Le TGV fait mieux qu'attirer les foules : il gagne beaucoup d'argent. En 1982, n'assurant encore que 40 % de son programme de desserte, il a réalisé 650 millions de F de bénéfices d'exploitation. Et pour 1984, sa première année d'exploitation à plein, on attend un bénéfice de 700 millions de F, tous frais, amortissement et charges financières compris. Ce qui permettrait d'amortir le TGV pour la fin de la décennie.

Cauchemar

D'où, évidemment, la tentation de rééditer l'opération. Le président de la République a annoncé le lancement d'un TGV-Atlantique qui, vers 1989, mettrait Bordeaux à trois heures de Paris et Brest à quatre heures quinze. L'État accorde 2,5 milliards de F de subventions. Reste à trouver plus de 10 milliards pour financer le projet. On ignore encore où, quand et comment. La situation financière de la SNCF continue en effet de « hanter les nuits » de ses dirigeants, aux dires même du président André Chadeau. Le déficit atteint 6,1 milliards en 1982 (8 milliards attendus en 1983), l'endettement se monte à une fois et demie les recettes, c'est-à-dire à 69 milliards de F. Or, ni le changement de statut de la SNCF (devenue établissement public industriel le 1er janvier 1983), ni le nouveau cahier des charges (qui améliore tout de même ses relations avec l'État) ne se sont attaqués sur le fond à ce monstrueux problème. Les cheminots attendent une solution au moins partielle dans le contrat de plan pluriannuel qu'ils doivent signer à la fin de 1983.

Mais les principales mesures à prendre concernent la SNCF elle-même : amélioration de la productivité et redressement du trafic ! Les coups de baguette magique se font chiches, en cette période de rigueur.

Transports
La nouvelle « voile » le Moulin-à-vent

Le commandant Cousteau a présenté le 9 juin, sur l'étang de Berre, un navire expérimental à propulsion éolienne totalement révolutionnaire : le Moulin-à-vent, qui devait ensuite effectuer entre Tanger et Norfolk en octobre et en novembre une traversée de l'Atlantique nord destinée à prouver que le principe adopté était particulièrement valable et susceptible d'entraîner d'importantes économies d'énergie. La tentative a été écourtée, en raison de la tempête qui a endommagé le cylindre au large des Bermudes.

La coque du Moulin-à-vent est celle d'un catamaran, long de 22 m, reconverti en banc d'essais du nouveau système : un cylindre de section ovoïde (1,5 × 2,25 m), haut de 13,5 m et qui joue le rôle de voile ; en haut de ce cylindre, un ventilateur actionné par un moteur de faible puissance ; une fente est pratiquée sur une génératrice du cylindre, à travers laquelle se produit l'aspiration de l'air. Lorsque le cylindre (orientable) est frappé par le vent sous un bon angle, il est l'objet d'une force aérodynamique importante ; l'aspiration de l'air permet d'éviter le décollement des filets d'air, à condition que la fente soit correctement orientée ; un petit volet, orientable lui aussi, améliore encore l'écoulement.

Roger Alexandre

Services

Assurances

Des contrats automobiles plus équitables

Les assureurs traversent des années noires. Après les pertes d'exploitation enregistrées par près de la moitié des sociétés en 1981, la situation s'est à peine améliorée en 1982 et en 1983. Mais les difficultés proviennent principalement de la branche dommages — incendie, vol, automobile et catastrophes naturelles — alors que la branche vie connaît une bonne progression.

Toutes les branches dommages accusent, en effet, un déficit. Multiplication des sinistres et de la délinquance (un cambriolage toutes les deux minutes environ en France), une sous-évaluation fréquente, du moins chez les particuliers, des biens à indemniser en sont la cause. À cela s'ajoutent les méfaits de l'inflation, particulièrement forte en 1980 et 1981, qui a contribué à augmenter le coût des indemnisations et dont l'effet est durable : il est, en effet, fréquent que les remboursements n'interviennent que plusieurs mois après les sinistres.

Une innovation a contribué à accentuer le déficit : l'assurance catastrophes naturelles mise en place en août 1982, dans un esprit de solidarité. Alors que la garantie commence à peine à fonctionner, une accumulation exceptionnelle de calamités s'est abattue sur la France : inondations dans l'Est au printemps, orages et tempêtes dans le Sud-Ouest à la fin de l'été... La garantie se trouve donc en déséquilibre aussitôt créée. Résultat : dès le 1er octobre, la prime, qui s'ajoute obligatoirement aux assurances dommages contractées, passe de 5,5 % à 9 % pour les bâtiments.