan el-Bakr, qui succède au général Aref après le coup d'État du 17 juillet 1968.

Recrudescence de l'agitation kurde, coup de frein au développement

Les autonomistes kurdes, qui avaient mis fin à leurs activités après l'accord iraqo-iranien du 6 mars 1 975 (Journal de l'année 1974-75), se manifestent à nouveau. Dès le mois de juillet 1976, des opérations sporadiques et limitées sont signalées contre des postes de l'armée et de la police. Les autorités iraqiennes minimisent, cependant, l'importance de la rébellion ; selon elles, celle-ci est appuyée directement par la Syrie où s'est réfugié Jalal Talabani qui semble avoir repris le flambeau de la révolte kurde après l'effacement de Barazani.

Guérilla

Les peshmerga ont changé leurs méthodes de lutte : évitant tout affrontement direct avec les forces armées iraqiennes, ils ont adopté la technique de la guérilla classique. À la mi-décembre, ils prennent en otages quatre techniciens polonais, travaillant à la construction d'un barrage dans le Nord, pour forcer le gouvernement à autoriser le retour des Kurdes déportés dans le Sud après la débâcle de mars 1975. En février, deux Français et un Algérien sont enlevés à leur tour. Ces prises d'otages n'ont apparemment pour but que d'attirer l'attention du monde sur le problème kurde. En avril, tous les otages sont libérés.

La relance de la guérilla kurde contribue à aggraver les relations entre les deux Baas, iraqien et syrien, déjà passablement tendues à la suite de l'intervention de Damas au Liban. L'Iraq, qui a été l'un des rares pays arabes à prendre ouvertement fait et cause pour la gauche libanaise et les Palestiniens, refuse d'entériner, au sommet du Caire d'octobre, les résolutions de la conférence de Riyad, qui confient à la Syrie la tâche du maintien de la paix au Liban. La tension ne cesse de croître entre les deux pays. En décembre, Damas accuse les dirigeants de Bagdad de téléguider les activités du groupe palestinien dissident Juin noir qui a revendiqué l'attaque de septembre contre l'hôtel Sémiramis dans la capitale syrienne et l'attentat de décembre contre Khaddam, le ministre des Affaires étrangères syrien.

Les Iraqiens, pour leur part, accusent la Syrie d'avoir préparé l'explosion de la valise piégée qui, le 14 décembre, a fait trois morts et dix blessés à l'aéroport de Bagdad. Ils rejettent également sur Damas la responsabilité des incidents sanglants lors des cérémonies religieuses des 5 et 6 février dans les villes saintes chiites de Kerbela et de Nedjef. Le 23 février, une cour spéciale, hâtivement créée, condamne à mort huit personnes et quinze autres à la détention à vie pour leur participation aux troubles.

Disgrâce

Izzat Moustapha et Hassan el Jassem, qui occupaient des postes importants au sein du Baas et du gouvernement, sont, fin mars 1977, expulsés du parti et démis de leurs fonctions officielles « pour l'esprit défaitiste qu'ils ont manifesté dans l'accomplissement de leur tâche ». Longtemps considéré comme le numéro trois du régime, Izzat Moustapha avait présidé le tribunal chargé de juger les responsables des troubles de février. En l'absence de précisions officielles, sa disgrâce a été expliquée par le verdict de la cour spéciale, jugé « trop clément » par les autorités. En réalité, cette disgrâce paraît liée à la lutte pour le pouvoir qui, depuis le début de 1977, a revêtu un aspect aigu. Le vice-président, Saddam Hussein, chef de file de la tendance radicale du parti, rencontre de plus en plus de résistance de la part des éléments de droite du Baas, qui, soutenus par l'armée, mettent en cause l'orientation socialiste du régime en affirmant que celle-ci est à l'origine des difficultés économiques que connaît l'Iraq.