Mais islam n'est pas synonyme de violence : la séduction qu'il exerce sur de nombreux intellectuels occidentaux s'explique par le fait que, selon eux, la religion musulmane est la seule capable de redonner corps et sens à une civilisation moribonde (éd. 1987).

Judaïsme

La communauté juive internationale, déjà traumatisée par la béatification d'Edith Stein, le 1er mai, l'est plus encore lorsque le pape Jean-Paul II, le 25 juin, reçoit officiellement le président de la République autrichienne, Kurt Waldheim, accusé par plusieurs organisations juives – aux États-Unis notamment – d'avoir participé, durant la Seconde Guerre mondiale, à la répression nazie en Yougoslavie, alors qu'il était officier de l'armée allemande. Après plusieurs mois de remous, dans les milieux juifs et judéo-chrétiens, l'affaire s'apaise lors de la visite du pape aux communautés juives américaines, en septembre : mais le sentiment demeure que l'Église romaine reste historiquement extérieure au drame de la Shoah.

Pierre Pierrard

Justice

Le ministre de la Justice a poursuivi en 1987 le programme qu'il s'était précédemment fixé. Cependant, certains projets ont dû être largement amendés ou différés.

Une loi du 22 juin est relative au service public pénitentiaire. Mais, alors qu'à l'origine le texte avait pour objet de permettre la construction et la gestion de prisons par des organismes privés, il a été décidé de maintenir la gestion et la surveillance sous la responsabilité de l'État. Seule la construction des prisons pourra être confiée à des personnes privées, selon un système d'appel d'offres et de concours. Toutefois, l'idée d'une privatisation n'est abandonnée que dans la mesure où le budget de la justice permettra de pallier ce moyen afin que la prison ne soit plus un pourrissoir.

Le garde des Sceaux s'est également penché sur le problème de l'instruction. Dans un premier temps, une loi du 30 décembre transfère à une nouvelle instance collégiale (la chambre des demandes de mise en détention provisoire) le droit de mettre un inculpé en détention provisoire, prérogative jusque-là du juge d'instruction. Elle renforce les pouvoirs de la chambre d'accusation, qui disposera d'un pouvoir d'évocation et pourra, en cas de carence d'un juge d'instruction, le dessaisir, se substituer à lui ou désigner un autre magistrat instructeur.

Dans le cadre de la lutte contre la drogue, une loi du 31 décembre renforce l'arsenal répressif contre le trafic de stupéfiants : confiscation des biens des trafiquants, poursuite contre ceux qui « blanchissent » l'argent, exemption ou atténuation des peines pour les repentis.

Parmi les réalisations, on ne saurait oublier l'adaptation et la modernisation des tribunaux de commerce (Législation) et la création par une loi du 31 décembre de cours administratives d'appel pour désengorger le Conseil d'État.

La réforme du Code de la nationalité est reportée à plus tard.

Chronique judiciaire

Quatre grands procès en 1987. Quatre histoires de terreur. Terreur clandestine des groupuscules révolutionnaires (Action directe, Fraction armée rouge libanaise de Georges Ibrahim Abdallah), terreur institutionnalisée de l'Ubu noir de Bangui, Jean Bedel Bokassa, et de Klaus Barbie.

Terreur au présent avec Régis Schleicher devant les assises de Paris. En 1986, un mois après l'assassinat de Georges Besse par Action directe dont il fut le no 2, ses menaces contre les jurés avaient conduit ceux-ci à déclarer forfait. Comparaissant une seconde fois devant une Cour spéciale, il tient le même discours ; il est condamné à la réclusion perpétuelle.

Georges Ibrahim Abdallah : son nom est synonyme d'attentat. En l'attente du verdict, Paris est en émoi. L'avocat général demande sept ans d'emprisonnement au nom de la raison d'État. Le tribunal répond par la fermeté : perpétuité. Bombe judiciaire qui n'attirera pas de réponse sanglante.

Terrorisme d'aujourd'hui, rappel des grands crimes du passé. Le long de l'Oubangui, on juge, avec lenteur, un empereur déchu. Accusé de « méchanceté, anthropophagie », etc., Jean Bedel Bokassa est condamné à mort pour avoir fait tanguer son pays au rythme de son balancement de soudard ivre.