Dès le 7 novembre, en effet, une mutinerie secoue les casernes. Trente-quatre officiers sont tués, dont Khalid Mosharaff. Son règne a duré quatre jours. De jeunes soldats politisés, proches du Parti socialiste national (PSN), mouvement farouchement nationaliste et anti-indien, ont inspiré ce contre-coup d'État. Ils demandent l'avènement d'une armée sans classes et portent au pouvoir le général Ziaur Rahman, ancien chef d'état major qui devient le nouvel homme fort d'un triumvirat militaire. Le président Sayem ne joue plus qu'un rôle symbolique.

Autorité

Cependant, Ziaur Rahman n'est pas un révolutionnaire. Refusant d'accéder aux exigences des militaires gauchistes, il arrête, le 26 novembre, les deux principaux dirigeants du PSN, qu'il a fait libérer trois semaines auparavant. L'accent est mis désormais sur l'unité, l'ordre, la discipline. Ziaur Rahman consolide son autorité en mettant sur pied une police spéciale forte de 12 500 hommes d'élite.

Aux frontières, la situation reste troublée. Le Bangladesh accuse l'Inde d'encourager la guérilla. New Delhi se contente périodiquement de démentir. À la mi-mai 1976, le maulana Bashani, vieux dirigeant paysan, prend la tête d'une marche pacifique vers l'Inde, pour protester contre le détournement (au détriment du Bangladesh) d'une partie des eaux du Gange, provoqué par la mise en service du barrage indien de Farakka. L'aventure s'achèvera piteusement. La réconciliation avec le Pakistan aboutit en janvier 1976, lorsque Dacca et Islamabad échangent des ambassadeurs.

Il reste aux anciens frères ennemis à régler deux dossiers : le rapatriement des milliers de Biharis encore au Bangladesh et la répartition des dettes contractées avant 1971.

En reconnaissant le régime de Dacca le 31 août 1975, la Chine retrouve, sur les flancs de l'Inde, les positions perdues quatre ans plus tôt. Le premier chargé d'affaires chinois au Bangladesh arrive fin janvier 1976 à Dacca. Mais les Américains demeurent les premiers pourvoyeurs de l'aide étrangère (750 millions de F en 1975-76). Les dirigeants bengalais désirent obtenir de Washington la fourniture d'armes modernes.

Surpopulation

Grâce à une excellente mousson et au renforcement de la lutte contre la contrebande, le Bangladesh bénéficie d'une récolte record. À tel point que 200 000 t de riz (sur un total de 7,5 millions de t) pourrissent faute d'avoir été stockées en temps utile. Pour dégager des surplus, le gouvernement importe néanmoins du grain. Le spectre de la famine (qui fit 30 000 morts au moins à l'automne 1974) s'éloigne pour un temps.

Les soubresauts politiques n'affectent guère la masse paysanne. La surpopulation reste la maladie suprême du Bangladesh. Dans ce pays-delta quatre fois plus petit que la France, la densité démographique est la plus forte au monde : 530 habitants au kilomètre carré (contre 120 en Inde). Le taux d'accroissement annuel atteint 3,1 %. À ce rythme, le pays aura 165 millions d'âmes en l'an 2000. En janvier 1976, le régime militaire lance une campagne d'explication sur ce thème. Douze mille visiteurs médicaux distribuent contraceptifs et conseils. Mais 1 % seulement des couples pratiquent le contrôle des naissances. S'ajoutant aux autres maux (analphabétisme, malnutrition, chômage, endettement rural...), le surpeuplement fait du Bangladesh un cas limite de sous-développement.

Bhoutan

Punàkha et Thimphu. 1 035 000. 22 2,3 %.
Information. (71) : 1 500 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M.
Éducation. (71). Prim. et Sec. et techn. : 10 176.
Institutions. Monarchie. Souverain : Jigme Singhi Wangchuk ; succède, le 24 juillet 1972, à son père Jigme Dorji Wangchuk, décédé. Le roi exerce le pouvoir exécutif depuis 1954. Les relations internationales du Bhoutan sont assurées par l'Inde.

Birmanie

Rangoon. 30 310 000. 44. 2,3 %.
Économie. PNB (72) : 82. Production (73) : G 108 + A 116. Énerg. (*73) : 64. C.E. (73) : 4 %.
Transports. (*73) : 3 073 M pass./km, 598 M t/km. (*73) : 31 700 + 34 300. (73) : 45 M pass./km.
Information. (72) : 7 quotidiens ; tirage global : 264 000. (73) : 627 000. (72) : 302 600 fauteuils ; fréquentation : 222,5 M. (73) : 29 000.
Santé. (72) : 3 635.
Éducation. (69). Prim. : 3 328 000. Sec. et techn. : 699 615. Sup. : 45 891.
Institutions. République indépendante proclamée le 4 janvier 1948. Constitution du 4 janvier 1974 ; remplace la Constitution de 1947 et fait du pays une République socialiste. Chef de l'État : général U Ne Win. Premier ministre : U Sein Win.

Cambodge

Phnom Penh. 7 890 000. 43.
Économie. PNB (70) : 129. Énerg. (*73) : 24. C.E. (70) : 4 %.
Transports. (*73) : 54 M pass./km, 10 M t/km. (72) : 27 200 + 11 100. (73) : 16 M pass./km.
Information. (70) : 16 quotidiens ; tirage global : 70 000. (72) : *1 100 000. (67) : 28 800 fauteuils ; fréquentation : *20 M. (72) : 9 000.
Santé. (71) : 438.
Éducation. (71). Prim. : 484 088. Sec. et techn. : 102 222. Sup. : 10 425.
Institutions. État indépendant le 9 novembre 1953. République proclamée le 9 octobre 1970. Arrivée des Khmers rouges : 17 avril 1975. Constitution ratifiée le 3 janvier 1976. Chef de l'État : Khieu Samphan, élu le 14 avril 1976, succède au prince Norodom Sihanouk, démissionnaire le 2 avril 1976. Premier ministre : Pol Pot.

Le nouveau régime s'entoure d'une chape de silence

L'épais rideau de secret et de silence dont s'est entouré le régime cambodgien ne s'est pas entrouvert cette année. Les seuls échos que les observateurs ont pu rassembler sont (outre la radio officielle) des témoignages de réfugiés et de groupes de résistants cachés dans la jungle.