– Le 7 février 1972, le président Nixon a signé une loi instituant divers contrôles sur le financement des campagnes électorales. La nouvelle législation fixe à 10 cents (0,50 F) par électeur potentiel la somme que les candidats pourront engager pour louer tous les moyens possibles de communications de masse.

Argentine

23 210 000. 8. 1,5 %.
Économie. PNB (69) 828. Production : G (68) 126 ; A (*63) 102 ; I (69) 151. Énerg. (*69) : 1 544. C.E. (69) : 8 %.
Transports. (*69) : 14 146 M pass./km, 12 949 M t/km. (68) : 1 184 500 + 674 600.  : 1 266 000 tjb. (*69) : 2 127 600 000 pass./km.
Information. (66) : 176 quotidiens ; tirage global : 2 914 000. (68) : *9 000 000. (69) : *3 100 000. (69) : 887 900 fauteuils ; fréquentation : 98 M. (69) : 1 668 246.
Santé. (69) : 45 340.
Éducation. (68). Prim. : 3 238 936. Sec. et techn. : 887 236. Sup. : 265 303.
Institutions. République fédérale. Président : général Alejandro Lanusse, nommé le 26 mars 1971 par la junte militaire (au pouvoir depuis le coup d'État du 29 juin 1966) qui a destitué le général Levingston le 23 mars 1971. Constitution de 1853, amendée par le Statut de la Révolution (29 juin 1966). Le président assume tous les pouvoirs.

Objectif démocratie

« Les forces armées devront se garder d'intervenir dans le processus politique qui commence. » Ce processus politique n'est autre, pour le général Lanusse, que le retour vers un gouvernement civil. Comme gage de sa bonne volonté, il reçoit les principaux dirigeants des formations politiques, inclut les communistes dans la loi autorisant l'existence des partis, restitue la dépouille mortelle d'Eva Peron à l'ancien président exilé en Espagne depuis 1955 et avec lequel il engage des négociations presque directes. Enfin, et surtout, il fixe les élections présidentielles et législatives au 25 mars 1973.

Lanusse se bat sur deux fronts. D'abord contenir, rassurer et, si possible, convaincre les militaires, principal obstacle à révolution démocratique du régime. La perspective d'un pouvoir civil, le retour en force du péronisme abhorré, notamment par la marine, enfin des mutations et des promotions à caractère politique provoquent, le 8 octobre 1971, une rébellion qui tourne court. Le président Lanusse en sort renforcé. Le second front est constitué par la lutte contre la subversion. L'état de siège en vigueur depuis 1969 permet d'arrêter les guérilleros, désignés comme les ennemis de la démocratie, et de les faire traduire devant un tribunal d'exception qui juge de façon expéditive et sans appel.

On peut croire la partie gagnée lorsqu'on entend le général Alcides Lopez Aufranc, connu pour son hostilité à la politique gouvernementale, déclarer : « Le processus qui doit aboutir au rétablissement des institutions s'accomplira inexorablement »... Mais, quelques jours plus tard, tout est remis en cause. Tandis que la situation économique et sociale se dégrade (avec notamment les émeutes sanglantes de Mendoza du 4 au 7 avril 1972), surviennent l'enlèvement puis le meurtre, le 10 avril, par les trotskistes de l'Armée révolutionnaire du peuple (ERP), d'Oberdan Sallustro, président de la filiale de Fiat. Le même jour est assassiné le commandant de la IIe région militaire, le général Juan Carlos Sanchez, connu pour son zèle dans le démantèlement des réseaux de guérilleros, à Rosario, et qui aurait pu être le candidat militaire aux élections de 1973. En juin circulent des rumeurs de complot.

Peron

Parmi les forces politiques en présence, la plus massive est incontestablement celle qui s'exprime à travers le courant péroniste. Dix-sept ans après le départ de Peron, le mouvement justicialiste représente encore plus d'un tiers des électeurs. Le retour de son chef et la perspective des élections prochaines devraient réduire les dissensions qui existent au sein du mouvement.

La tactique de Peron semble être, par ses consignes de modération et par des accords avec les autres grandes formations, d'encourager la politique de conciliation de Lanusse, sans désavouer tout à fait les mouvements extrémistes qui se réclament encore de lui ; rassemblement peu homogène, allant des guérilleros Monteneros et des Prêtres du tiers monde jusqu'aux éléments de droite de la CGT. Tous les obstacles juridiques étant levés pour son retour, Peron, âgé de 77 ans, annonce sa candidature à l'élection présidentielle et cherche à cristalliser sur son nom, au moins provisoirement, l'espoir diffus d'une révolution pacifique.