Le calme revient cependant à la fin du printemps, peut-être parce que ni l'URSS ni les États-Unis n'encouragent des affrontements. Tandis que, en guise d'avertissement à Pékin, des unités de débarquement soviétiques participent à des manœuvres au sud de Haiphong, le secrétaire d'État américain George Shultz annonce que son pays est prêt à renforcer son aide militaire à la Thaïlande et aux pays de l'ASEAN. Ronald Reagan prépare son voyage à Pékin. Quelques jours plus tôt, les Soviétiques ont fait savoir aux nations de l'ASEAN qu'ils souhaitaient une entente avec les pays d'Indochine.

Deuxième voix, celle du pape Jean-Paul II, qui se trouve en Thaïlande et qui se prononce, le 11 mai, pour le retour des réfugiés dans leurs pays et pour l'autodétermination du Cambodge.

Un processus de détente

Comme chaque année, la fin de la saison sèche marque un ralentissement des combats et la reprise de l'action diplomatique.

Pour la troisième fois en trois ans, les Vietnamiens procèdent, le 25 juin, à un retrait de quelque 10 000 soldats du Cambodge ; ils lancent, dans la foulée, un appel au dialogue aux pays de l'ASEAN. Depuis quelques semaines, les contacts entre Hanoi et les États-Unis ont repris discrètement. Thèmes : les Américains disparus durant la guerre et surtout l'émigration de réfugiés politiques vietnamiens, que Washington pourrait accepter d'accueillir. Des conversations sur ce problème s'ouvrent même le 4 octobre, à Genève.

À l'ONU, le chef de la diplomatie vietnamienne, Nguyen Co Thach souligne de nouveau que son pays est prêt à discuter sans condition de la paix au Cambodge, fût-ce en acceptant une médiation étrangère. Hanoi ne rejette d'ailleurs pas formellement le plan de réconciliation entre les diverses fractions khmères. Proposé en juillet par le prince Sihanouk, ce plan suggère la création d'un gouvernement d'union nationale auquel le régime provietnamien de Phnom Penh pourrait participer. Mais Pékin bloque encore tout processus d'ouverture.

Gérard le Quang

Japon

Les déséquilibres de la prospérité

Le Japon vient d'entrer dans une nouvelle phase d'expansion : les indicateurs 1984 — croissances du PNB (5 %), du chômage (2,5 %) et de l'inflation (3,5 %) — le confirment. Vis-à-vis de l'extérieur, l'administration Nakasone s'attache à répondre à la demande d'internationalisation du yen et des marchés financiers, à apaiser les conflits commerciaux et à ouvrir son marché des télécommunications. Sur l'échiquier diplomatique mondial, le Japon commence à prendre une légère autonomie à l'égard des États-Unis, et sa prédominance en Asie se confirme. En dépit de sa prospérité, la société japonaise présente les premiers symptômes de déséquilibre des sociétés industrialisées.

Économie – Une santé insolente

Toujours plus élevés, les excédents de la balance commerciale et de la balance des paiements indiquent que le Japon vend toujours plus, notamment aux États-Unis (+ 30 milliards de dollars en 1984) et aux pays européens (+ 13 milliards de dollars).

Les experts de l'OCDE ne tarissent pas d'éloges à l'égard du Japon, qui peut s'enorgueillir d'une croissance soutenue (4 % au moins) et d'une augmentation des investissements (autour de 8 %), tout en bénéficiant d'une faible inflation (moins de 2 %) et d'un taux de chômage (2,5 % environ) bien inférieur à celui de tous les autres pays industrialisés.

Cette bonne santé « insolente » vient sans doute de ce que le Japon a su, dès le début des années 70, s'orienter vers des industries qui, en intégrant plus de savoir et d'intelligence, remportent la palme de la compétitivité.

Croissance plus harmonieuse

La demande intérieure vient de prendre le relais des exportations, qui avaient joué un rôle majeur dans la reprise de 1983. Le redémarrage de l'investissement des entreprises, rapide dès le début de l'année pour les PME (+ 49,6 % sur la période janvier-mars 1984, comparativement à la même période 1983), gagne peu à peu les grandes entreprises. L'enquête de la Banque du Japon sur les entreprises, publiée en mai, confirme, pour la première fois depuis 1980, le retour à un climat de confiance dans l'avenir.