La CFT nouvelle manière a donné naissance à une nouvelle société, France-Couleur, présidée par Sylvain Floirat ; celui-ci contrôle 90 % du capital, le reste étant dans les mains de la CFT. La participation de la Compagnie industrielle française des tubes électroniques (CIFTE), fille de la CGE, de la Thomson-Brandt et de Radio-Belvu, avait été un moment envisagée, mais l'entreprise y a finalement renoncé. La CIFTE est l'un des deux constructeurs français de lampes (noir et blanc, et couleurs), l'autre étant la Radiotechnique (groupe Philips).

L'opération n'est pas sans risque — le tube pourra-t-il être sorti en grande série avant qu'un rival ne le coiffe sur le poteau ? Mais ce risque vaut d'être pris. Si la lampe française couleurs pouvait être produite industriellement, l'électronique française réaliserait de substantiels profits. En 1975, les ventes dans le monde de ces petits écrans et le produit des licences s'élèveraient à 3 milliards de francs, soit environ deux fois le chiffre d'affaires actuel de l'électronique française.

Poursuivant l'application du plan calcul, le gouvernement a signé, le 16 décembre 1967, une convention avec un groupement d'intérêt économique, créé à cette fin, et qui rassemble la COSEM, du groupe CSF, la SESCO, du groupe Thomson-Brandt, et la Société industrielle de liaisons électriques (SILEC).

L'État lui accordera, en 1968 et en 1969, 20 millions de francs de crédits d'études, dont l'essentiel proviendra du regroupement en une seule tirelire des contrats de recherches accordés par divers organismes intéressés par les circuits intégrés (CII, Délégation ministérielle à l'armement, CNES, CNET). À partir de 1970, les crédits publics pourraient être triplés. La Radiotechnique Compelec (groupe hollandais Philips), sans être associée à la convention, continuera à recevoir des aides pour la recherche en micro-électronique.

La construction électrique et électronique (elle emploie 337 106 salariés) a progressé en 1967 de 6 % en volume, mais cette cadence s'est améliorée au cours du premier semestre de 1968.

Le taux de 6 % est inférieur à l'objectif annuel du Ve plan (+ 7,7 %) et surtout à la cadence moyenne de développement de cette industrie depuis une décennie (+ 10 %).

La reprise des ventes des biens de consommation (récepteurs de radio et téléviseurs, matériel d'éclairage, lampes...) était attendue au cours des premiers mois de 1968. Il est vrai qu'en 1967 elles avaient été franchement mauvaises dans le secteur de radio et télévision.

Les circuits intégrés

Les composants (actifs et passifs) représentent environ 40 % de la valeur totale des productions électroniques, et ils forment la base de l'ensemble des productions de cette branche. Le groupe américain Bell possède le quasi-monopole des brevets déposés pour ces nouveaux dispositifs.

L'usine pilote de Saint-Égrève

Le Shadow mask, qui équipe encore tous les récepteurs de télévision en couleurs, à quelque système qu'ils se rattachent, est fabriqué par la firme américaine RCA, ou sous licence cédée par RCA. La firme américaine est donc seule maîtresse du marché. La fabrication de ces tubes est, par ailleurs, délicate et son prix de revient élevé. Le tube français présente de multiples avantages ; sa mise au point industrielle se poursuit dans l'usine pilote de Saint-Égrève (Isère), où la CSF (Société mère de la CFT), se propose de le produire en grande série.

Bâtiment

Le gouvernement relance le secteur social

La construction de logements, malgré une conjoncture maussade, a pu se maintenir en 1967. Ce résultat est dû principalement à la progression enregistrée dans le secteur HLM (HLM locatives : + 10 % par rapport à 1966), tandis que le nombre de logements avec primes et prêts du Crédit foncier diminuait sensiblement.

L'augmentation des HLM apparaît aussi au niveau des mises en chantier en 1967 (HLM locatives : + 18 %), tandis que le secteur privé sans prêts accuse une baisse de 7 % et que le secteur non aidé tombe de 110 063 logements à moins de 100 000.

Un salarié sur sept

Inquiets de la mévente qui frappait environ 40 000 logements trop chers ou mal situés, les promoteurs privés ont hésité à entreprendre de nouvelles opérations. Les pouvoirs publics ne pouvaient pas accepter la dégradation d'un secteur fondamental pour l'activité industrielle et l'emploi.