Ces pays sous-développés connaissent une situation encore plus grave. Le poids de leur endettement (1 250 milliards de dollars) les oblige à adopter, sous l'égide du Fonds monétaire international, des politiques d'ajustement structurel qui bloquent pour eux toute possibilité de croissance interne et dont le coût social et humain – mais aussi politique – devient de plus en plus élevé. Nombreuses sont les populations qui connaissent une chute brutale de leur niveau de vie pourtant déjà faible. L'austérité aggrave les problèmes déjà potentiels de ces pays : chômage ou sous-emploi, famine, maladie, sous-éducation...

Même les pays de l'Est ne sont pas épargnés. Certes, l'idéologie libérale ne les atteint pas, mais les difficultés économiques croissantes que rencontrent ces pays les amènent à adopter également des politiques de rigueur et, pour un certain nombre d'entre eux, à mettre en place des politiques de restructuration. Toutes les réformes entreprises visent une certaine libéralisation de l'économie par l'introduction partielle de mécanismes de marché. Là aussi, les conditions de vie se détériorent : d'un côté, les pénuries, les longues queues d'attente et les rationnements augmentent ; de l'autre côté, l'apparition de l'inflation et les moindres subventions affectent le pouvoir d'achat des salariés. Partout, dans le monde, la pauvreté s'étend – les laissés pour compte ou exclus de la croissance devenant de plus en plus nombreux – et les inégalités, tant économiques que culturelles, s'accroissent. Il en résulte un sentiment d'injustice qui entraîne le mécontentement des populations – d'où la multiplication des mouvements sociaux – même s'il reste pour l'instant maîtrisé.

Dans ce contexte de rigueur sociale et pour suppléer à la défaillance des gouvernements, deux nouvelles formes de solidarité – certes importantes mais beaucoup plus aléatoires – sont remises à l'honneur. D'abord, les secours dispensés par les associations privées et les organisations non gouvernementales grâce aux fonds collectés auprès des particuliers – et bien orchestrée de façon médiatique – s'étendent. Ensuite, la débrouillardise devient une règle, comme en témoigne l'importance croissante de l'économie souterraine ou informelle – c'est-à-dire échappant aux circuits officiels, comme par exemple, le travail au noir ou la fraude dans la plupart des pays, particulièrement du tiers monde.

On le voit donc, si embellie économique il y a, la persistance des déséquilibres et l'aggravation des problèmes sociaux doivent conduire à faire preuve davantage de prudence que d'euphorie. Le risque mondial de récession n'est pas tout à fait exorcisé.

Dominique Colson

Commerce international

D'une année à l'autre, les échanges internationaux ont continué de progresser sensiblement au même rythme (5 % environ en volume). Selon le GATT, tous les pays, surtout les plus endettés, ont profité de cette croissance. À cet égard, la crise boursière du 19 octobre 1987 ne semble pas avoir eu d'effets défavorables.

Dans cette évolution, les exportations de produits manufacturés (+ 5 % en volume) et de produits agricoles (+ 4 %) ont joué le rôle moteur exercé les années précédentes par les exportations de pétrole. Cette progression s'explique par la combinaison de plusieurs facteurs. En premier lieu, la hausse des prix en dollars du pétrole et des matières premières a restauré la capacité d'importation de certains pays en développement ; en second lieu, le maintien de l'expansion économique dans la plupart des pays industrialisés a empêché la baisse des importations ; en troisième lieu, les effets de l'appréciation continue de plusieurs grandes monnaies par rapport au dollar ont contribué à augmenter les recettes tirées de l'exportation par des pays comme l'Allemagne fédérale ou le Japon ; enfin, le développement des échanges a amélioré la situation financière des 15 pays les plus endettés.

Géographiquement et à moyen terme, l'Asie – et notamment les quatre « dragons » est la région la plus dynamique de l'économie mondiale. En 1987, la valeur en dollars des exportations asiatiques de marchandises a dépassé de plus de 70 % le niveau de 1980 (contre un peu moins de 25 % pour la moyenne mondiale).