Cette politique a eu pour effet de consolider les points forts de l'industrie lourde (construction navale, sidérurgie), qui fournit aujourd'hui 42 % des exportations coréennes contre 26 % en 1978 (au détriment souvent des Japonais), tout en réalisant des progrès importants dans les industries légères comme le textile. Enfin, l'accent mis sur les technologies de l'électronique produit déjà des résultats significatifs.

Cependant, plusieurs problèmes demeurent, notamment en matière financière. D'une part, le maintien d'un marché non officiel (kerb marker), résultant des bas taux d'intérêt pratiqués sur les marchés officiels, contribue à alimenter certains scandales financiers qui peuvent avoir des répercussions politiques importantes. D'autre part, il apparaît que de nombreuses entreprises souffrent d'une insuffisance chronique de fonds propres et sont beaucoup trop endettées, d'où de nombreuses faillites.

La réforme du système financier, en particulier l'ouverture complète du marché aux banques étrangères, devrait contribuer à atténuer ces tensions.

Michel Fouquin

Inde

L'Union en question

Ce qui n'était qu'une tension encore localisée devient un déchirement national avec l'assassinat, le 31 octobre, du Premier ministre Indira Gandhi, la fille de J. Nehru, par deux jeunes sikhs de sa garde personnelle qui ont voulu venger le massacre d'Amritsar et la profanation du Temple d'or, début juin. Alors que l'événement provoque la consternation dans le monde entier, y compris au Pākistān rival, le fils aîné d'Indira est presque immédiatement coopté Premier ministre.

Le fossé

Rajiv Gandhi connaît ses premières épreuves dans les jours qui précèdent les funérailles nationales de sa mère, le 6 novembre. Des milliers de jeunes hindous, parmi lesquels on reconnaîtra des voyous professionnels mais aussi des militants du parti du Congrès, s'en prennent à la minorité sikh, particulièrement dans la capitale, dans les grandes villes du Nord et à Bombay. Au moins 1 100 sikhs vont trouver la mort dans ces pogroms qui mettent fin, de façon peut-être définitive, à quatre siècles d'entente entre sikhs et hindous.

Ces massacres démontrent une fois de plus l'incapacité des autorités à empêcher les violences d'émeutiers prêts à tout pour venger leur communauté et manifester leur ressentiment économique vis-à-vis des sikhs, accusés d'avoir trop bien réussi.

Pendant que l'armée rétablit tardivement l'ordre, Rajiv Gandhi s'installe au pouvoir en novembre. Le 11, il est nommé secrétaire du parti du Congrès. Cet ancien pilote de ligne, qui n'est entré en politique qu'après la mort accidentelle de son frère cadet Sanjay en 1980, prend la tête d'une démocratie qui reste vivace et populaire en dépit de chocs de plus en plus violents. L'année a été, sur ce plan, riche en événements significatifs.

Les OPA de Mme Gandhi

Début juillet, le gouvernement de la Conférence nationale du Cachemire, dirigé par Farouq Abdulah, est renversé lorsque ce leader potentiel de l'opposition nationale voit 13 de ses députés passer dans le camp du Premier ministre, Indira Gandhi, après avoir été achetés. L'offensive contre les États tenus par l'opposition se poursuit le mois suivant, lorsque le parti du Congrès tente une OPA du même style sur l'Assemblée de l'État méridional d'Andhra Pradesh.

Le gouverneur représentant l'État central suspend, le 16 août, le gouvernement provincial, qui a pourtant réussi à garder la majorité de députés derrière lui. Il faut une grève générale (le 25 août) et un mois d'agitation pour rendre le pouvoir au leader charismatique Rama Rao, qui a bâti sa popularité sur son passé de film star.

Chauvinismes communautaires

La question du Pendjab pose le problème de la difficile construction d'une nation sur un continent unifié il y a seulement 37 ans. L'Inde, qui abrite de très nombreux peuples et ethnies, connaît-elle une évolution vers un État multinational ? La place énorme accordée dans la vie sociale, mais aussi dans les institutions, aux communautés (castes, religions, ethnies...) pose une entrave sérieuse au développement de la conscience nationale. Loin de disparaître avec la modernisation, les communautés voient au contraire leur poids s'affirmer depuis une trentaine d'années. Des centaines de micronationalismes ébranlent le pays.