L'ancien Premier ministre, 67 ans, se suicide d'une balle dans la tête au bord d'un canal près de Nevers, ville dont il était maire depuis 1983. Les raisons de ce geste demeurent inexpliquées, le défunt n'ayant pas laissé de lettre. On évoque les retombées de l'affaire du prêt Pelat (prêt de 1 million de francs sans intérêt, consenti à M. Bérégovoy par l'homme d'affaires compromis dans le scandale des initiés de Pechiney), l'amertume de la défaite sans précédent de la gauche aux élections de mars, la solitude d'un homme d'extraction modeste. M. Bérégovoy est enterré le 4 à Nevers, en présence d'une foule nombreuse et de représentants de toute la classe politique. À cette occasion, François Mitterrand prononce un discours dans lequel il stigmatise les « chiens » qui ont souillé l'honneur d'un homme « au prix d'un double manquement » aux « lois de notre République » et à « la liberté de chacun d'entre nous ». La veille, François Léotard, ministre de la Défense, s'en était pris dans un article publié dans le Monde à des émissions de télévision comme « les Guignols de l'info » et au Canard enchaîné qui, selon lui, pratiquent une « nouvelle culture », celle de la « dérision » et du « fascisme élégant du quant-à-soi ».

À l'occasion de la fête du 1^er-Mai, les communistes et les militants du front de salut national (FSN, coalition conservatrice et nationaliste) manifestent leur opposition à Boris Eltsine et s'opposent violemment aux forces de l'ordre. On déplore un mort, un policier, et plus de deux cents blessés.

Le président Ranasinghe Premadasa est assassiné à Colombo par un homme porteur d'une bombe qui tue – dans le même temps – une vingtaine d'autres personnes. Les rebelles tamouls du TLET (Tigres de libération de l'Eelam tamoul) démentent être à l'origine de cet attentat et suggèrent de chercher les responsables du côté de l'opposition cinghalaise, dont le leader, Lalith Athulathmudali, a lui-même été assassiné par un inconnu le 23 avril.

Le 7, Dingiri Wijetunga (premier ministre) devient président et Ranil Wickremesinghe est nommé à la tête du gouvernement.

Trois Noirs attaquent à l'arme automatique un hôtel d'East London, tuant cinq clients blancs et en blessant sept autres. Le lendemain, cinq généraux à la retraite annoncent à la presse qu'ils ont formé un comité pour imposer « un règlement négocié acceptable par tous les groupes d'Afrique du Sud », c'est-à-dire les Blancs du Parti conservateur, le parti zoulou Inkhata et les gouvernements des Bantoustans. On apprend également que les chefs adjoints de la police et de l'armée ont assisté à la réunion constitutive de ce comité, au cours de laquelle il a été dit que « les Afrikaners (les Blancs) n'étaient pas prêts à vivre sous la loi de l'ANC, et qu'ils se mobilisaient activement pour l'affronter au sein d'un front uni ». (chrono. 7/05)

Réunis dans la banlieue d'Athènes, les présidents de Serbie, de Yougoslavie et du Monténégro obtiennent du président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, qu'il signe le plan Vance/Owen. Celui-ci ne le fait qu'à la condition suspensive de la confirmation de son engagement par les députés serbes de Bosnie. Le plan Vance/Owen a été modifié pour autoriser des corridors de dix kilomètres de large dans le nord de la Bosnie, reliant entre elles les zones à dominante serbe. (chrono. 5/05)

Matra et British Aerospace s'associent dans une société commune, spécialisée dans les missiles tactiques. Le nouvel ensemble représentera un chiffre d'affaires annuel d'environ 10 milliards de francs. Matra, qui a préféré cette alliance anglaise à un rapprochement franco-français avec Aérospatiale, entend s'imposer ainsi comme le n^o 1 en Europe dans ce domaine.

Björn Engholm, le président du SPD, démissionne de son poste et de toutes ses fonctions politiques après avoir été contraint d'avouer qu'il avait menti dans l'affaire Barschel. Uwe Barschel, son adversaire CDU dans le Land du Schleswig-Holstein, s'était suicidé en 1988 après avoir été convaincu de diffamation et de manœuvres déloyales à l'encontre de M. Engholm. En fait, six ans après les faits, il est apparu que M. Engholm avait lui-même manipulé Barschel et menti en déclarant à la commission parlementaire chargée de l'affaire qu'il ignorait alors les machinations de son concurrent. (chrono. 13/06)

Les sidérurgistes des Länder orientaux entament la première grève officielle en ex-RDA depuis 1933. Le syndicat IG Metall entend ainsi protester contre les différences de salaires existant entre les deux parties de l'Allemagne, mais également contre ce qu'il suppose être un volonté du patronat de remettre en cause, à travers tout le pays, le processus de négociation globale avec les centrales syndicales pour le ramener au niveau des entreprises. (chrono. 14/05)

Face à la crise latente de la presse écrite (érosion des ventes, effondrement du marché publicitaire), Alain Carignon, ministre de la Communication, annonce un plan d'urgence de 200 millions de francs d'aides supplémentaires.

L'affaire du sang contaminé est jugée en appel devant la treizième chambre de la cour d'appel de Paris. Ce nouvel examen avait été réclamé par le parquet. Plusieurs avocats des parties civiles (hémophiles transfusés avec du sang infecté par le virus du sida) demandent un renvoi en assises, pour empoisonnement, des docteurs Michel Garretta, Jean-Pierre Allain et des professeurs Jacques Roux et Robert Netter, mais n'obtiennent pas satisfaction. (chrono. 13/07)

Le procès de Markus Wolf, ancien chef des services secrets de RDA, s'ouvre à Düsseldorf. Âgé de 70 ans, accusé de haute trahison et risquant la prison à perpétuité, M. Wolf estime que son procès est politique et qu'on a fait de lui un « bouc émissaire ».

Les députés du Parlement autoproclamé des Serbes de Bosnie refusent d'accepter le plan Vance/Owen et renvoient la décision finale à un référendum prévu les 15 et 16 mai. Slobodan Milosevic, président de la Serbie, décide le 6 d'instaurer un embargo total (à l'exception des vivres et des médicaments) à l'encontre de ses compatriotes de Bosnie-Herzégovine. (chrono. 16/05)

À la suite d'un conflit entre le maire UDF Paul Alduy et son premier adjoint RPR Claude Barate, le conseil municipal de Perpignan est dissous en Conseil des ministres. (chrono. 13/06)

Le film de Jean Marbeuf, Pétain, une reconstitution avec Jacques Dufilho et Jean Yanne dans les rôles du chef de l'État français et de Laval, sort sur les écrans. Après le film documentaire de Claude Chabrol, l'Œil de Vichy, ce deuxième film sur la période la plus sombre de l'histoire nationale fait de 1993 l'année de la levée d'un tabou.

Présidée par le procureur général près la Cour des comptes Jean Raynaud, la commission nommée le 2 avril par Édouard Balladur pour établir le bilan de la situation sociale, économique et financière de la France remet son rapport provisoire. Il apparaît que le déficit budgétaire risque d'atteindre à la fin de 1993, entre 320 et 360 milliards de francs (soit près du double de ce qui était prévu dans la loi de finances votée en décembre 1992), tandis que le déficit de la sécurité sociale se situerait autour de 60 milliards et celui de l'assurance chômage (UNEDIC) autour de 12 milliards. Le déficit total des finances publiques de la France atteindrait ainsi les 6 % du PIB (contre, fin 1992, 3,2 % en Allemagne, 6,1 % en Grande-Bretagne et 10,5 % en Italie). (chrono. 10/05)

Statuant sur l'affaire René Trager (industriel nantais accusé d'avoir touché et reversé des commissions occultes pour l'importation de matériel médical de pointe destiné à l'hôpital de Nîmes), la chambre d'accusation de la cour d'appel de Rennes estime que des charges continuent à peser sur Georgina Dufoix, ancien ministre des Affaires sociales et ancien député de Nîmes, dont le cas ne saurait relever d'une juridiction ordinaire mais de la seule Haute Cour. M^me Dufoix décide alors de démissionner des ses dernières fonctions officielles de déléguée à la lutte contre la toxicomanie.

24 des 26 partis représentés à la conférence sur l'avenir de l'Afrique du Sud se sont mis d'accord sur l'organisation, dans un délai de douze mois, des premières élections générales sur une base non raciale. Seuls le Parti conservateur et les délégués du Ciskei n'ont pas signé l'accord. (chrono. 7/09)

Dès le premier tour, le président sortant, Hassan Gouled, 87 ans, est réélu pour un quatrième mandat successif aux élections présidentielles avec 60 % des suffrages exprimés. L'opposition dénonce les « fraudes massives ».

Arie Deri, ministre de l'Intérieur et leader du parti religieux Shass, présente sa démission pour protester contre le maintien au gouvernement de M^me Shulamit Aloni, ministre de l'Éducation, dont il dénonce les positions laïcistes. Le Premier ministre Yitzhak Rabin, qui a besoin de l'appui parlementaire du Shass, résout provisoirement la crise en assumant lui-même la responsabilité des deux départements ministériels.

Quatre ans après la chute du dictateur Alfredo Stroessner, 1,5 million d'électeurs sont convoqués aux premières élections présidentielles démocratiques, sous contrôle international, de l'histoire du pays. Juan Carlos Wasmosy, candidat du parti Colorado, au pouvoir depuis près d'un demi-siècle, remporte le scrutin avec 40 % des suffrages et remplace le général Andrès Rodríguez (qui ne pouvait être réélu, selon la nouvelle constitution d'août 1992). Cet homme d'affaires de 54 ans sera le premier civil à accéder à la magistrature suprême. Mais il n'a pas la majorité au Parlement.

Réunie jusqu'au 14 à Kyoto, la Commission baleinière internationale (CBI) maintient le moratoire sur la chasse à la baleine, malgré la forte opposition du Japon et de la Norvège, qui dénoncent la pression des organisations non gouvernementales. En outre, il est décidé d'étudier la création d'un sanctuaire baleinier en Antarctique et d'élargir la compétence de la CBI aux petits cétacés comme les dauphins.

Édouard Balladur rend public le plan du gouvernement d'assainissement financier et de soutien à l'activité économique. L'objectif est de ramener le déficit public à 2,1 % du PIB d'ici à 1997, tout en rééquilibrant en deux ans le système de protection sociale. Le plan prévoit une ponction fiscale supplémentaire de 67 milliards de francs par an, qui pèsera essentiellement sur les ménages : la CSG (contribution sociale généralisée) passera de 1,1 % à 2,4 % ; l'essence augmentera de 28 centimes au litre et la taxation des alcools de 16 %. Pour soutenir l'économie, il est prévu d'allouer 12,9 milliards de francs en 1993 à l'emploi, aux PME et au bâtiment, puis 20,5 milliards en 1994 aux travaux publics.

Le gouvernement présente aux députés la proposition de loi réformant le Code de la nationalité et déjà votée par le Sénat en 1990. Ce texte, inspiré de près par les travaux de la commission Marceau Long de 1988, prévoit principalement que les enfants nés en France de parents étrangers manifestent, de façon explicite entre 16 et 21 ans, leur volonté de devenir français. Plusieurs députés de la majorité, autour de Philippe de Villiers, réclament un durcissement du texte, tandis que l'opposition évoque le climat de xénophobie. Le texte est finalement adopté le 13 par 276 voix contre 88. Plusieurs restrictions supplémentaires au texte initial ont été votées (délai pour l'acquisition par un étranger de la nationalité française, après mariage avec un Français, porté de un an à deux ans, possibilité pour le gouvernement de s'opposer à une naturalisation pour « indignité ou défaut d'assimilation », etc.), mais la frange libérale de la majorité (autour de Claude Malhuret) estime que l'essentiel a été préservé.

L'écrivain britannique Salman Rushdie, condamné à mort par le régime iranien pour son livre les Versets sataniques, est reçu pour la première fois par le Premier ministre, John Major. Plusieurs membres du Parti conservateur et de nombreux représentants de la communauté musulmane de Grande-Bretagne se déclarent indignés par cette audience. (chrono. 2/07)

Les combats reprennent à Kaboul, réduisant à néant le cessez-le-feu signé le 7 mars, sous l'égide de l'Arabie Saoudite, de l'Iran et du Pakistan. Fort de sa nouvelle alliance avec les forces ouzbeks du général Rachid Dostom, le ministre de la Défense, Ahmed Shah Massoud, lance l'offensive contre les forces fondamentalistes du Hezb, dirigées par Gulbuddin Hekmatyar. (chrono. 23/05)

Le chef d'état-major de l'armée annonce que la Belgique entrera « bientôt et de façon substantielle » dans l'Eurocorps, cette unité européenne créée en 1992 par la France et l'Allemagne.

Franco Nobili, président de l'IRI (Institut pour la reconstruction industrielle), le plus grand holding d'État, est arrêté pour corruption.

Édouard Balladur présente un mémorandum sur la position française dans les négociations du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce). La France réclame une renégociation de l'accord agricole de novembre 1992 entre la CE et les États-Unis, et réaffirme, d'autre part, ses préoccupations sur les secteurs non agricoles, comme le textile, les services audiovisuels ou les subventions à la recherche aéronautique. Plus largement, les autorités françaises souhaiteraient la mise sur pied d'une « Organisation mondiale du commerce » (OMC), apte à organiser le bon fonctionnement du libre-échange.

En accord avec ses partenaires européens, l'Espagne dévalue la peseta de 8 % (suivie par l'escudo portugais qui baisse de 6 %). C'est la troisième fois depuis septembre 1992 que l'Espagne change le cours de sa monnaie, qui a ainsi perdu 20 % de sa valeur vis-à-vis du franc et du Mark au cours de la période.

Le Pentagone annonce qu'il renonce au programme massif d'armes spatiales, dit « guerre des étoiles », lancé il y a dix ans par Ronald Reagan. En l'absence de menaces sérieuses en provenance de l'Est, ce programme est réorienté vers un plan limité de défense antimissile à partir du sol.

Un inconnu prend en otages plusieurs enfants et leur institutrice dans une maternelle de Neuilly-sur-Seine. L'individu qui se fait appeler « HB » (human bomb) avait déjà plastiqué un parking de cette commune cinq jours auparavant, preuve de sa détermination et de son habileté à manier les explosifs ; il menace en effet de se faire sauter à la dynamite avec les enfants s'il n'obtient pas une rançon de 100 millions de francs. L'émotion est très grande dans toute la France (et même à l'étranger), car c'est la première fois qu'une école maternelle est ainsi menacée. Après deux jours de siège, l'homme, dont on apprendra qu'il s'appelait Erick Schmitt, un informaticien au chômage de 42 ans, est abattu par les policiers du RAID, et les six derniers enfants qui restaient en son pouvoir sont libérés sains et saufs.

Le Sénat vote la levée de l'immunité parlementaire de Giulio Andreotti, qui avait fini par la réclamer lui-même. Il est inculpé de collusion avec le crime organisé, à la suite des témoignages de mafieux repentis.

La neuvième session des négociations sur la paix au Proche-Orient s'achève en l'absence d'accord. Le gouvernement israélien a tout de même proposé un plan prévoyant l'autoadministration des territoires occupés pendant une période intérimaire de cinq ans. Malgré le rejet de ce plan par l'OLP, Arabes et Israéliens souhaitent maintenir le dialogue.

Patrons et syndicat de la sidérurgie s'entendent sur un compromis : les premiers s'engagent à ne pas revenir sur la convention d'égalisation salariale entre l'Est et l'Ouest tandis que l'autre accepte de reporter de dix-huit mois la mise en application de celle-ci.

L'INSEE prévoit que le PIB de la France diminuera de 0,75 % au cours du premier semestre 1993 et que le taux de chômage atteindra 11,2 %.

En marge du sommet de la CEI qui se tient à Moscou, Boris Eltsine s'entend avec Édouard Chevardnadze sur le principe d'un cessez-le-feu en Abkhazie, république autonome de Géorgie ; avec le président moldave Mircea Snegur, le président russe jette ensuite les bases d'un accord sur la République autonome du Dniestr, zone russophone de Moldavie ; enfin, l'Arménie s'engage à rembourser sa dette de 40 millions de dollars à la Russie.

Consultés par référendum, les Serbes de Bosnie (1,1 million de votants) rejettent à 96 % le plan de paix Vance/Owen.

Suleyman Demirel, Premier ministre en exercice depuis 1991, est élu par le Parlement turc chef de l'État, en remplacement de Turgut Ozal décédé le 17 avril. Âgé de 68 ans, fils d'agriculteur, ingénieur en hydraulique, chef du gouvernement à cinq reprises, deux fois chassé par les militaires en 1971 et en 1980, M. Demirel est le leader du DYP (parti de la Juste Voie, droite modérée). Son élection n'est pas une surprise puisqu'il était jusqu'ici Premier ministre, et que son parti était majoritaire dans le gouvernement de coalition.

Les résultats du référendum sur le traité de Maastricht donnent 56,8 % des voix pour le « oui », contre 43,2 % pour le « non ». Lors du précédent référendum de juin 1992, le « non » l'avait emporté avec 50,7 % des suffrages. Entre-temps, le gouvernement danois avait obtenu d'être exempté de la citoyenneté européenne et de toute participation à une défense commune et obtenu des délais supplémentaires quant à l'intégration de sa monnaie dans une monnaie unique. La proclamation des résultats provoque de violentes échauffourées à Copenhague.

François Mitterrand inaugure la ligne du TGV Nord-Europe, qui mettra Lille à une heure de train de Paris.

Le Nouvel Observateur indique que dans Verbatim, son livre-journal sur les cinq premières années de la présidence Mitterrand, Jacques Attali a utilisé à 43 reprises des extraits d'entretiens entre le président et Élie Wiesel, entretiens destinés à un autre livre que préparait celui-ci. M. Attali affirme que, d'une part, il savait que le projet d'ouvrage de M. Wiesel n'avait pas fait l'objet d'un contrat et que, d'autre part, il avait fait lire les épreuves de son propre livre à François Mitterrand qui avait donné son accord. M. Attali avait déjà été accusé de plagiat en 1983. Pour sa part, Élie Wiesel exige des excuses publiques de M. Attali.

Aux élections locales, les partis extrémistes, catholique (Sinn Féin) comme protestant (DUP), maintiennent leurs positions, ce qui compromet la stratégie de Londres consistant à privilégier les formations plus modérées et ouvertes à la négociation. Dès le lendemain, l'IRA multipliait les attentats à la bombe dans plusieurs villes de l'Ulster.

Giorgio Benvenuto, nouveau secrétaire du Parti socialiste italien depuis février, démissionne pour protester contre les réticences de la « vieille garde » du Parti.

Par la voix de Monseigneur Pierre Joatton, président de la commission épiscopale pour les migrants, l'Église catholique émet des réserves sur la politique du gouvernement en matière d'immigration. Le lendemain, le pasteur Jacques Stewart, président de la Fédération protestante de France, reprend les mêmes critiques. Charles Pasqua réagit vivement en déclarant le 24 que l'Église n'a « aucun droit » de se livrer à des condamnations.

Le président Carlos Andres Perez est suspendu de ses fonctions par vote du Sénat. La veille, la Cour suprême avait décidé qu'il y avait lieu de mettre en jugement le chef de l'État pour malversations et détournement de fonds publics. M. Perez affirme n'avoir rien à se reprocher dans cette affaire de détournement d'un chèque de 17 millions de dollars émanant de la Banque centrale et destiné au ministère de l'Intérieur, mais son propre parti, l'Action démocratique (social-démocrate), ne le soutient plus depuis plusieurs mois. Cette décision provoque des manifestations de joie dans la population. (chrono. 5/06)

Réunis à Washington, les ministres des Affaires étrangères américain, britannique, espagnol, français et russe se mettent d'accord sur une position commune dans le conflit bosniaque. Les Américains confirment qu'ils n'interviendront pas militairement ; le plan Vance/Owen, s'il n'est pas officiellement enterré, est nettement amoindri puisque n'en sont maintenues que les clauses « mutuellement acceptables par toutes les parties » ; les dernières enclaves musulmanes devront être considérées comme des « zones de sécurité » protégées par les Casques bleus. Le président bosniaque Alija Izetbegovic rejette ce programme, estimant qu'il ne fait qu'entériner la politique de purification ethnique.

300 jeunes du quartier défavorisé des Biscottes, à Lille-Sud, attaquent à coups de barres de fer les revendeurs de drogue qui sévissent dans leur cité. Les autorités saluent cette initiative, mais ne souhaitent pas que des milices privées se substituent à l'action de la police.

Après douze jours de combats autour de Kaboul, qui ont fait plus de 1 000 morts, un cessez-le-feu est signé entre les forces gouvernementales du ministre de la Défense, Ahmed Shah Massoud, démissionnaire la veille, et les forces intégristes de Gulbuddin Hekmatyar, Premier ministre en titre. L'accord est en partie contrôlé par les forces ouzbeks de Rachid Dostom. (chrono. 17/06)

Jean-Philippe Gatien, médaille d'argent à Barcelone en 1992, remporte le championnat du monde à Göteborg (Suède) contre le Belge Jean-Michel Saive. C'est la première fois qu'un Français gagne le titre suprême dans cette discipline.

Plusieurs centaines de personnes manifestent à Lhassa (Tibet) contre la présence chinoise. Elles veulent témoigner de la persistance du drame tibétain, alors même que les États-Unis et l'Europe se montrent davantage sensibilisés au problème.

Le jury du 46^e Festival de Cannes, présidé par Louis Malle, décerne la Palme d'or ex aequo à la Leçon de piano de la Néo-Zélandaise Jane Campion et à Adieu ma concubine du Chinois Chen Kaige. L'Américaine Holly Hunter et le Britannique David Thewlis reçoivent respectivement les prix d'interprétation féminine et masculine. Français et Américains demeurent largement absents du palmarès.

Édouard Balladur annonce le lancement d'un emprunt d'État de 40 milliards de francs pour financer des mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et des équipements publics. Cette mesure infléchit la politique initiale du gouvernement qui se donnait comme priorité la résorption des déficits publics ; elle devrait cependant être compensée par le produit des privatisations. Le 26, le projet de loi de privatisation est présenté en Conseil des ministres : il concerne 21 entreprises (dont Air France, la BNP, le Crédit Lyonnais, les AGF, Renault ou Thomson) et autorise les étrangers à en acquérir plus de 20 % du capital. François Mitterrand exprime ses « réserves » sur ce projet. (chrono. 5/07)

Le président de centre droit Jorge Serrano, 48 ans, dissout, avec l'appui de l'armée, l'Assemblée nationale, la Cour suprême et la Cour constitutionnelle ; il justifie ce « coup d'État constitutionnel » par la nécessité de ramener « la loi et l'ordre », face à la montée de la tension sociale et au « chantage des mafias de la drogue ». Des élections constituantes sont prévues dans un délai de soixante jours. (chrono. 1/06)

La Cour spéciale d'Alger prononce 38 condamnations à mort, dont 26 par contumace, dans l'affaire de l'attentat de l'aéroport d'Alger qui, en août 1992, avait fait 9 morts et 123 blessés. La plupart des condamnés, parmi lesquels figurent les trois fils d'Abassi Madani, appartiennent aux milieux intégristes islamistes. Quelques heures après ce verdict, l'écrivain Tahar Djaout, connu pour ses thèses anti-islamistes, est mortellement blessé dans un attentat au pistolet. (chrono. 22/06)

Le Bundestag adopte par 521 voix contre 132 la limitation du droit d'asile. Les candidats à l'asile devront obligatoirement déposer leur demande dans le premier pays étranger où ils iront. Dans cette optique, l'Allemagne a déjà passé un accord avec la Pologne pour que celle-ci, moyennant des concessions financières, reprenne tous les réfugiés expulsés d'Allemagne et ayant transité par son territoire. Cette réforme, qui rompt avec la tradition d'accueil de la République fédérale, a été rendue possible par un accord politique entre la majorité CDU et l'opposition SPD.

L'Olympique de Marseille remporte à Munich la Coupe d'Europe des champions (C1) en battant le Milan-AC par 1 à 0. Le but a été marqué de la tête par Basile Boli sur un coup de pied de corner donné par Abedi Pelé. C'est la première fois, depuis leur création en 1956, qu'un club français remporte une des trois coupes européennes. (chrono. 23/06)

La Cour suprême annule la dissolution de l'Assemblée nationale et le limogeage du Premier ministre Nawaz Sharif, décidés le 18 avril par le président Ghulam Ishaq Khan. Celui-ci fait savoir qu'il s'incline devant la décision de la Cour et que le gouvernement provisoire de Balkh Sher Mazari, où figuraient plusieurs partisans de M^me Benazir Bhutto, va cesser ses activités. (chrono. 18/07)

Réunis à Bruxelles, les douze ministres de l'Agriculture de la Communauté parviennent à un accord sur l'aménagement de la réforme de la PAC (politique agricole commune). La France obtient une augmentation de la prime à la jachère (pour les terres consacrées aux céréales et oléagineux) et une hausse de 0,6 % des quotas laitiers. On estime que cet accord devrait contribuer à débloquer les négociations sur le GATT avec les Américains. (chrono. 08/06)

Norman Lamont, ministre des Finances, quitte le gouvernement ; il est remplacé par Kenneth Clarke, jusqu'alors ministre de l'Intérieur. Ce départ s'explique par le souci de John Major d'asseoir son autorité politique en se séparant d'un ministre impopulaire, à qui l'on reprochait son indécision et que l'on rendait responsable de la sortie de la livre du SME en 1992.

Une bombe placée aux abords du musée des Offices, à Florence, tue six personnes, dont un gardien et sa famille. Trois tableaux sont perdus et une trentaine d'autres endommagés, dont une œuvre célèbre de Sebastiano del Piombo. Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent leur indignation à Florence et dans de nombreuses villes d'Italie contre cet attentat dont on ignore la provenance et qui rappelle la « stratégie de la tension » qui menaça le pays dans les années 70. (chrono. 27/07)

90 % des électeurs cambodgiens participent au scrutin organisé par l'Apronuc (Autorité provisoire de l'ONU), malgré le boycott prononcé par les Khmers rouges. Les observateurs internationaux estiment que les élections ont été « libres et honnêtes ». Le Funcinpec, parti royaliste, obtient 45,3 % des suffrages devant le Ppc (Parti du peuple cambodgien, ex-communiste, au pouvoir) qui totalise 38,7 % des voix. (chrono. 3/06)

À la tête, depuis juillet 1992, d'un gouvernement de centre droit, Hanna Suchocka est renversée à une voix de majorité par une coalition hétéroclite réunissant Solidarité, les anciens communistes et la droite nationaliste. Dans les jours qui suivent, le président Lech Walesa annonce qu'il dissout le Parlement, qu'il se porte « personnellement garant » de la poursuite des réformes engagées par M^me Suchocka et qu'il souhaite modifier la loi électorale pour limiter le nombre des partis représentés (29). Les nouvelles élections sont fixées au 19 septembre. (chrono. 19/09)

À Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne, un incendie criminel déclenché à l'initiative d'un commando néonazi contre un bâtiment habité par des immigrés turcs provoque la mort de trois femmes et de deux fillettes. Un jeune skinhead de 16 ans est arrêté dans les heures qui suivent. À cette occasion, le président de la République, Richard von Weizsäcker, plaide pour l'octroi de la double nationalité aux immigrés, à l'encontre du principe traditionnel en Allemagne de la loi du sang. (chrono. 16/06)

Dobrica Cosic quitte la présidence de la Fédération yougoslave (Serbie-Monténégro) après l'adoption d'une motion de défiance contre lui, présentée au Parlement par les ultranationalistes du Parti radical de Vajislav Seselj et votée par le Parti socialiste (ex-communiste) de Slobodan Milosevic. Les nationalistes reprochaient à M. Cosic, écrivain et inspirateur du nationalisme serbe, ses velléités de négociation, tandis que M. Milosevic se méfiait de ses ambitions politiques. Dans les heures qui suivent cette démission, plusieurs membres de l'opposition démocratique, dont Vuk Draskovic leader du Mouvement du renouveau serbe (SPO), sont arrêtés.