Mais l'évolution du style cubain et la nouvelle répartition des forces en Amérique latine ne suffisent pas à empêcher le rejet, le 8 juin, par l'OEA, d'une résolution péruvienne tendant à permettre aux États membres de renouer des relations diplomatiques et économiques avec Cuba.

À cette date, Fidel Castro se trouve en Pologne, l'une des étapes d'un long voyage entrepris au début de mai dans neuf pays socialistes d'Afrique et d'Europe de l'Est : la Guinée, l'Algérie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne, l'Allemagne de l'Est, la Tchécoslovaquie et l'Union soviétique. Il ne s'était jamais rendu en Afrique et retourne à Moscou pour la première fois depuis 1964. À l'heure où Nixon est officiellement reçu par les dirigeants du Kremlin, Fidel Castro juge utile de plaider lui-même sa cause auprès du bloc socialiste, dont Cuba demeure étroitement dépendante.

Économie

Certes, le nouveau réalisme économique prôné le 21 décembre a-t-il permis de renverser la tendance catastrophique de 1970. Le président du Conseil demande aux ouvriers de surveiller les coûts de production, de respecter des normes de travail et d'abandonner les investissements ambitieux. En 1971, la production de ciment dépasse un million de tonnes. Celle de la chaussure augmente de 118 % par rapport à l'année précédente. Mais la récolte de canne à sucre (6 millions de tonnes) reste inférieure de 2,5 millions de tonnes à celle de 1970, à cause de la sécheresse.

Dans l'état actuel de l'économie cubaine, le gouvernement de La Havane ne peut se passer de l'aide de Moscou, où le président Dorticos, précédant Fidel Castro, s'est rendu en décembre. Cette assistance, d'un montant de plus de 1 100 millions de roubles en 1971, fixe toujours les limites de l'indépendance et de la diplomatie cubaines.

Équateur

6 300 000. 24. 3,4 %.
Économie. PNB (69) 251. Production : G (64) 107 ; A (*69) 133. Énerg. (*69) : 270. C.E. (69) : 12 %.
Transports. (*69) : 86 M pass./km, 61 M t/km. (*69) : 25 500 + 34 000. (*69) : 243 903 000 pass./km.
Information. (69) : 25 quotidiens ; tirage global : 250 000. (69) : *1 200 000. (67) : *71 000. (66) : 114 600 fauteuils ; fréquentation : 15,1 M. (69) : 94 300.
Santé. (67) : 1 991.
Éducation. (67). Prim. : 897 539. Sec. et techn. : 151 197. Sup. : 19 600.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1945 (suspendue en 1946 et rétablie le 18 février 1972). Président et chef de l'exécutif : général Guillermo Rodriguez, qui renversa, le 15 février 1972, José Velasco Ibarra.

Coup d'État

Pour la quatrième fois de sa carrière, le président José Maria Velasco Ibarra est renversé, le 15 février 1972, par les chefs de l'armée et se réfugie à Buenos Aires. Son mandat devait expirer en août, après les élections générales prévues pour le 4 juin. Pour les militaires, il s'agit avant tout d'empêcher l'élection probable à la présidence d'Assad Bucharam, ancien préfet du département de Guayas (Guayaquil), dont les partisans avaient toutes chances de remporter les élections législatives. Le succès croissant de ce populiste se fondait sur la montée du mécontentement dans le pays, due à la persistance des problèmes tant intérieurs qu'extérieurs.

Avant son éviction, Velasco Ibarra a pourtant pris quelques initiatives spectaculaires, dont celle de faire arraisonner tous les navires de pêche nord-américains surpris à l'intérieur de la limite des eaux territoriales, portées à 200 milles. En 1971, 52 thoniers sont ainsi saisis, ce qui conduit à la suspension des livraisons de matériel militaire de la part des États-Unis. Aussi, lorsqu'il reçoit, le 25 août 1971, Salvador Allende, chef de l'État chilien, et, en novembre, Fidel Castro, président du conseil révolutionnaire cubain, le président équatorien peut-il apparaître comme l'un des tenants de la politique anti-impérialiste en Amérique latine.

Curieusement, les militaires se déclarent d'emblée nationalistes et révolutionnaires. Le général Guillermo Rodriguez, commandant en chef de l'armée, assume les fonctions de chef de l'État, tandis que se forme une junte gouvernementale comprenant les commandants des trois armes. La Constitution de 1945, abolie par l'ancien président Ibarra comme bolcheviste, est rétablie.