Dans le cadre de son enquête sur les fausses factures émises par la Compagnie générale du bâtiment et de la construction (filiale de la Compagnie Générale des Eaux), le juge Thierry Jean-Pierre effectue une perquisition chez le notaire et le banquier de Roger-Patrice Pelat, l'homme d'affaires, ami du président de la République, décédé en 1989 après avoir été compromis dans l'affaire Pechiney. À cette occasion, le juge découvre que M. Pelat avait consenti, en 1986, un prêt « amical », sans intérêt, de 1 million de francs à Pierre Bérégovoy pour l'achat de son appartement parisien. Le Premier ministre fait observer que ce prêt avait été enregistré devant notaire, déclaré au fisc, puis remboursé avant terme, moitié par virement, moitié par don « d'objets d'art » aux héritiers de Patrice Pelat. Le 19 février, le président de la cour d'appel d'Angers rejette la demande en récusation du juge Jean-Pierre au motif que le prêt en question « ne présentait pas de caractère délictueux ». (chrono. 1/05)

Le gouvernement de Yitzhak Rabin autorise le retour d'une centaine des 415 militants palestiniens proches du mouvement Hamas expulsés le 17 décembre 1992 après l'assassinat d'un soldat israélien. Les autorités américaines, fort embarrassées par cette affaire qui risquait de remettre en cause les négociations de paix, se réjouissent de cette décision qu'elles qualifient de « pas dans la bonne direction ». L'OLP, pour sa part, ne s'en satisfait pas et exige l'application de la résolution 799 du Conseil de sécurité de l'ONU, réclamant le retour sans délai de tous les proscrits.

Alors que la situation ne fait que s'aggraver, le président Levon Ter-Petrossian congédie son Premier ministre depuis sept mois seulement, Khoros Aroutounian, qui s'opposait à sa politique économique. Celui-ci est remplacé le 12 par un économiste libéral, Grant Bagratian. (chrono. 3/04)

La chambre d'accusation de la cour d'appel de Dijon conclut au non-lieu et à l'absence de charges à l'encontre de Christine Villemin, inculpée depuis juillet 1985 de l'assassinat de son fils Grégory. Cette décision clôt le dossier mais pas l'affaire, dans laquelle aucun coupable n'a été trouvé.

François Mitterrand institue une journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous Vichy, de 1940 à 1944. Cette journée, qui est fixée au 16 juillet, répond à l'attente de plusieurs organisations qui souhaitaient que soient enfin reconnus officiellement les crimes de l'État français institué en 1940. (chrono. 16/07)

Jean-Paul II entame son dixième voyage en Afrique, qui le conduit en 9 jours du Bénin à l'Ouganda puis au Soudan. À cette occasion, le souverain pontife rappelle son opposition au préservatif pour lutter contre le sida. À Khartoum, il exhorte le régime islamiste à la tolérance religieuse, notamment envers les populations chrétiennes du Sud.

Les syndicats de la fonction publique et les autorités locales et nationales concluent un accord salarial de modération, fixant à 3 % les hausses sur l'année. Après les grèves de l'an passé, ce compromis constitue un atout important pour le chancelier Helmut Kohl.

La Bundesbank baisse ses taux d'intérêt, faisant passer son taux lombard de 9,5 % à 9 % et son taux d'escompte de 8,25 % à 8 %. Cette décision, qui était espérée depuis des mois, permet de faire baisser la tension au sein du SME et de soulager le franc français, en première ligne de la spéculation depuis la dévaluation récente de la livre irlandaise. (chrono. 2/08)

Joseph Mankiewickz meurt à quatre-vingt-trois ans dans l'État de New York. Fils d'émigrés allemands, né aux États-Unis, il fait de brillantes études avant de devenir journaliste. Très vite, il rentre à la Paramount où il travaille d'abord comme dialoguiste et scénariste. Puis il se lance dans la réalisation en 1946. En 1950, ce sera son premier chef-d'œuvre, Eve, bientôt suivi de Jules César, de la Comtesse aux pieds nus et de l'apocalyptique Cléopâtre. Il terminera sa carrière en 1972 avec le Limier, superbe thriller psychologique.

Le juge Renaud Van Ruymbeke suggère au procureur général de la cour d'appel de Rennes de réclamer la saisine de la commission d'instruction de la Haute Cour de justice à l'encontre de Georgina Dufoix, ancien ministre des Affaires sociales. Enquêtant sur les conditions dans lesquelles de coûteux appareils médicaux américains avaient été importés en 1985 et en 1986 à destination de l'hôpital de Nîmes (ville dont M^me Dufoix était l'élue), le juge rennais, qui avait déjà inculpé le mari et deux membres du cabinet de l'ancien ministre, Michel Gagneux et Michel Maurice, en est arrivé à la conclusion que, s'il voulait auditionner M^me Dufoix autrement que comme simple témoin, il devait faire bifurquer la procédure vers la Haute Cour.

La chambre d'accusation de Lyon reconnaît que François Léotard s'est rendu coupable d'ingérence et de corruption lors de l'acquisition de son domicile, le domaine de Sainte-Croix, mais lui accorde le bénéfice de la prescription. Pour ce qui est des travaux effectués dans cette demeure, les magistrats réclament un supplément d'information ; par ailleurs, ils blanchissent M. Léotard de tout soupçon pour les délits d'abus d'autorité et de coups et blessures volontaires à l'encontre du fils de René Espanol, ce promoteur qui s'était opposé au plan de la municipalité sur l'aménagement de Port-Fréjus et qui est à l'origine de la procédure judiciaire. François Léotard s'estime suffisamment blanchi pour récupérer ses mandats électoraux, dont la mairie de Fréjus, qu'il avait abandonnés en juin 1992, mais souhaite faire appel de ce jugement qui, selon lui, laisse planer la suspicion à son encontre.

Patrick Poivre d'Arvor est inculpé de « recel d'abus de biens sociaux » par le juge Philippe Courroye, chargé de l'instruction de l'affaire Botton. Le présentateur du journal de TFI reconnaît avoir bénéficié des largesses de Pierre Botton, mais affirme n'avoir jamais eu quoi que ce soit à donner en échange, notamment en ce qui concerne la promotion de Michel Noir, beau-père de M. Botton. Le 10, il est placé sous contrôle judiciaire, avec paiement d'une caution de 150 000 francs et interdiction de fréquenter M^me Botton. La direction de TFI continue de faire confiance au journaliste, qui lui-même continue de présenter le journal de 20 heures.

Dans l'affaire du sang contaminé, la commission d'instruction de la Haute Cour de justice constate la prescription des délits retenus par le Parlement, soit la non-assistance à personne en danger, à l'encontre des trois anciens ministres, Georgina Dufoix, Laurent Fabius et Edmond Hervé. Désirant être jugé pour pouvoir être blanchi, Laurent Fabius demande alors que la procédure de Haute Cour soit reprise sur la base d'autres incriminations, comme l'homicide involontaire. Le 16, la commission sénatoriale chargée du dossier requalifie les motifs d'accusation des trois anciens ministres en homicide involontaire et blessure par imprudence.

Le président Mobutu annonce le limogeage de son Premier ministre, Étienne Tshisekedi, l'opposant qui lui avait été imposé par la Conférence nationale en août 1992 à la tête du gouvernement de transition démocratique. Ce dernier refuse d'obtempérer.

Les députés modifient le premier article de la Constitution et transforment le royaume en État fédéral. Dans un avenir proche, la Flandre et la Wallonie seront chacune dotées d'un gouvernement et d'une Assemblée élue, tandis qu'au niveau fédéral un gouvernement linguistiquement paritaire traitera des affaires diplomatiques, militaires et des grandes orientations économiques et monétaires. Une partie des francophones, notamment à Bruxelles, reste opposée à cette réforme que défend fermement le Premier ministre social-chrétien flamand, Jean-Luc Dehaene. (chrono. 14/07)

Le champion américain Arthur Ashe, premier Noir à gagner trois manches du grand chelem (entre 1968 et 1975), meurt à New York du sida à l'âge de 49 ans. Il avait contracté le virus à la suite d'une transfusion sanguine, lors d'une opération chirurgicale. La personnalité, l'élégance d'Arthur Ashe, son engagement en faveur des Noirs à travers le monde (il fut le découvreur du jeune Yannick Noah) avaient fait de lui une figure exemplaire, au-delà même du sport.

Instauré le 9 février 1992, l'état d'urgence est maintenu pour une durée indéterminée par le Haut Comité d'État (HCE).

Échec à Colmar des pourparlers entre l'opposition togolaise et les représentants du président Gnassingbé Eyadéma. La France suspend sa coopération civile avec le Togo. (chrono. 25/08)

François Mitterrand entame la première visite d'un chef d'État occidental au Viêt-nam depuis la fin des conflits indochinois. Le président français, tout en exhortant les dirigeants vietnamiens à respecter les droits de l'homme, cherche à développer les échanges économiques et promet d'intervenir auprès du président américain pour que celui-ci accepte de lever l'embargo contre ce pays. Le 12, M. Mitterrand se rend au Cambodge où il exalte l'unité nationale dont le prince Sihanouk est, selon lui, le meilleur garant.

Boris Eltsine déclare qu'il pourrait revenir sur sa décision prise en décembre d'organiser en avril un référendum, afin de clarifier les rapports entre l'exécutif et le Parlement russes. Plusieurs responsables des Républiques de la Fédération de Russie se sont publiquement opposés au principe de cette consultation qui, selon eux, risque de faire éclater la Fédération (chrono. 25/04).

Le RPR et l'UDF présentent leur programme commun, appelé « Projet de l'Union pour la France ». Nettement plus prudent que le précédent programme de 1986, le texte donne la priorité à l'économie et à la lutte contre le chômage, mais sans indiquer de calendrier ou de financements de mesures précis. La politique du franc fort et du maintien au sein du SME est confirmée, de même que l'attachement, cher à l'UDF, à la décentralisation et à l'intégration européenne.

Albert Zafy, candidat de l'opposition et leader des « Forces vives », fédération de plusieurs partis, est élu au deuxième tour président de la République malgache avec plus de 65 % des voix. Âgé de 62 ans, ce chirurgien aux fortes convictions écologistes a une grande réputation d'intégrité. Il bat le président sortant, l'amiral Didier Ratsiraka, au pouvoir depuis 1975. D'abord partisan d'un socialisme « à la malgache », Didier Ratsiraka accepte, dans les années 80, de se plier aux consignes de la Banque mondiale et du FMI et voit se dresser progressivement contre lui une partie grandissante de l'opinion. En 1991, l'armée tire sur des manifestants pacifiques. Depuis, la lutte politique opposait les tenants d'une forme fédérale pour le pays, favorables au président, aux partisans de l'État unitaire.

Après l'avoir critiqué parce que, selon eux, il entérinait la « purification ethnique », les responsables américains se rallient au plan Vance/Owen sur la Bosnie. Le secrétaire d'État Warren Christopher annonce que les États-Unis vont envoyer un émissaire spécial aux pourparlers de paix, Reginald Bartholomew, qu'ils sont déterminés à faire respecter la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie, qu'ils renoncent à la levée de l'embargo sur les armes et qu'ils enverront, le cas échéant, des troupes américaines sur place, dans le cadre d'une mission de l'ONU ou de l'OTAN. Cette position est en retrait par rapport à celle du candidat Clinton qui évoquait pendant la campagne électorale une intervention militaire directe aux côtés des Bosniaques. Le 23, l'administration américaine fait savoir qu'elle envisage de parachuter des vivres dans l'est de la Bosnie, inaccessible aux forces terrestres de l'ONU.

Accusé de corruption, Bettino Craxi, ancien chef du gouvernement de 1983 à 1987, abandonne la direction du PSI qu'il occupait depuis 1976. La veille, son dauphin potentiel et adversaire au sein du parti, le ministre de la Justice, Claudio Martelli, également mis en cause pour corruption, démissionne du gouvernement dont le chef, Giuliano Amato, lui aussi socialiste, est soupçonné durant quelques heures d'être à son tour impliqué. Cette nouvelle vague de scandales a été provoquée par un architecte socialiste, Silvano Larini, qui affirme que M. Martelli était, en compagnie de M. Craxi, le bénéficiaire, pour le parti, d'un compte en Suisse alimenté par la banque Ambrosiano, en remerciement d'un prêt obtenu de l'établissement public ENI dont les dirigeants étaient proches du PSI. La banque Ambrosiano a été également compromise dans le scandale de la loge P2, cette officine liée à la Mafia et à l'origine de nombreux complots et prévarications. Le 12, Giorgio Benvenuto, ancien syndicaliste et à la réputation d'intégrité, est élu nouveau secrétaire du PSI. (chrono. 19/02 et 20/05)

Le gouvernement et l'ANC relancent le processus de négociation interrompu depuis mai 1992. Les discussions portent sur l'élaboration d'une nouvelle Constitution et sur la formation d'un gouvernement d'unité nationale après la tenue d'élections générales multiraciales. Les principaux points d'achoppement se situent autour de la date des élections, de la procédure d'élaboration de la nouvelle Constitution et du partage du pouvoir au sein du gouvernement intérimaire. Le leader zoulou Mangosuthu Buthelezi, favorable à une solution fédérale, dénonce la collusion entre Frederik De Klerk et Nelson Mandela. L'ANC se prononce le 18 février en faveur de la formation, après des élections, d'un gouvernement d'union nationale pour cinq ans au maximum et dans lequel les Blancs du National Party n'occuperaient pas une position de blocage – sauf sur certains sujets.

Moussa Traoré, président de 1968 à 1991, est condamné à mort par la cour d'assises de Bamako pour sa responsabilité dans la répression des émeutes de mars 1991, qui avait fait quelque 200 victimes. Après celui de Bokassa I^er en Centrafrique, ce procès est le second en Afrique où l'on voit un ancien chef d'État jugé dans des conditions largement régulières.

Le lendemain de l'exécution de quatre militants islamistes, coupables d'une attaque contre un poste militaire, l'homme fort du Haut Comité d'État, le général Khaled Nezzar, échappe de justesse à un attentat à la camionnette piégée. La sophistication des moyens mis en œuvre laisse supposer que les auteurs de cet attentat disposaient de complicités au sein de l'armée. En tout état de cause, l'événement témoigne de l'impuissance du pouvoir à contrôler la violence dans le pays.

Après vingt-cinq jours de combats à Kaboul, les différentes factions acceptent un cessez-le-feu pour permettre au médiateur pakistanais, le général Hamid Gul, de mener sa mission. On estime à plus de 5 000 le nombre des victimes à Kaboul depuis le début des affrontements, en avril 1992, entre forces gouvernementales dirigées par le parti Jamiat et combattants du Hezb-I-Islami. (chrono. le 7/03)

Glafcos Cléridès, âgé de 73 ans, candidat conservateur, est élu au deuxième tour président de la République chypriote. La campagne électorale s'est largement faite autour du projet de Boutros Boutros-Ghali pour régler la question de la partition de l'île en deux communautés, la grecque (570 000 habitants) et la turque (130 000 habitants au sein de la République turque de Chypre du Nord, RTCN, dirigée par Rauf Denktash). Sans rejeter complètement le projet Boutros-Ghali d'un État fédéral bizonal et bicommunautaire, M. Cléridès veut le renégocier.

Le groupe GIAT-Industries vend pour 21 milliards de francs 436 chars AMX Leclerc à l'État des Émirats arabes unis.

Quatre ans après la fatwa prononcée par l'imam Khomeiny, l'ayatollah Ali Khamenei confirme la validité de cette sentence condamnant à mort l'écrivain britannique d'origine indo-musulmane Salman Rushdie pour son livre les Versets sataniques, considéré comme blasphématoire. Le 22 février, le Premier ministre britannique John Major déclare qu'il est disposé a recevoir officiellement l'écrivain proscrit, montrant par là la désapprobation de son gouvernement à l'encontre d'une mesure constituant pour lui une « violation de la loi internationale ». (chrono. 18/03)

Algirdas Brazauskas est élu président de la République. Âgé de 60 ans, M. Brazauskas est l'ancien premier secrétaire du Parti communiste lituanien ; à ce titre, il avait négocié en 1990 la rupture de la Lituanie d'avec l'ensemble soviétique.

Le groupe Bernard Tapie Finances cède ses parts dans Adidas à trois groupes d'actionnaires, dont plusieurs entreprises publiques, comme le Crédit Lyonnais ou les AGF. Le nouveau président de la Firme aux trois bandes sera le Français Robert-Louis Dreyfus, patron de l'agence publicitaire Saatchi Saatchi. Plusieurs membres de l'opposition protestent contre ce rachat d'une entreprise appartenant à un membre du gouvernement, effectué à hauteur de 42 % par des entreprises publiques, à cinq semaines d'un probable changement de majorité.

Le Comité consultatif pour la révision de la Constitution, dirigé par Georges Vedel, remet ses propositions à François Mitterrand. Si le Comité ne tranche pas sur la question, hautement politique, de la durée du mandat présidentiel, il n'en propose pas moins plusieurs mesures importantes, notamment en ce qui concerne l'accroissement des pouvoirs du Parlement (durée de la session, fixation de l'ordre du jour, rôle des commissions d'enquête) et le recours au référendum (sur proposition d'un cinquième des parlementaires, soutenue par un dixième des électeurs). (chrono. 19/07)

Michal Kovac, 62 ans, est élu président de la République slovaque. M. Kovac appartient à la même formation que le Premier ministre Vladimir Meciar, le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS).

Neuf personnes, dont Alain Boublil, ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy, et Max Théret, ancien directeur de la FNAC, proche du PS, sont renvoyées en correctionnelle pour délit d'initiés dans l'affaire du rachat de l'American National Can par Pechiney en 1988.

Dans son premier discours sur l'état de l'Union devant le Congrès, Bill Clinton annonce un programme de rigueur : 250 milliards d'impôts nouveaux sur quatre ans et 250 milliards d'économies (suppression de 100 000 postes dans la fonction publique, coupes dans le budget de la Défense) sur la même période, l'objectif étant de ramener à moins de 200 milliards le déficit budgétaire d'ici à 1997. Les recettes nouvelles sont obtenues par une taxation supplémentaire des plus hauts revenus, mais aussi par une ponction supplémentaire des classes moyennes (élargissement de l'assiette des cotisations sociales, imposition d'une partie des retraites et instauration d'une taxe sur la consommation d'énergie). Les premiers sondages indiquent que l'opinion accueille favorablement ce train de mesures.

À Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire), Michel Rocard évoque la nécessité d'un « big bang politique » et en appelle à la naissance d'un « vaste mouvement ouvert et moderne » regroupant des socialistes, des écologistes, des centristes, des communistes rénovateurs et des militants des droits de l'homme. Il évoque également les « erreurs graves » commises par la gauche depuis 1981. Lionel Jospin et Bernard Kouchner réagissent positivement, au contraire de Laurent Fabius et de François Mitterrand. Le 24, après quelques hésitations, Brice Lalonde, leader de Génération Écologie, déclare soutenir la démarche de l'ancien Premier ministre, puis semble se rétracter.

Plusieurs centaines de personnes périssent noyées dans le naufrage d'un ferry surchargé assurant la liaison entre Jérémie et Port-au-Prince.

Deux ministres, Giovanni Goria et Francesco De Lorenzo, présentent à leur tour leur démission après leur implication dans les enquêtes sur la corruption. Le chef du gouvernement, Giuliano Amato, procède le 21 à un remaniement limité, qui ne lui assure pas pour autant une majorité solide au Parlement. Le 22 février, l'opération « Mains propres », lancée par la magistrature au début de 1992, poursuit son cours : deux hauts responsables du groupe Fiat sont inculpés et écroués pour corruption politique. Le 25, c'est au tour du leader du Parti républicain, le très respecté Giorgio La Malfa, d'être impliqué (pour une affaire bénigne de financement d'affiches électorales), ce qui n'empêche pas M. Amato d'obtenir à l'Assemblée un onzième vote de confiance. Le 26, c'est l'industriel Raul Gardini qui reçoit un avis d'ouverture d'enquête.

Le premier tour des élections présidentielles se déroule dans un climat tendu par la recrudescence des troubles en Casamance. Abdou Diouf, président sortant, a pour principal concurrent Abdoulaye Wade, leader du Parti démocratique sénégalais, très populaire dans les villes. Il faudra attendre jusqu'au 13 mars pour avoir la proclamation des résultats : avec une participation de 51,46 %, le président sortant est élu avec 58,4 % des voix contre 32,03 % à son principal concurrent.

Jean Lecanuet meurt à Paris à l'âge de 72 ans. C'est en 1965 qu'il se fait connaître du grand public, lors des élections présidentielles où, candidat du MRP, il innove dans la communication politique. Dans les années qui suivent, il tente de donner corps à une troisième voie centriste dans le jeu politique français. Président du Centre démocrate en 1966 (et fondateur du CDS en 1976), il est élu maire de Rouen en 1968, et devient ministre d'État après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing, d'abord à la Justice dans le gouvernement Chirac puis au Plan et à l'aménagement du territoire dans le premier gouvernement Barre. Sénateur de Seine-Maritime et président du conseil général, il préside également la commission sénatoriale des affaires étrangères. Sa mémoire est unanimement saluée par l'ensemble de la classe politique. Le 8 mars, François Gautier, 53 ans, le remplace à son fauteuil de maire de Rouen.

Les ports du littoral breton observent une journée « ville morte » pour soutenir les marins-pêcheurs. Ceux-ci protestent contre la baisse des cours, consécutive aux importations de poisson en provenance tant d'autres pays de la Communauté (de Grande-Bretagne notamment, favorisée par la dévaluation de la livre) que de Russie ou de Scandinavie. Après avoir détruit plusieurs arrivages de poisson anglais en Bretagne, les marins-pêcheurs saccagent le pavillon de la marée aux halles de Rungis. Le secrétaire d'État à la mer, Charles Josselin, annonce qu'il va demander à la Commission de Bruxelles de prendre des mesures pour remédier à l'anarchie du marché. Celles-ci sont adoptées le 25 et fixent un prix minimum aux pays tiers pour l'entrée dans le marché communautaire.

À Seattle, dans les usines Boeing, Bill Clinton attaque Airbus, en reprochant au consortium européen d'avoir bénéficié de 26 milliards de dollars de subventions étatiques, ce qui aurait faussé le jeu normal de la concurrence, au détriment des salariés américains de l'aéronautique.

Le Conseil de sécurité adopte à l'unanimité la résolution 808, présentée par la France, sur « la création d'un tribunal international pour juger les personnes présumées responsables de violations graves du droit humanitaire sur le territoire de l'ex-Yougoslavie depuis 1991. » En décembre 1992, le secrétaire d'État américain d'alors avait cité un certain nombre de noms de personnages susceptibles de comparaître devant un « second tribunal de Nuremberg », parmi lesquels une majorité de Serbes (dont Zeljko Raznjatovic ou Vajislav Seselj) et quelques Croates et Bosniaques. Cette première dans l'activité de l'ONU pose plusieurs problèmes, et d'abord celui de sa mise en application effective.

Mogadiscio est le théâtre de violentes manifestations organisées contre la présence occidentale par les partisans du général Mohamed Farah Aïdid. (chrono. 5/09)

Premier ministre depuis 1984, Brian Mulroney annonce qu'il démissionnera de ses fonctions à la tête du gouvernement et du Parti conservateur dès que sera désigné un successeur, vraisemblablement en juin, lors du prochain congrès du Parti. Très affaibli politiquement par l'échec du référendum constitutionnel d'octobre 1992 et par la persistance des difficultés économiques, il constituait désormais un sérieux handicap pour sa propre formation. (chrono. 13/06)

Les Douze adoptent un plan de restructuration drastique de la sidérurgie européenne : entre 50 000 et 70 000 emplois devront être supprimés (dont 8 000 en France), principalement en Allemagne, en Espagne et en Italie.

Ouverture de l'Exposition Matisse au Centre Pompidou. Cent trente toiles (dont la Danse et le Luxe) des années 1904 à 1917 sont réunies en un ensemble unique, montrant ce qui fut sans doute la période la plus féconde du peintre.

Deux policiers sont abattus ce qui marque le regain de la tension en Irlande du Nord (15 morts en deux mois). Le 28, l'IRA provoque un attentat à Londres, blessant dix-huit personnes. (chrono. 19/03)

Un attentat à la bombe, attribué aux extrémistes musulmans, tue quatre personnes, dont trois touristes, en plein centre du Caire.

Un attentat à la bombe fait six morts et plusieurs centaines de blessés dans les sous-sols du World Trade Center, ensemble de deux tours géantes au centre de New York. L'attentat n'est pas revendiqué de façon certaine ; les soupçons s'orientent d'abord vers les organisations serbes et vers les narcotrafiquants colombiens. (chrono. 4/03)

De nouvelles agressions racistes font deux morts dans l'ex-RDA. Ces violences semblaient pourtant apaisées depuis les grandes manifestations antiracistes des derniers mois.