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« De toute façon » : la forme la plus courante et la plus neutre
C’est celle que vous croiserez partout. Dans les journaux, les romans contemporains, les rapports professionnels, les e-mails polis : « de toute façon » est aujourd’hui la forme majoritaire. Pourquoi ? Parce qu’elle est simple, fluide, et surtout, admise par tous les dictionnaires. Elle signifie : « quoi qu’il en soit », « peu importe la manière », « dans tous les cas ». En gros, c’est l’option passe-partout. Quand vous hésitez, c’est celle-là qu’il faut choisir.
L’Académie française elle-même la reconnaît comme forme usuelle. Ce n’est pas une concession au langage parlé, mais une stabilisation progressive de l’usage écrit. Elle apparaît régulièrement à partir du XIXe siècle, au moment où les expressions orales commencent à s’installer durablement dans la langue littéraire.
« De toutes façons » : une nuance plus précise (mais moins employée)
Et pourtant… écrire de toutes façons n’est pas une erreur. C’est même une forme légitime, bien que plus rare. Elle signifie « de toutes les manières possibles », avec une insistance sur la diversité des façons. C’est plus imagé, plus expressif, mais aussi plus ambigu si l’on ne connaît pas la différence. On retrouve cette tournure chez certains auteurs qui aiment jouer avec les rythmes et les sens multiples de la langue. Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec de jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. (Boris Vian).
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Mais attention : cette forme peut être perçue aujourd’hui comme un archaïsme ou une coquetterie de style. Elle n’est pas fautive, mais elle peut surprendre. Dans un contexte formel ou administratif, elle est même déconseillée. En revanche, dans un roman, un essai littéraire ou une analyse de style, elle a toute sa place.
Pourquoi les deux formes coexistent (et ce que cela dit de la langue)
Cette double acceptation n’est pas une aberration. Elle reflète une réalité plus vaste : la langue française est un équilibre mouvant entre norme et usage. Les académiciens eux-mêmes, dès 1835, ont acté cette pluralité dans leur dictionnaire. Le Larousse distingue encore les deux, l’ambiguïté fait partie du charme.
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Il y a donc bien une différence de sens, mais elle reste subtile et souvent négligée. Dans 95 % des cas, on écrira de toute façon. Et dans les 5 % restants, on choisira de toutes façons pour appuyer la variété des alternatives.
Que faire pour ne plus jamais hésiter ? Choisir la simplicité
Mon conseil : si vous ne voulez jamais vous tromper, utilisez toujours de toute façon. C’est la forme la plus sûre, la plus reconnue, la plus universelle. Et si vous avez une âme d’écrivain, un goût du mot rare ou une envie de surprendre, alors de toutes façons peut être un clin d’œil savant à une tradition plus expressive. Mais pour le reste ? Inutile de se compliquer la vie.


