Toutefois, les pétroliers géants, qui représentent les trois quarts du carnet français, ne concernent que les grands chantiers : Chantiers de l'Atlantique, Chantiers navals de La Ciotat et Chantiers de France-Gironde, dont la charge est ainsi assurée à peu près jusqu'en 1970.

La situation des constructeurs de navires de faible tonnage est tout autre ; la demande, déjà très faible en 1967, l'est demeurée au début de 1968.

Les chantiers, dans leur ensemble, continuent à souffrir de l'agressivité de la compétition internationale, aiguillonnée par l'hégémonie japonaise ; elle contraint les constructeurs français à accepter des commandes à des prix très bas. Les commandes sont d'autant moins intéressantes qu'elle concernent des bâtiments peu spécialisés, de construction assez simple. C'est le cas des pétroliers géants, contrairement aux paquebots, totalement absents des chantiers français, ou aux navires méthaniers, dont la commande stagne actuellement, ou encore aux navires porte-containers, dont le développement est relativement lent.

Malgré l'âpreté de la concurrence, le taux d'exportation des chantiers français s'est élevé à 30 % en octobre 1967, contre 20 % en janvier de la même année. Ce taux est exceptionnel. Les constructeurs estiment pourtant qu'il devra être dépassé largement dans les années qui viennent pour assurer une charge suffisante à leurs chantiers.

Deux groupes

À court terme, cet objectif sera d'autant plus difficile à atteindre que trois pays, ayant dévalué leur monnaie à la fin de 1967, se retrouvent en excellente position sur les marchés internationaux. Il s'agit de la Grande-Bretagne, du Danemark, et d'un nouveau venu, l'Espagne, qui investit beaucoup dans son industrie navale.

Au printemps 1968 six chantiers ont signé des contrats professionnels avec le gouvernement. Ce sont eux qui devraient, à terme, constituer les deux grands groupes nécessaires à la restructuration de la profession : Chantiers de l'Atlantique, de Nantes et Dubigeon - Normandie, d'une part ; Chantiers de La Ciotat, de Dunkerque et de La Seyne, d'autre part.

Électricité et électronique

Concentrations et intervention de l'État

Pour faire honneur à son engagement envers l'Union soviétique, le gouvernement français a décidé de participer au développement et à la mise au point du tube cathodique français (brevets Henri de France) pour récepteurs de télévision en couleurs.

Il a poursuivi la mise au point industrielle du plan calcul (qui prévoit la mise en place d'une industrie française des calculateurs) en signant, en accord avec les industriels, une convention des composants électroniques (circuits intégrés). Ces deux événements ont marqué les douze derniers mois de l'industrie française de la construction électrique et électronique, dont l'expansion s'est révélée médiocre.

Cette année a vu, d'autre part, deux importants regroupements d'entreprises. En septembre 1967, celui de la Thomson-Brandt (3,2 milliards de chiffre d'affaires ; 39 000 travailleurs ; 40 usines) et de la Compagnie de télégraphie sans fil CSF (1,5 milliard de chiffre d'affaires ; 28 000 travailleurs, une quinzaine d'usines) ; en février 1968, celui de Thomson-Brandt (pour la partie de ses activités tournées vers l'électroménager) et du groupe Claret, premier constructeur français de réfrigérateurs (chiffre d'affaires de l'ordre de 800 millions de francs ; 7 000 travailleurs ; 18 usines).

Pour les tubes couleurs, l'État a pris une participation dans la Compagnie française de télévision (CFT) ; la présidence en a été confiée à Jean Cahen-Salvador, conseiller d'État, ancien président de Nord-Aviation. L'État entend ainsi accélérer la construction de la lampe et, le cas échéant, arbitrer entre les industriels associés dans cette affaire.

L'État dispose du quart du capital de l'entreprise ; sa mise est pour l'essentiel représentée par une créance (10 millions de francs) correspondant aux prêts de développement accordés précédemment.

La CFT nouvelle formule est une société de brevets. Elle percevra les redevances dues par des entreprises (CSF, EMO et Perrin) qui ont repris les études et les travaux menés jusqu'à présent par l'ancienne CFT : sur les matériels professionnels (codeurs, décodeurs, émetteurs) liés au procédé Secam, et sur la transistorisation des circuits pour récepteurs de TV.