La responsabilité des incidents sanglants du 10 juin 1971 (28 étudiants tués), qui ont provoqué de larges remous dans l'opinion, est attribuée à une organisation paramilitaire, les Faucons. Double résultat : la droite du régime est provisoirement neutralisée et une série de démissions s'ensuit, dont celle du ministre de la Justice lui-même ; l'opinion est favorablement impressionnée par la manière dont le gouvernement Echeverria traite cette affaire.

Au nom de l'ouverture démocratique, mais aussi pour donner un cadre légal à l'opposition, le gouvernement se dit prêt à autoriser la création de nouveaux partis politiques, à côté de la principale formation de l'opposition, le Parti d'action nationale. En février 1972, l'élection de Jesus Reyes, libéral, proche du président, à la tête du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir, marque un répit dans la lutte interne entre les factions libérales et conservatrices.

Vis-à-vis des guérilleros, affectés par la mort de Genero Vasquez Rojas, dirigeant de l'Association civique nationale révolutionnaire, le gouvernement pratique la politique de la carotte et du bâton. Arrestations et libérations se succèdent, et, dans une certaine mesure, se compensent ; libérations parfois forcées comme celle de 9 prisonniers politiques, en novembre 1971, en échange de Castrejon Diaz, recteur de l'université de Guerrero, enlevé par des guérilleros.

Nouveaux marchés

L'économie reste le véritable problème. Sur le plan intérieur, il s'agit de maintenir le taux de croissance aux alentours de 6 %. La prise de contrôle par l'État (51 % des actions) de la dernière mine de cuivre où il n'était pas majoritaire illustre la politique de mexicanisation de l'industrie. Dans le même temps, la nouvelle loi agraire devrait entraîner une relance de la collectivisation des terres.

Mais c'est surtout vers l'extérieur que le gouvernement multiplie les initiatives, afin d'échapper à la sphère de dépendance nord-américaine. Le commerce extérieur se fait, jusqu'à présent, pour 60 % avec les États-Unis, mais le déficit ne cesse de croître. L'établissement de liens diplomatiques avec la Chine et le voyage du président au Japon notamment, en mars 1972, visent surtout à ouvrir de nouveaux marchés et à trouver de nouvelles sources de capitaux. Sur le marché latino-américain, les entreprises privées manifestent une forte propension à investir dans tout le continent.

Nicaragua

1 980 000. 13. 3,7 %.
Économie. PNB (69) 380. Production (68) : G 143. Énerg. (*69) : 328. C.E. (69) : 21 %.
Transports. (68) : 35 M pass./km, 13 M t/km. (*69) : 24 400 + 8 700. (*69) : 75 380 000 pass./km.
Information. (67) : 7 quotidiens ; tirage global : 91 000. (69) : *107 000. (69) : *45 000. (63) : fréquentation : 7,5 M. (69) : 25 634.
Santé. (68) : 933.
Éducation. (67). Prim. : 247 065. Sec. et techn. : 34 221. Sup. : 5 144.
Institutions. République. Constitution de 1950 abrogée en septembre 1971. Une junte exerce tous les pouvoirs jusqu'en janvier 1974.

Partage

Anastasio Somoza Debaile, dont la famille gouverne le Nicaragua depuis 1936, ne pouvait pas, selon la Constitution, se représenter aux élections présidentielles après l'expiration de son mandat, le 1er mai 1972. Un accord entre les libéraux du chef de l'État et les conservateurs de Fernando Agüero vient à point nommé tourner la difficulté : les deux partis conviennent de se partager les responsabilités gouvernementales pour trente mois dès l'échéance du mandat d'A. Somoza, à raison de 60 % pour les libéraux et de 40 % pour les conservateurs. Pendant cette période, une junte provisoire, composée d'un libéral et d'un conservateur, assumera le pouvoir. Ainsi A. Somoza pourra-t-il se présenter légalement aux élections de 1974.

Compte tenu de ce programme, le Congrès décide, en septembre 1971, de se dissoudre et d'abroger la Constitution. L'élection de l'Assemblée constituante, le 6 février 1972, donne 60 sièges aux libéraux et 40 aux conservateurs, conformément aux proportions arrêtées entre les deux partis.