La production de la branche industrielle du bâtiment et des travaux publics atteignait, en 1965, un montant de 74 milliards de francs, soit 18 % de la production intérieure brute. Représentant d'une manière assez constante 57 % du montant global des investissements, la branche bâtiment-travaux publics utilise près de 10 % de la population active du pays.

La construction, l'amélioration et le gros entretien du logement représentent la moitié des investissements de cette branche, dont la force d'entraînement est trois fois plus forte que celle de l'industrie automobile. Le bâtiment, à lui seul, emploie un million de salariés.

La stagnation de son activité s'est déjà répercutée en 1967 sur les effectifs de la main-d'œuvre, notamment ceux des travailleurs étrangers, dont le nombre a pratiquement diminué de moitié en trois ans : 36 619 personnes en 1967, contre 65 115 en 1964.

Georges Pompidou annonce, fin 1967, dans un entretien télévisé, un plan pour un « secteur prioritaire », afin de relancer l'économie. Il s'agit de la construction et ce plan est promulgué en janvier 1968 par le ministre de l'Équipement et du Logement, François-Xavier Ortoli. Il vise surtout à mieux répartir l'aide de l'État.

Un secteur intermédiaire

L'augmentation, ces dernières années, des loyers HLM a eu pour résultat de les mettre hors de portée des familles les plus défavorisées.

La suppression, en 1964, des logécos, logements intermédiaires entre les HLM et les logements bénéficiant de prêts du Crédit foncier, laisse un vide pour une catégorie de classes moyennes, qui se rabattent alors sur les HLM, qui ne leur sont pas normalement destinées. La tentative de créer un secteur intermédiaire, celui des ILN (immeubles à loyers normaux), ayant échoué, il était nécessaire de reprendre le problème à zéro.

Malgré le succès du marché hypothécaire et de l'épargne-logement, l'accession à la propriété restait encore difficile pour toute une partie des candidats, notamment les jeunes ménages et les cadres moyens demandant des prêts du Crédit foncier.

L'ensemble des mesures gouvernementales va donc tendre à rapprocher les prix des logements des ressources des familles :
– création d'une nouvelle catégorie de logements locatifs destinés aux catégories sociales moyennes les ILM (immeubles à loyer moyen), dont les loyers s'intercaleront entre ceux des HLM et ceux des logements financés par les prêts spéciaux classiques ;
– augmentation de 10 % en province et de 20 % dans la région parisienne du montant des prêts familiaux attribués tant dans le secteur HLM que dans celui des primes et prêts ;
– réduction progressive des loyers des HLM, grâce à une baisse de 5 % des prix plafond. En même temps, les plafonds des ressources qui commandent l'accès aux HLM seront abaissés de 10 %, et les surloyers seront appliqués de façon plus stricte ;
– création d'une nouvelle catégorie de logements destinés aux catégories les plus modestes : les PLR (programmes à loyer réduit), aux loyers Inférieurs à ceux des HLM, grâce à des conditions de financement privilégiées.

Réduction du coût

Ces mesures représentent l'affectation de 450 millions de francs de crédits supplémentaires. Par ailleurs, la réduction du coût de la construction est toujours recherchée par la simplification des normes et des procédures administratives, et l'abaissement du prix des terrains et des équipements dans les zones à urbaniser en priorité (ZUP).

Dans ces domaines, abordés tous deux dans la loi d'orientation foncière, le gouvernement cherche à obtenir des résultats rapides.

Chimie

Les regroupements se font attendre

La croissance de la production de l'industrie chimique française au cours de l'année 1967 a été à peu près conforme aux prévisions du Ve plan, c'est-à-dire voisine de 9 %.

Le contraste entre ce rythme élevé et la relative stagnation de la plupart des branches industrielles dissimule un tassement de l'expansion, que fait ressortir une analyse plus détaillée — notamment dans le commerce extérieur —, et cache une lenteur inquiétante dans l'évolution des structures de l'industrie chimique française et dans son adaptation aux exigences de la compétition internationale.

Les plastiques en tête

Sur la lancée d'une excellente fin d'année 1966, l'expansion avait été élevée au début de 1967. Puis les taux de croissance se sont affaiblis, et c'est seulement à l'automne que la reprise s'est légèrement manifestée.