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- Moins d’un élève sur deux sait identifier le verbe « être » dans une phrase pourtant élémentaire
- Un symptôme plus large : la grammaire peine à trouver sa place dans l’enseignement actuel
- Des exercices classiques aux résultats inattendus : ce que révèlent vraiment les évaluations
- Repenser l’apprentissage de la grammaire dès le début du primaire : une priorité urgente
Moins d’un élève sur deux sait identifier le verbe « être » dans une phrase pourtant élémentaire
L’un des exercices demandait aux élèves de repérer le verbe conjugué dans quatre phrases simples. Parmi elles : « Victor est un nouvel élève de l’école. » Sur cette phrase, pourtant banale, seulement un élève sur deux a su identifier le verbe « être » correctement. Un chiffre inquiétant quand on sait à quel point ce verbe est fondamental dans la langue française.
En comparaison, 80 % des élèves ont su reconnaître un verbe conjugué du 1er groupe au présent. Cela montre bien que le blocage n’est pas sur la conjugaison en soi, mais sur la nature même du verbe « être », qui semble moins repérable dans certaines phrases. Il est pourtant omniprésent dans la langue française, et sa reconnaissance devrait être acquise dès les premières années d’apprentissage.
Comment un mot aussi central que « être » peut-il devenir invisible aux yeux des enfants ? Cela interroge aussi sur leur capacité à identifier les fonctions grammaticales de base : sujet, verbe, complément. Des repères pourtant essentiels pour toute construction syntaxique.
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Un symptôme plus large : la grammaire peine à trouver sa place dans l’enseignement actuel
Pour Sylvie Mulleret, formatrice en orthographe, ce constat révèle un problème structurel : « Les élèves ne font plus assez d’analyse grammaticale pour repérer spontanément le sujet et le verbe. » Cette perte d’habitude affaiblit leur capacité à comprendre les mécanismes fondamentaux de la langue. Elle pointe du doigt une tendance à privilégier les activités de production écrite ou de compréhension au détriment des exercices techniques.
Le verbe « être », en particulier, joue un rôle complexe : il peut être à la fois verbe principal et auxiliaire. Cette double fonction, selon elle, est trop peu expliquée. Or, comprendre « être » est la clé pour appréhender les temps composés et les accords essentiels à l’écrit. Lorsqu’il est auxiliaire, il modifie la structure même de la phrase. Ne pas l’identifier revient à perdre le sens ou à faire des fautes d’accord systématiques.
Des exercices classiques aux résultats inattendus : ce que révèlent vraiment les évaluations
Parmi les autres tâches demandées, on retrouve des exercices basiques comme accorder un adjectif : « des rois cruels »ou « la jolie veste ». D’autres ciblaient la reconnaissance des temps : « Ils auront une bonne note » (futur antérieur), « J’ai un nouveau cahier » (passé composé). Ces formulations ne sont pas nouvelles, elles sont même très classiques, issues du socle commun.
Ces évaluations, pensées pour couvrir l’essentiel, montrent une chose : ce n’est pas la complexité des phrases qui bloque les élèves, mais l’identification de structures grammaticales simples. Il ne s’agit pas ici de demander plus, mais de revenir à l’essentiel, et d’y consacrer plus de temps et de constance.
Repenser l’apprentissage de la grammaire dès le début du primaire : une priorité urgente
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Pour pallier ces lacunes, Sylvie Mulleret plaide pour un retour méthodique à l’analyse grammaticale. Pas seulement pour « faire des règles », mais pour redonner du sens. Apprendre à repérer un verbe, c’est poser les bases de toute l’écriture. L’objectif n’est pas d’enseigner par cœur, mais de construire des réflexes de lecture et d’analyse.
Elle recommande des exercices quotidiens, même courts, pour aider les élèves à développer des automatismes. Et surtout, à ne plus passer à côté de mots aussi fondamentaux que « être ». Car quand on ne reconnaît plus le pilier de la phrase, c’est toute la structure qui vacille. À long terme, c’est aussi leur capacité à écrire clairement, à argumenter, à comprendre les consignes qui s’effrite. Ce n’est pas un simple enjeu d’école, mais un véritable enjeu de citoyenneté linguistique.


