L'histoire en est à peu près connue par les textes et par les cartes. On savait que ses restes dormaient dans cette cour du palais. À l'extrémité orientale, la fouille a d'abord rencontré comme prévu des espaces non bâtis, mais aussi les traces de constructions légères, des cabanes par exemple, qui n'étaient mentionnées nulle part. Puis elle a retrouvé les maisons, avec puits et latrines, enfin ces maisons elles-mêmes alignées le long d'une ancienne rue perpendiculaire à la Seine, la rue Fromenteau. Naturellement, les constructions, destructions ou comblements s'entremêlent : on ne peut jamais avoir une vue totale des structures restées en place. Chaque équipe de fouille (il y en a sept) s'efforce de dégager une structure, un ensemble chronologiquement cohérent. Une fois étudiée, son matériel dégagé, la structure est détruite pour laisser apparaître les restes plus anciens.

Une collection sans égale

Quelques morceaux de la rue Fromenteau ont été retrouvés, mais la plus grande partie du pavage a disparu, détruite par un égout napoléonien dont on ignorait d'ailleurs l'existence. À la fin de l'année, la fouille se poursuivait vers l'ouest, attaquant l'autre côté de cette rue et progressant vers la seconde rue attendue, la rue Saint-Thomas-du-Louvre. Il devrait y en avoir une troisième, la rue Saint-Nicaise et, quelques ruelles... Mais les recherches se poursuivaient aussi en arrière. Non loin du pavillon Sully, on décapait lentement un niveau d'époque carolingienne, peu organisé mais qui oblige à vieillir le site de trois siècles. Dans les arrières de l'îlot Fromenteau, les fouilleurs s'enfonçaient encore, notamment dans des puits et des latrines des xvie et xviie siècles... souvent bien construits et tous très bien alignés derrière les maisons.

Ces puits et ces latrines sont, avec les fosses à détritus, d'extraordinaires réservoirs d'objets. Tessons de céramique et verres en sortent par centaines, qui sont tout de suite nettoyés, voire remontés par une équipe installée dans un atelier sur place.

Une collection sans égale s'est déjà constituée et la chronologie de la céramique, qui avait de nombreux trous, se précise. À quoi s'ajoutent nombre d'objets pittoresques : dés à jouer, fourneaux de pipe des xviiie-xixe siècles, cadenas, couteaux... et des porcelaines chinoises remontant aux dernières décennies du xviie siècle (époque Ming). À signaler quelques fragments de tissu, un peu de cuir (semelles, ceintures), du bois. Enfin, quelques trouvailles de choix, parmi lesquelles on citera un cadran solaire portable, monté sur boussole, et un « magot » de 195 écus d'argent de 1774, frappés dans le Sud-Ouest.

Une équipe étudie les archives en suivant la progression de la fouille. Ainsi peut-on savoir qu'une des maisons fouillées s'appelait la Maison des sabots, qu'une autre était l'Enseigne du roi Louis XIII. Un grand bâtiment à piliers, qui montre trois états successifs de son sol, a été l'hôtel de Souvray... Toute une vie quotidienne d'un quartier du Paris ancien se reconstitue peu à peu.

Henri de Saint-Blanquat

Productique

Les grandes manœuvres

Deux grands noms de l'industrie française, le groupe Matra et la Régie Renault, ont décidé en avril de s'associer pour développer ensemble un secteur de pointe : la CFAO (conception et fabrication assistée par ordinateur), ce concept qui marque l'entrée de l'outil informatique dans l'atelier. On associe image graphique et ordinateur pour automatiser l'ensemble du processus de fabrication d'un produit : de sa conception au bureau d'études à sa fabrication à l'atelier par des machines à commande numérique associées à des robots. D'où l'avènement d'un nouveau concept : la productique, de la même manière qu'on parle de bureautique pour l'automatisation des tâches de gestion.

La modernisation et automatisation des entreprises

Cet « enjeu productique » reste un objectif prioritaire pour les pays industrialisés. Le nouveau ministère du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur, confié à Édith Cresson, achève la mise en place de l'ambitieux programme mobilisateur d'automatisation et de modernisation des entreprises initié par Jean-Pierre Chevènement et poursuivi par Laurent Fabius lors de son passage à l'Industrie. À terme, cette automatisation doit aboutir à l'installation de cellules et d'ateliers flexibles capables de s'adapter aux variations de la production et de traiter des pièces diversifiées. Un premier pas vers l'usine du futur...