– Video News, mensuel créé le 9 janvier 1981, disparaît en mars.

La perte des lecteurs

En revanche sont entrés dans le rouge le Monde, passé en un an de plus de 400 000 à 385 000 exemplaires ; le Matin de Paris, passé de 178 000 à 175 000 exemplaires ; la Croix, qui, malgré une opération de renouvellement notable, n'a pas vu ses efforts couronnés de succès, puisque le quotidien catholique a perdu quelque 1 000 exemplaires vendus. À ces difficultés de diffusion viennent se superposer des difficultés sensibles sur le terrain publicitaire, et donc des pertes de ressources importantes : la presse quotidienne parisienne se porte plutôt mal : le Matin de Paris, créé aux beaux jours de la progression électorale du PS en 1977, doit maintenant réclamer l'aide que l'État accorde aux quotidiens à faibles ressources publicitaires, puisque, en 1983, corollaire de sa baisse de diffusion, la publicité a représenté moins du quart de son chiffre d'affaires. Le Matin rejoint désormais Libération, l'Humanité, la Croix, et Présent dans le cercle des journaux aidés directement par l'État ; ils se partagent pour l'année 1984 la somme de 14,6 millions de F, correspondant à une ponction sur les ressources publicitaires de l'audiovisuel d'État.

Cette situation pour le moins inquiétante doit être complétée par les multiples difficultés de trésorerie que connaissent les quotidiens.

Au Monde, il ne s'est pas passé de mois sans que l'on connaisse des chiffres plus alarmants les uns que les autres sur les pertes du Journal, le nombre des licenciements ou de départs à la retraite prévus pour obtenir une indispensable compression de personnel. Les différents plans de redressement proposés par André Laurens, le directeur du quotidien, ont tous été fort mal accueillis, et, peu à peu, c'est l'autorité de celui-ci qui a été contestée. Cette situation dramatique s'est concrétisée fin novembre par une grève de deux jours des personnels administratifs, la démission en décembre du successeur de J. Fauvet et la candidature d'André Fontaine. L'année 1984 est marquée au Monde par une remise en cause de l'ensemble de la structure de sa société et en particulier du poids de la société des rédacteurs considérée par beaucoup comme source de paralysie.

Autre situation financière inquiétante, celle de France-Soir, qui avait enregistré quelque 40 millions de F de pertes en 1983, semblait parti pour un déficit au moins identique en 1984, et s'est trouvé dans l'incapacité de faire face aux dettes qu'il avait contractées, notamment pour ce qui concerne l'achat de papier destiné à l'impression du journal. À la suite d'une procédure judiciaire, le quotidien du groupe Hersant a été condamné fin août à payer ses dettes. En obtenant un échelonnement de celles-ci, il se retrouve en fait en sursis. Un sursis qui ne lui permettra cependant pas de faire l'économie d'un assainissement...

Du côté de la presse quotidienne de province, on connaît, certes de façon moins aiguë, des problèmes identiques. Pour un Ouest-France, qui a fêté l'été dernier son 40e anniversaire et s'affirme toujours comme le premier quotidien français (avec plus de 721 000 exemplaires vendus), pour un Télégramme de Brest ou un Sud-Ouest, qui ne cessent de progresser (ce dernier a fêté son 40e anniversaire en changeant sensiblement de formule le 17 septembre dernier), combien d'autres ont connu une stagnation de leurs ventes, voire une sensible récession ! Ce n'est donc pas du côté de la presse quotidienne qu'il faut chercher les meilleurs résultats.

La concurrence de la télévision

En revanche, la presse magazine se porte mieux. Des titres en sensible progression, des créations porteuses d'espoir pour les groupes de presse ont émaillé l'année 1984. Avec des nuances toutefois. Les magazines féminins dits de bas de gamme : 7 jours Madame, lancé par le groupe Filipacchi, ou Femme actuelle, lancé par le groupe qui avait déjà réussi le lancement de Prima (plus du million d'exemplaires vendus), ont réussi une percée remarquable. Magazine-Hebdo ou les Nouvelles (ex-littéraires) n'ont pas tenu leurs promesses, ce dernier, dirigé par Jean-Pierre Ramsay, ayant notamment dû cesser ses activités.