Avec le Pèlerin du cœur de P. Istrati, écrivain roumain ayant écrit en français, Gallimard commémore le centenaire de la naissance de l'auteur. L'autobiographie peut être aussi romancée : Un jeune Américain d'E. White (Mazarine), Actes impurs et Amadio mio (Gallimard) de l'Italien Pasolini (le festival d'automne 1984 présente une rétrospective Pasolini). Enfin, deux revenants, l'Anglais A. Sillitoé avec Nottinghamshire (Lattès) et J. Kérouac (États-Unis) avec Naggy Kassidy (Stock). L'Italien Cerenotti avec le Silence du corps (Albin Michel) nous livre une série de maximes et de pensées, genre différent de l'autobiographie mais qui s'y apparente néanmoins.

L'imaginaire

Certains romans échappent à la réalité quotidienne, créent une atmosphère singulière, hantée par l'irréel et la folie. Thème cher aux écrivains latino-américains avec le Jeu des décapitations du Cubain J.-L. Lima (Seuil), les Astronautes de la cosmoroute de l'Argentin Cortazar (Gallimard), les Îles nouvelles et autres histoires de la Chilienne M.-L. Bomba, et des œuvres plus anciennes, l'Aliéniste du Brésilien M. de Assis (Métaillé) et la Maison de carton du Péruvien M. Adan (Luneau-Ascot).

D'autres pays aussi aiment mêler réel et irréel : Dernières Nouvelles de l'Anglais A. Burgess (Acropole), Musique lointaine de l'Autrichien G. Jonke, le Roi et la Reine de l'Espagnol R. Sender (Seuil) et l'Assassinat d'une renoncule et autres nouvelles de l'Allemand A. Döblin (Presses universitaires de Grenoble). Calmann-Lévy réédite la Cellule de verre et publie la Sirène du golfe de P. Highsmith (États-Unis). Proche de ce monde de l'imaginaire, celui des fantasmes : Arcoelli de l'Italienne E. Morante (Gallimard) et les Inconsolés (A. Michel) de J. Purdy (États-Unis). Autre forme de fiction, l'anticipation, avec ses maîtres anglais, Wells dont Folio a presque réédité toute l'œuvre et G. Orwell dont Gallimard publie à nouveau 1984 (G. Orwell ou l'horreur de la politique de S. Leys, chez Herman). Le fantastique réapparaît aussi chez Laffont avec les Contes terrifiants (fin xviiie-début xixe s.), ainsi qu'avec la récente Histoire sans fin de M. Ende (RFA) [Stock] et Diabaili d'H. Burger, suisse (allemand) [Aire/ex Libris].

Œuvres satiriques

Elles sont peu nombreuses et de qualité : la Honte, deuxième roman de l'Indien S. Rushie (Stock), Vie et aventures de la trabauritz Béatrice d'après les témoignages de sa ménestrelle d'I. Morgner (RDA) [Éditions des Femmes], Strindberg et l'ordinateur du Suédois L. Gustafson (Presses de la Renaissance), les Mortes du Mexicain J. Ibagüengoitia, et deux livres anglais plus anciens, les Remèdes des désespérés de T. Hardy (Laffont) et M. Bugby fait peur aux oiseaux de I. L. Powys (J.-C. Godefroy). Et, enfin, Je t'absous Don Camillo de G. Guareschi (Seuil).

Roman juif

Il est multiple : en yiddish, en hébreu ou dans toute autre langue. Mais existera-t-il toujours ? Déjà, le roman israélien n'est plus le roman juif. Berg international découvre l'Histoire de ma vie (1792) du juif lithuanien S. Maïmon (Hors du ghetto-Emancipation des Juifs en Europe 1770-1880 de J. Katz chez Hachette). Laffont réédite Meir Ezofowicz de la Polonaise non juive, E. Orzeskova (xixe s.) sur la vie juive au ghetto. Stock publie Yoshe le fou de I.-J. Singer (frère du prix Nobel), écrit en yiddish et encore traduit de la version anglaise. De G. Scholem, Albin Michel édite De Berlin à Jérusalem. Signalons la récente Route d'Hein Harold (Albin Michel) de l'Israélien A. Kenan.

La condition de l'écrivain

L'écriture et même la littérature des autres ne laissent pas indifférents les romanciers. Selon l'Anglais J. Fowles, au lieu de faire des livres sur le monde extérieur, on écrit de plus en plus sur le problème d'être un écrivain. Aller jusqu'au bout de cette idée, c'est peut-être entrevoir la mort du roman traditionnel ou du roman tout court. Albin Michel publie d'E. Canetti la Conscience des mots, réflexion en partie sur des personnages aussi divers que Kafka, Confucius ou Hitler et considérations littéraires, et Mantissa, toujours chez Albin Michel, de J. Fowles, qui s'intéresse aux techniques romanesques actuelles et au rapport fiction-réalité au sein du roman. L'Autrichien G. Hoffmann, dans le Cheval de Balzac (Laffont), souligne l'isolement de l'artiste face au monde. La Différence a accepté de traduire, malgré sa très grande difficulté, un roman de 1900 d'H. James, la Source sacrée, analyse des rapports entre l'auteur et ses personnages.

Traductions

Remercions les traducteurs pour leur effort. Ils traduisent bien et ils traduisent une seconde fois pour améliorer la première version : nouvelle traduction de Au-dessous du volcan de M. Lowry (publication différée), le film de J. Huston sort ainsi que Trans Lowry (Lettres nouvelles). Saluons la naissance d'Atlas (Assises de traduction littéraire en Arles), qui organisera des rencontres entre divers spécialistes de la traduction, ainsi que des stages de traduction.