De tels monstres verront inévitablement le jour, car la plupart des gisements intéressants pour la prochaine décennie sont sous des fonds supérieurs à 200 m et, même si l'on utilise des têtes de puits d'exploitation sous-marine, il faut bien retraiter les fluides avant de pouvoir les faire cheminer dans des conduites de plusieurs centaines de km.

Elf Aquitaine a déjà franchi un premier pas en mer du Nord vers des solutions plus souples, destinées à limiter le monde de ces futures îles géantes. C'est que, en plus de la difficulté technique, le gouvernement norvégien octroie chaque année un petit nombre d'autorisations de recherches de gisement et d'éventuelle mise en exploitation, dans des régions de plus en plus polaires et profondes. L'autorisation est allouée à la société pétrolière qui fournit la meilleure solution technique au meilleur prix.

On comprend dès lors que les pétroliers s'acharnent à perfectionner leur technologie. Elf a donc choisi de prouver rapidement qu'elle avait la capacité technique d'aller en eau profonde au moindre coût. En décembre 1983 a été mise en service, sur une petite nappe de gaz située à 18 km de Frigg, la première tête de puits sous-marine sur un gisement de gaz, télécommandée et entièrement desservie par des automates.

Projet Skuld

Pour cette première, les techniciens ont cependant joué la prudence : les commandes de la station sous-marine sont toutes hydrauliques, pour éviter des courts-circuits, et une plate-forme a été disposée à une centaine de mètres pour accueillir d'éventuels techniciens. Cependant, les commandes se font à distance, depuis le champ principal de Frigg. Mais, après cette réalisation baptisée Frigg Nord-Est, la compagnie française, associée avec Total (10 %) et deux compagnies norvégiennes (10 %) préparent déjà une nouvelle étape : une station sous-marine d'exploitation totalement indépendante commandée depuis la terre ou une plate-forme centrale pouvant se trouver à plusieurs dizaines de kilomètres.

Le projet a été baptisé Skuld, du nom de la déesse du Futur et de la Nécessité dans la mythologie norvégienne. Skuld sera donc une structure de quelque 14 m de long sur 12 m de large et de 10 m de haut, posée sur le fond de la mer, jusque par 450 m de fond.

Lors de l'installation d'une telle station, dans un premier temps, un navire de forage à positionnement dynamique viendra se placer à la verticale de la structure et forera les 4, 6 ou 8 puits prévus. Cette première phase achevée, des têtes de puits, ou arbre de Noël dans le jargon des pétroliers, seront posées sur chaque puits afin d'en contrôler le débit. Bien entendu, toutes ces opérations sont réalisées à distance, depuis la surface, sans la moindre intervention humaine, d'ailleurs problématique par 400 m de fond.

Pour fixer les divers éléments sur la structure et brancher aussi bien les conduites que les commandes, un robot a été spécialement conçu. Descendu et guidé depuis la barge en surface par un ensemble de câbles, il vient coiffer chaque module pour travailler sur lui, à l'aide de caméras et de senseurs qui transmettent ses mouvements aux techniciens qui le manipulent depuis la surface. Grâce à ce robot et à la structure modulaire de l'ensemble, une intervention sur une tête de puits n'impose pas l'arrêt de l'exploitation sur les autres. Mieux, un module défaillant est aussitôt remplacé par un autre et emmené à terre pour réparation, ce qui limite au maximum la durée de présence du navire serveur à proximité du puits.

Quand on sait qu'en mer du Nord les périodes où l'on peut travailler à partir d'un bateau obligé à effectuer du surplace sont souvent limitées à quelques heures, du fait de la météo, l'avantage paraît décisif.

Le prototype de Skuld a été immergé en mars 1984 dans un fjord à proximité de Bergen, pour une année entière d'essais. Si le système donne satisfaction, la première utilisation pourrait alors en être faite sur le champ norvégien Diamant, dont Elf s'est vu confier récemment la mise en exploitation.

Gilles Aubert

Imagerie

Une révolution en médecine

Cinq établissements de soins ont été autorisés en France à s'équiper de la nouvelle machine à explorer le corps humain. À Marseille, Paris, Grenoble, Montpellier et au Kremlin-Bicêtre, il est déjà possible, ou peu s'en faut, de passer à la RMN (Résonance magnétique nucléaire). Le patient est allongé sur une table au centre d'une sorte de tunnel (deux mètres de long et un demi-mètre de diamètre) qui est en réalité un électroaimant. Sur l'écran voisin apparaissent bientôt, débités en tranches, son cerveau ou son abdomen, son foie ou ses muscles, avec une précision inégalée.

Progrès constants

Le phénomène a été découvert en 1946 : sous l'effet d'un champ magnétique intense, les noyaux des atomes d'hydrogène (protons) présents dans le corps humain se comportent comme des aiguilles aimantées et s'alignent selon les lignes de force de l'aimant. Si l'on applique alors une onde radio, ils se transforment en autant de microscopiques toupies dont les signaux, recueillis et amplifiés, reconstruits et visualisés par ordinateur, donneront finalement une image, qui traduit les différences de concentration d'hydrogène. Autrement dit, la distribution d'eau à l'intérieur de l'organisme. Le principe s'étendant à d'autres noyaux d'intérêt biologique, on espère développer également l'étude des signaux du phosphore 31, du carbone 13 ou encore de l'azote 23.