Dès son installation, la nouvelle République doit faire face à de sérieux problèmes économiques, aggravés par le blocus thaïlandais : lutte contre la spéculation et le marché noir et organisation de la production agricole pour permettre au pays de se suffire à lui-même. Les pays socialistes apportent dès lors une aide massive au Laos.

Troubles

Au cours des premiers mois de 1976, c'est dans le domaine proprement politique que les autorités laotiennes semblent avoir le plus de difficultés. Si les dirigeants de la droite et leurs amis ont pu quitter le pays, si les cadres de l'ancienne administration ont été reconvertis au cours d'innombrables séminaires, le consensus national n'est pas évident. La diversité des ethnies (exploitée du temps de la colonisation) ne facilite d'ailleurs pas la tâche du pouvoir. Quoi qu'il en soit, dès le mois de février, des troubles éclatent, « fomentés, affirme le gouvernement, par la CIA et ses valets ». Au mois de mars, le pouvoir dénonce « les actions de plus en plus audacieuses des groupes contre-révolutionnaires » (attentats, sabotages, attaques de convois, etc.). Un climat d'insécurité s'installe jusque dans les villes.

Il y aurait, semble-t-il, trois mouvements de résistance : les montagnards Méo qui avaient été enrôlés par la CIA pendant la guerre, un Front pour la libération nationale et enfin un Comité pour la reconquête de la nation, de la religion et du trône.

Il est impossible de mesurer leur importance réelle, mais leurs actions de harcèlement semblent amener le régime laotien, jusque-là très tolérant (si on le compare à ses voisins), à durcir ses positions.

Liban

Beyrouth. 3 030 000. 295. 3,1 %.
Économie. PNB (72) : 646. Énerg. (*73) : 848. C.E. (72) : 18 %.
Transports. (*73) : 3 M pass./km, 35 M t/km. (*73) : 185 900 + 21 400.  : 120 000 tjb. (73) : 1 419 M pass./km.
Information. (70) : 52 quotidiens. (70) : *600 000. (72) : *320 000. (70) : 86 600 fauteuils ; fréquentation : 49,7 M. (72) : 227 000.
Santé. (73) : 2 300.
Éducation. Prim. (71) : 175 538. Sec. et techn. (70) : *162 000. Sup. (71) : 44 296.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1944. Constitution de 1926. Président de la République : Elias Sarkis, élu le 8 mai 1976, succède à Soliman Frangié (signataire de l'amendement constitutionnel du 10 avril 1976). Premier ministre : Rachid Karamé.

La tragédie libanaise

Après une très relative accalmie en juillet et en août 1975, la guerre civile se poursuit et s'intensifie. Diverses médiations entreprises par des personnalités libanaises, par des gouvernements arabes ou des puissances étrangères se soldent par des échecs. La proclamation d'une quarantaine d'accords de cessez-le-feu demeure sans effet. La guerre civile, au contraire, s'amplifie, s'étend progressivement de Beyrouth à la majeure partie du pays, lequel se scinde en deux secteurs autonomes, l'un chrétien conservateur, l'autre à prédominance musulmane, contrôlé par les forces progressistes.

Le bilan établi en juin 1976 est effroyable : les combats et les massacres ont fait plus de 30 000 tués et 80 000 blessés ; les pertes matérielles sont évaluées à plusieurs dizaines de milliards de F ; l'infrastructure du pays est virtuellement détruite ; la paralysie de la vie économique réduit tout un peuple au chômage, à la sous-alimentation, voire à la famine ; l'État, qui perd les uns et les autres des principaux attributs, est en décomposition avancée.

Complexité

À première vue, les événements du Liban étonnent. Les divergences d'ordre politique, économique, social, institutionnel, quel que soit le degré de leur gravité, ne justifient nullement un tel déchaînement de violence, cette fureur autodestructrice et, surtout, l'incapacité des antagonistes à ébaucher un compromis. Les incohérences, les subites volte-face, les comportements contradictoires des uns et des autres désorientent l'opinion mondiale, y compris celle du Liban.

La conjoncture est d'une rare complexité. Elle est d'autant plus difficile à analyser au jour le jour que les deux camps libanais en présence ne sont pas homogènes, que les ingérences étrangères sont nombreuses et, le plus souvent, occultes, que les intérêts en jeu sont enchevêtrés, que les alliances tactiques sont nouées successivement ou simultanément avec des partenaires engagés dans des camps opposés.