Pierre Thomas

Presse

Même si les remous qui l'affectent n'ont pas l'ampleur de ceux que subit la presse outre-Manche, où un Robert Maxwell va perdre 135 millions de francs sur un seul projet, la presse française a connu une année 1987 riche en événements.

Le CESP fait état d'une relative stabilité du lectorat : 23 millions d'acheteurs réguliers de quotidiens. En réalité, la presse quotidienne, nationale comme régionale, demeure sur la défensive tandis que la presse spécialisée bénéficie, au moins dans certains secteurs, de développements notables.

L'année a débuté sur la crise de l'AFP : son déficit de 150 millions de francs traduit la faiblesse générale des médias d'expression française.

Le feuilleton du Matin a cristallisé sur plusieurs mois la difficulté qu'il y a à définir une presse nationale hésitant entre sa mission d'information et un engagement idéologique. Le « groupe des dix » sauvera-t-il une nouvelle fois ce journal ? En province, le conflit du Midi libre opposant la CGT et une direction désireuse d'informatiser le plus possible a mis en lumière à la fois le rôle éminent des quotidiens régionaux et leur difficulté à se moderniser. Ces péripéties n'ont pas empêché les opérations de concentration avec, notamment, le rachat du Provençal par Hachette et du titre belge le Soir par le groupe Hersant.

Du côté de la presse spécialisée, deux faits sont à noter : la croissance du groupe Expansion qui, allié avec le géant américain Dow Jones, a repris la Vie française et la Tribune de l'économie, se plaçant ainsi au premier rang de la presse financière française (un secteur qui « pèse » 1 milliard de francs) ; le lancement à l'automne du nouveau quotidien le Sport a démontré l'importance croissante des loisirs dans le domaine de la communication. Modernisation mais aussi tradition : l'ensemble de la profession a salué avec émotion les cent ans de l'International Herald Tribune, ce quotidien très chic et très américain installé à Paris. Une référence !

Jules Chancel

Radio

Concentrations, rachats, autorisations, contrôles, magouilles... tous les ingrédients d'un feuilleton « impitoyable » auront été réunis cette année en matière de radio. L'explosion de la FM continue de bouleverser les habitudes, même en Grande-Bretagne, où des conflits très durs ont été suscités par la volonté du gouvernement de briser la position dominante de la BBC.

En France, le public demeure stable puisque les sondages confirment un taux d'écoute d'une fois par jour au moins pour environ 75 p. 100 de la population. Ce qui bouge, c'est la redistribution des stations elles-mêmes. RTL continue de dominer largement (21,1 p. 100) devant France-Inter (15,4) et Europe 1 (14,1). Mais NRJ approche les 10 p. 100 à l'échelle nationale et assoit définitivement son concept de radio musicale pour les 15-34 ans.

La FM est désormais un marché : son chiffre d'affaires publicitaire, en progression constante, se monte à près de 500 millions de francs. Les grands groupes de communication ne s'y trompent pas puisqu'on a vu M. Hersant prendre le contrôle du réseau FUN, Europe 1 investir 15 millions dans son réseau Europe 2 et Canal + prendre des parts dans CFM.

Mais la politique n'est pas absente. France-Inter n'échappe toujours pas complètement au vieux dilemme radio « voix de la France » ou radio professionnelle. À Europe 1, la volonté affirmée de faire de la station un lieu de commentaires « haut de gamme » à usage des cadres n'exclut pas des positions politiques, dont Ivan Levaï, considéré comme trop à gauche, a fait les frais. La FM, naturellement, n'a pas échappé au malaise. Tout a commencé au printemps quand la CNCL a ouvert le dossier des attributions de fréquence pour les radios locales de la région parisienne : 303 candidates pour 122 fréquences. Les choix opérés par la commission le 26 août provoquent une controverse à tonalité politique qui s'est prolongée jusqu'à la fin de l'année.

Jules Chancel

Mode

L'effet Lacroix

Il a rendu un grand service à la France. Par lui, grâce à lui, Paris est redevenu la capitale de la mode. À travers ce qu'il ose, tout le monde ose. Le monde entier nous envie Christian Lacroix. Le créateur a fait souffler un vent d'insolence et de jeunesse sur la couture. Il lui a donné une image différente.